Ce pauvre David n’en finit pas de faire des émules. Bien qu’âgé de plus de cinq siècles, son pénis n’a pas plu à l’entreprise responsable de la publicité dans les transports en commun de Glasgow. Cette dernière a exigé sa disparition d’affiches faisant la promotion de Barolo, un restaurant italien, sur lesquelles il apparaissait. Affirmant qu’“on ne fait pas plus italien” que leur cuisine (“It doesn’t get more Italian”), l’enseigne avait transformé la création de Michel-Ange pour qu’elle semble déguster une part de leurs pizzas.
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Utilisant l’un des plus célèbres (et Dieu sait qu’ils sont rares) nus masculins de l’histoire de l’art occidental comme symbole italien, le restaurant pensait convoquer un imaginaire mythique et artistique sans s’attirer de foudres puritaines. Après avoir tenté de recouvrir le sexe de la statue avec des drapeaux, l’équipe de communication de Barolo a reçu de nouvelles remontrances de la part de l’entreprise écossaise. “On nous a dit qu’ils n’étaient pas assez gros”, a expliqué Nadine Carmichael, en charge du marketing du restaurant, à la BBC.
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En dernier recours, le restaurant a fini par couper la statue au niveau de la taille, afin de calmer les ardeurs de ses opposant·e·s et pouvoir partager leurs affiches dans le métro de la capitale écossaise. Il y a quelques jours, Barolo a repartagé sa publicité (dans sa forme originelle) sur Instagram, légendant : “Il semblerait qu’on ait causé un peu de grabuge…”, tentant d’au moins surfer sur ce coup de pub inopportun.
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Cinq siècles après sa création et – on le rappelle – faite de marbre et pas de peau ni de poils, la statue n’en finit pas de susciter l’ire des esprits les plus conservateurs. En mars dernier, la directrice d’un établissement scolaire floridien se voyait obligée de démissionner après les plaintes de parents d’élèves, choqués que leur progéniture ait suivi une leçon sur l’art de la Renaissance montrant le David de Michel-Ange ou La Naissance de Vénus de Sandro Botticelli.
La Galleria dell’Accademia, musée florentin qui expose la statue, avait alors eu à cœur de remettre les points sur les i : “Penser que le David pourrait être pornographique signifie vraiment ne pas comprendre le contenu de la Bible, ne pas comprendre la culture occidentale et ne pas comprendre l’art de la Renaissance. […] Ceux qui sont dérangés ont un sérieux problème avec les racines de la culture occidentale. C’est justement la nudité qui est le symbole de sa pureté”, avait alors déclaré Cecilie Hollberg, directrice du musée, fustigeant “un puritanisme déplacé” émanant “d’ignorants” à “l’esprit tordu”. On ne rigole pas avec l’art ni avec la censure.