“Comment autorise-t-on le fait qu’un génocide ait lieu à l’ère des réseaux sociaux ? Et pourquoi nous, en tant que communauté internationale ayant fait le vœu de ne jamais répéter l’Histoire, acceptons-nous de rester silencieux par peur ?” Voici ce qu’on peut lire sur le compte Instagram de l’artiste Kehlani – une des artistes ayant pris la parole sur ses réseaux pour apporter son soutien aux victimes palestiniennes – citant l’autrice Céline Semaan Vernon.
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On pourrait arguer qu’on se fiche un peu de ce que pense Kehlani, et que l’important réside plutôt dans le fait de tourner son regard et son intérêt vers la zone concernée – et on n’aurait pas tort. Cependant, la chanteuse souligne un point important dans son partage : les événements actuels ont lieu “à l’ère des réseaux sociaux”, à une époque où notre connaissance du monde ne dépend plus uniquement de 30 minutes de relais d’infos transmises par trois chaînes de télévision ou de quelques dizaines de journalistes passé·e·s par les mêmes écoles parisiennes.
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Qu’on le veuille ou non, nos esprits critiques et nos compréhensions sociales sont influencés par les heures d’images avalées en continu et partagées, en partie, par des personnalités qui ne sont pas toujours passées par des études de géopolitique. Mais la quantité a parfois du bon, et multiplier les sources d’information et écouter la parole des concerné·e·s et de celles et ceux qui s’engagent est une nécessité.
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Une catastrophe humanitaire
Face à l’idée couramment relayée que la colonisation israélienne est un sujet complexe et polarisant, rares sont les voix célèbres à partager leur soutien à la libération palestinienne et notamment gazaouie, coupée d’eau, d’électricité et de carburant : “Si de l’aide n’y entre pas, les médecins n’auront plus qu’à ‘préparer les certificats de décès'”, rapporte Le Monde, citant Ahmed Al-Mandhari, directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Méditerranée orientale. Nombreuses avaient été les personnalités à partager des drapeaux israéliens au lendemain de l’attaque du Hamas du samedi 7 octobre. On parle actuellement de 1 300 décès côté israélien et 2 329 décès en Palestine, rapporte The Hindu. France Culture ajoute que “l’armée israélienne continue de bombarder l’enclave palestinienne. Elle a donné ordre d’évacuer Gaza. Des milliers d’habitants sont en train de fuir vers le sud”.
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Une des rares voix à se faire entendre est celle de Kehlani. En plus de partager des informations concernant la situation (actuelle et passée) en Palestine, l’artiste souligne les conséquences de ce genre de prises de position : “S’élever contre l’oppression n’est pas la chose la plus populaire à faire. C’est prendre un risque, pour soi et pour sa carrière, on devient une cible. Quand vous décidez de rester silencieux, tout en voyant vos pairs résister à l’occupation, vous nourrissez cette oppression. C’est votre silence qui fait des courageux des cibles, votre silence est une forme de lâcheté. Quand on se penche sur l’Histoire, sur n’importe lequel des nombreux génocides qui ont eu lieu, on se demande : ‘Comment on a pu laisser faire ça ?’ On se dit souvent que [nos ancêtres] ne devaient pas être au courant. Eh bien maintenant, le monde entier est au courant. La guerre, c’est du terrorisme et cela doit s’arrêter maintenant”.
“Écoutez les gens qui ont des proches là-bas, qui sont là-bas”
Celle qui affirme avoir vu le nombre de ses abonné·e·s diminuer depuis ses publications sur le sujet poursuit sa lutte en trois dimensions. Elle participait ce week-end à un rassemblement pour la Palestine à Los Angeles, arguant ne pas penser “la situation comme compliquée” : “Écoutez les gens qui ont des proches là-bas, qui sont là-bas, j’aimerais que ceux qui me suivent, que mes pairs soient du bon côté de l’Histoire. Je veux qu’ils prennent une décision qui les dépasse, une décision qui ne soit pas égoïste, une décision évidente. J’espère qu’ils prendront la bonne décision. Je vais le répéter encore et encore, ce n’est pas une décision si compliquée à prendre.”
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Selon Revolt, la chanteuse a également répondu en vidéo aux personnes lui ayant conseillé de se taire pour protéger sa carrière : “Vous vous entendez ? Est-ce que vous vous êtes regardés dans un miroir pour vous demander si vous étiez quelqu’un de décent ?”
Des conséquences professionnelles
Plusieurs personnalités ont effectivement rapporté avoir perdu des contrats après avoir exprimé leur soutien au peuple palestinien. Mia Khalifa s’est fait virer de sa collaboration avec une marque de champignons hallucinogènes sur Twitter après des tweets où elle demandait aux “combattants pour la liberté” de “filmer horizontalement” afin que soit documentée la libération “de l’apartheid”. “D’abord et avant toute chose, nos cœurs vont aux victimes innocentes, leurs familles et tout [l’État d’Israël]. Aux victimes du monde entier. […] Nous devons tous être extrêmement attentifs à la grande haine qui existe à l’égard du peuple juif”, a rédigé le PDG de l’entreprise dans le communiqué de presse mettant fin à sa collaboration avec Mia Khalifa.
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Cette dernière aurait également vu ses droits sur ses vidéos PornHub gelés et donnés à l’État d’Israël, et sa collaboration avec Playboy terminée. En août 2022, Bella Hadid rapportait quant à elle au micro du podcast The Rep avoir “perdu des amis” et s’être “fait lâcher par des entreprises qui ne voulaient plus travailler avec [elle] après ses prises de position pour la liberté palestinienne”. À noter que les célébrités mentionnées ont toutes souligné leur solidarité avec les civil·e·s de toute origine, religion et nationalité et ont fermement condamné l’antisémitisme.