Témoignage d’une sugar baby : “Ça m’a ouvert beaucoup de portes”

Publié le par Lydia Morrish,

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Au Royaume-Uni, de plus en plus d’étudiantes fauchées se tournent vers des sugar daddies. Rachel a raconté son expérience à Konbini.

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Dans notre société hyperconnectée, le jeu de la séduction passe de plus en plus par des sites de rencontres et des applications pour choper. Aussi, ce n’est pas tellement surprenant que le nombre de sugar babies soit en augmentation. Les motivations de ces jeunes adultes en quête d’un sugar daddy (ou d’une sugar mama) – une personne riche qui lui achète des cadeaux et lui donne de l’argent – sont diverses : certains sont vraiment dans le besoin, d’autres veulent seulement se payer le luxe d’aller au prochain concert de Beyoncé. Quoi qu’il en soit, le daddy doit avoir du blé.

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Populaire aux États-Unis, ce phénomène s’est récemment développé au Royaume-Uni, où les étudiants ont du mal à joindre les deux bouts à cause des frais universitaires exorbitants et du coût de la vie. Cette semaine, le principal site de mise en relation entre sugar babies et sugar daddies a annoncé que plus de 250 000 étudiantes britanniques étaient inscrites sur sa plateforme. C’est 40 % de plus que l’année précédente. Ce genre de relation existe depuis les années 1920 ; c’est d’ailleurs à cette époque que les termes “sugar baby” et “sugar daddy” ont été inventés.

Sachant que le gouvernement conservateur de David Cameron a l’intention de supprimer certaines bourses pour les étudiants, la situation ne va certainement pas aller en s’améliorant. Si certains réclament plus d’aides publiques, les sugar babies, elles, vont chercher un soutien financier ailleurs. Mais pourquoi tant de jeunes femmes (les jeunes hommes sont moins nombreux) ont-elles recours à ce genre d’arrangement au Royaume-Uni ?

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Nous avons interrogé Rachel, une jeune femme de 22 ans qui étudie à l’Université de Leeds, dans le nord de l’Angleterre. Elle s’est inscrite sur une plateforme pour sugar babies il y a quatre ans. Ses 14 sugar daddies l’ont aidée à financer son année de master et à se créer un réseau. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, elle n’a jamais couché, avec aucun d’entre eux. Bien sûr, son histoire n’est qu’un exemple parmi d’autres et toutes les expériences sont différentes.

Konbini | Bonjour Rachel. Alors, comment es-tu devenue une sugar baby ?

Rachel | J’ai rencontré une fille lors de la fresher’s week [la semaine d’intégration des étudiants de première année] quand je suis entrée en licence. Elle m’a fait découvrir le site sur lequel elle était inscrite, elle m’a raconté les endroits qu’elle avait fréquentés, et j’ai trouvé l’idée très séduisante. Je me suis inscrite, puis j’ai commencé à recevoir des messages et à rencontrer des hommes.

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Que voulais-tu en tirer ?

Financer le master que je suis actuellement en train de faire.

Quel genre d’arrangement as-tu en ce moment ?

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Je touche de l’argent pour payer mon loyer et mes frais universitaires, et je reçois aussi des cadeaux quand je ne peux pas me permettre de me faire plaisir après avoir réglé les dépenses de première nécessité. Ça m’aide beaucoup. J’ai eu quatorze sugar daddies en quatre ans, et je suis en contact avec deux hommes en ce moment. J’ai des rancards, je sors dîner avec eux, je les accompagne à des évènements, et quand ils sont en ville pour leurs affaires, je les vois. C’est pour avoir de la compagnie en fait.

Cette expérience a-t-elle affecté ta personnalité ?

C’est extraordinaire ! Mon bilan est très positif : c’est vraiment une bonne chose pour l’estime de soi, je me fais des contacts, et je ne suis jamais seule. Comme je suis carriériste, ça me donne l’opportunité de me faire un réseau, je rencontre des gens que je n’aurais peut-être pas rencontré sans cela. Ça m’a ouvert beaucoup de portes. Je me sens plus épanouie.

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En quoi c’est épanouissant ?

Je trouve que j’ai plus confiance en moi et c’est bien de discuter avec des hommes intelligents qui ont réussi. C’est très inspirant en un sens. Beaucoup d’entre eux étaient des étudiants normaux comme moi et ils se sont retrouvés à des postes très, très prestigieux.

As-tu l’impression parfois d’être redevable ?

Je n’ai jamais eu ce sentiment.

Tes parents sont au courant ?

Non. Parce que je ne leur raconte pas ce genre de choses, sauf si c’est sérieux. Si je rencontre un mec et qu’on n’est pas dans une relation, je ne leur en fais pas part.

Pourquoi y a-t-il de plus en plus de sugar babies au Royaume-Uni selon toi ?

C’est probablement parce que les frais universitaires pour les masters sont exorbitants, et que c’est impossible d’en payer un en étant si jeune. J’avais un boulot à temps partiel avant, et ça ne collait pas avec mes études. Je ne viens pas d’une famille très riche, mes parents ont un revenu moyen. Et puis, il y a une sorte de bouche à oreille positif, les gens en disent du bien. Et la curiosité y est sûrement aussi pour quelque chose.

Que penses-tu des gens qui disent que les sugar babies sont juste intéressées par l’argent ?

Je pense que les gens sont un peu étroits d’esprit et émettent un jugement sans vraiment savoir de quoi ils parlent.

Les médias véhiculent souvent une image négative de la relation entre le sugar daddy et la sugar baby. Pour la plupart d’entre eux, cela implique des rapports sexuels. Qu’en penses-tu ?

Le site dit clairement que le sexe n’est pas acceptable, c’est tout ce que j’ai à dire. Si les gens enfreignent les règles, c’est de leur faute.

As-tu déjà franchi la ligne ?

Absolument pas.

Penses-tu que les sugar daddies sont des personnes isolées ?

Eh bien, la compagnie est un argument qui revient souvent, ils veulent dîner avec quelqu’un, un ami. Avoir de la compagnie. Et je pense que je suis plutôt de bonne compagnie.

Selon toi, pourquoi les hommes cherchent-ils des sugar babies via des plateformes Web ?

Ces hommes sont occupés, ils n’ont pas le temps. Et puis, ils n’évoluent pas dans les mêmes cercles que les sugar babies.

(via Tumblr)

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois