Le taux de fertilité mondial a été divisé par deux depuis 1950

Publié le par Thibault Prévost,

A sperm cell entering an ovum. A bright light is emitting from within the ovum. Symbolizing fertilization.

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Un spermatozoïde qui entre dans un ovule. (© Getty)

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L’espèce humaine produit en moyenne deux fois mois d’enfants qu’au milieu du XXe siècle. Révélée le 10 novembre dernier dans la revue scientifique en ligne The Lancet, cette information vertigineuse est le fruit d’une gigantesque étude statistique qui s’est intéressée à l’évolution des taux de fertilité de 195 pays entre 1950 et 2017, soit un corpus de 1 500 sondages et près de 8 000 rapports statistiques annuels. En 1950, une femme avait en moyenne 4,5 enfants. En 2017, la moyenne est tombée à 2,4, soit 49,4 % de diminution. Une “grosse surprise” pour les chercheurs, interrogés par la BBC. Malgré cela, rappellent les chercheurs, la population mondiale a presque triplé (+197,2 %) depuis 1950, passant de 2,6 à 7,6 milliards d’individus.

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Première conclusion de l’étude : si la fertilité a fortement décliné dans le monde, ce déclin est loin d’être homogène. De fait, d’immenses inégalités de fertilité subsistent selon les pays et les régions du monde. En 2017, l’Afrique sub-saharienne connaissait un taux de croissance de la population de 2,7 %, l’un des plus hauts depuis 1950 ; le Niger (7,1 enfants par femme), le Chad (6,7) et la Somalie (6,1) sont les pays à la fécondité la plus élevée du monde. À l’inverse, l’Asie du Sud-Est et l’Océanie présentent les taux de fertilité les plus bas (avec Chypre, étrangement) avec 1 à 1,2 enfant par femme.

Pour rappel, lorsque le taux de fertilité (qui diffère du taux de natalité) d’un pays descend sous 2,1 enfants par femme et qu’aucune politique migratoire n’est mise en place pour y remédier, la population totale du pays est vouée à diminuer. En 1950, précise l’étude, aucun pays au monde n’était dans cette situation. Entre 2010 et 2017, écrit l’étude, 33 pays connaissent des croissances de population négative. la plupart d’entre eux sont situés en Europe de l’ouest, Europe centrale et Europe de l’est. À l’inverse, 33 des 46 pays d’Afrique sub-saharienne connaissent une croissance de population d’au moins 2 %.

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Moins d’enfants ? Bonne nouvelle !

La fécondité mondiale a donc été globalement divisée par deux. Doit-on considérer ça comme une mauvaise nouvelle pour l’avenir de l’espèce et craindre de voir l’homo sapiens disparaître petit à petit dans les décennies à venir ? Non, absolument pas. En fait, écrivent les auteurs de l’étude, cette évolution de la fécondité est une excellente nouvelle. Historiquement, des taux de natalité élevés sont liés à une mortalité infantile également élevée, raison pour laquelle en Occident, on fait généralement moins d’enfants qu’ailleurs – ils vivent, et de plus en plus longtemps. Aujourd’hui, la tendance s’est étendue à la moitié des pays du globe.

D’autre part, un taux de fécondité moins élevé s’explique par une plus grande disponibilité des moyens de contraception (entre 1990 et 2015, selon l’Organisation mondiale de la santé, le taux d’usage des contraceptifs est passé de 54 % à 57, 4 %) et une présence plus forte des femmes dans le marché du travail… du moins en Occident. Car selon les données de l’OMS, le pourcentage de femmes dans le marché du travail mondial a légèrement décru, passant au-dessous des 50 %. Une baisse du taux de fertilité est donc généralement une bonne nouvelle pour l’état du monde, même si d’énormes inégalités persistent entre ses différentes régions.

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L’immigration à la rescousse

Une grosse moitié du monde a décidé de réduire sérieusement sa production d’enfants, et c’est tant mieux, donc. Pour autant, ne sous-estimons par l’impact d’une telle révolution démographique dans les décennies à venir : l’inversion de la pyramide des âges qui se profile, résultat d’une croissance démographique ralentie et d’un prolongement de l’espérance de vie dans les démocraties occidentales, pose une réelle menace pour l’équilibre de notre système social. Difficile, en effet, de faire financer les retraites d’une majorité de citoyens âgés par une minorité de salariés, le calcul ne fonctionnera pas.

Pour les experts interrogés par la BBC, les États concernés par cette tendance devront réagir, en adoptant une politique migratoire volontariste ou en essayant d’encourager la natalité. Confrontée à une démographie dangereusement basse, l’Allemagne a fait les deux, et les résultats sont là : en février 2018, le pays renouait avec une démographie dans la moyenne européenne (1,59 enfant par femme, du jamais vu depuis 1973). Un résultat largement porté par l’immigration, le nombre d’enfants nés de mère étrangère étant en croissance de 25 % par rapport à l’année précédente. Un avant-goût des dynamiques démographiques de demain, si la tendance se confirme.

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