The Strokes ont redéfini (et sauvé) le rock : la preuve en 10 morceaux incontournables

Publié le par Camille Deutschmann,

En attendant le nouvel album, retour sur la carrière du groupe qui a sauvé le rock au début des années 2000.

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Nos parents avaient les Velvet Underground, on a les Strokes : c’est aussi simple que ça. La voix éraillée de Julian Casablancas, les guitares tantôt cadencées tantôt plus anarchiques de Nick Valensi et Albert Hammond Jr., la basse débordante de Nikolai Fraiture, la batterie de l’infatigable Fabrizio Moretti, les productions volontairement laissées un peu crades : tout un programme dont on tombait sous le charme en 2001 avec Is This It, premier album studio du groupe new-yorkais.

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Véritable analogie de la “Venus in Furs”, la pochette en noir et blanc annonce la couleur. Ce corps nu et sensuel, cette main qui porte un gant de cuir, et ce nom, The Strokes, tout en contradiction car évoquant à la fois le coup et la caresse. Et de coup, on s’en prend un en ce début des années 2000 : le groupe remet en selle le rock – dans la foulée des White Stripes et aux côtés des Libertines –, qui somnolait un peu depuis la sortie d’OK Computer de Radiohead en 1997.

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Le paysage musical comprend désormais Julian Casablancas, un gosse de riches (on aurait pu lui reprocher, mais il a prouvé assez rapidement à coups de bombes musicales qu’il ne fallait pas lui en tenir rigueur) qui arrête ses études pour se lancer dans la musique après avoir rencontré ceux qui deviendront les membres du groupe. The Strokes voient le jour en 1998, deviennent incontournables en 2001 et continuent de nous affoler en 2019, où ils repartent en tournée et laissent présager un nouvel album.

Pour patienter, retour en musique sur la formation new-yorkaise qui a donné un nouveau souffle à l’indie et ouvert la porte à tous nos groupes et musiciens préférés (on pense à Alex Turner des Arctic Monkeys, Alex Kapranos de Franz Ferdinand et Justin Young des Vaccines, pour ne citer qu’eux) : d’Is This It à Future Present Past, on a sélectionné (difficilement) dix morceaux des Strokes qui méritent de figurer au panthéon du rock – la poussière en moins.

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1/ “The Modern Age”

Boum. C’est en entendant ce morceau que Geoff Travis a eu un coup de foudre pour les Strokes avant nous tous. Le fondateur de Rough Trade Records n’aura eu besoin que de la première moitié du premier titre qu’il entend pour décider de le publier sur un EP (sur lequel on trouve aussi l’incontournable “Last Nite“) en 2001 et lancer la carrière de ceux que NME appelle déjà “les sauveurs du rock”.

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2/ “Hard to Explain”

Avec la sortie de ce single, extrait avec “Last Nite” et le non moins incontournable “Someday” pour promouvoir Is This It, The Strokes transforment l’essai et entament une tournée britannique. La face B du titre, “New York City Cops“, divise cependant : au lendemain des attentats du 11 septembre, les lyrics (“New York City cops, they ain’t too smart“) vaudront au titre d’être remplacé par “When It Started” sur la version américaine.

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3/ “Reptilia”

“Please don’t slow me down if I’m going too fast” : en effet, tout s’enchaîne très vite pour les Strokes, qui sortent déjà en 2003 un second album, Room on Fire. Si certains regrettent de ne pas y trouver la “grâce spontanée” qu’offrait le premier, “Reptilia” casse tout et figure encore parmi les morceaux les plus connus et retentissants du groupe.

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4/ “The End Has No End”

Autre single qui promeut l’album, en plus de “12:51“, la rengaine inspirée “The End Has No End” est bombardée sur les radios. Toujours depuis ce qu’on pourrait prendre pour un interphone – véritable marque de fabrique du groupe –, la voix implorante de Julian Casablancas accompagne une instru électropop, qui laisse la place à un solo de guitare puis un bref pétage de plombs à 1:30. Classique.

5/ “You Only Live Once”

Le titre qui ouvre le troisième album des Strokes, First Impressions of Earth, sorti en 2005, est aussi le plus marquant d’un projet que certains considèrent comme charnière dans la carrière du groupe. Ça y est, Julian Casablancas et sa formation sont mondialement reconnus et explosent les classements des meilleures ventes.

Pour faire la promotion de ce premier single, le groupe demande à ses fans de le poster sur leurs pages MySpace afin que sa diffusion se fasse grâce au bouche-à-oreille. Quant au clip, il est tourné dans une pièce cubique qui se remplit de goudron de tabac alors que les Strokes jouent, finissant presque par les noyer et symbolisant l’addiction. Mais on ne vit qu’une fois !

Viendra également à l’esprit des aficionados de Julian Casablancas la version démo du morceau, “I’ll Try Anything Once“, flegmatique ode à la vie. Le titre apparaît dans la BO du Somewhere de Sofia Coppola – ce qui confirme les atomes crochus qu’a le chanteur avec la famille Coppola, Roman ayant réalisé plusieurs clips pour les Strokes (ceux de “Hard to Explain”, “Last Nite”, Someday” et “12:51”).

6/ “Heart in a Cage”

S’il y a bien un titre qui assoit l’envergure de Julian Casablancas en tant que chanteur, c’est “Heart in a Cage”. Plus encore que les autres morceaux de ce troisième album, le titre rappelle un certain Iggy Pop, et notamment son emblématique “The Passenger“. Dans le même genre, le single très rythmé “Juicebox” évoque même des groupes punk comme les Misfits, cristallisant l’importance de cet album à la croisée des genres et sur lequel le groupe est au sommet de son art, en figure de proue de son propre mouvement, net et volcanique.

7/ “Games”

Après une pause plus longue que celles auxquelles ils nous avaient habitués – et pendant laquelle chacun se lance dans des projets solos, notamment Albert Hammond Jr., aujourd’hui connu pour sa carrière personnelle, et Casablancas, qui sort un album (voir plus bas) –, les Strokes sortent en 2011 Angles. Si certains titres retournent aux sources, le très électro“Games”, avec ses synthétiseurs, est une grande nouveauté, inspirée sans doute de la new wave du début des années 1980 (on pense à New Order ou encore à l’album limite funky des Talking Heads Speaking in Tongues).

8/ “Under Cover of Darkness”

L’autre pendant du très panaché Angles, ce sont ces morceaux garage rock qui retournent aux racines des Strokes et dont “Under Cover of Darkness” est le meilleur exemple, avec “Taken for a Fool (dont le clip est résolument psyché) et “Life Is Simple in the Moonlight“. Utilisé pour promouvoir l’album, premier titre sorti après six ans d’attente, il fait partie des trois singles les plus reconnus du groupe.

9/ “One Way Trigger”

Avec Comedown Machine, l’humeur est à la nostalgie. Le dernier album en date des Strokes reçoit un accueil mitigé, et les avis sont tranchés. Si certains le trouvent très bon et plus spéculatif, d’autres y voient un projet “poubelle” qui rassemble des bribes de vieux morceaux avortés, le label RCA ayant forcé la sortie afin que les Strokes respectent l’engagement spécifié par leur contrat – le design de la pochette allant dans le sens de cette théorie.

En janvier 2013, le premier extrait sort sur le site du groupe : “One Way Trigger” fait la part belle à la voix haut perchée de Julian Casablancas. Un mois plus tard sort le clip du titre “All the Time“, qui revient sur des moments de la carrière du groupe, entre images de concerts, archives inédites et extraits de clips phares. Nostalgie, encore.

10/ “Call it Fate, Call it Karma”

C’est l’ovni de la discographie des Strokes : “Call it Fate, Call it Karma” clôt le dernier album du groupe, comme une poésie délicate et, surtout, à la sonorité résolument rétro. Entre spleen enchanteur et instru dépaysante, le titre laisse apparaître d’autres horizons musicaux et conclut en légèreté le projet de ce groupe qui prouve, et c’est assez rare pour être souligné, qu’on peut se réinventer sans jamais trahir ses débuts.

Bonus : “Threat of Joy”

Future Present Past, le dernier projet en date des Strokes (un EP surprise de quatre titres), sort en 2016. Trois ans après Comedown Machine, ils sortent un clip à l’ancienne, réalisé par Warren Fu, pour accompagner le morceau phare de leur projet, “Threat of Joy”. Si le clip est marquant car porteur d’un message engagé et esthétiquement fort, l’EP a des airs d’amuse-bouche et laisse avide de plus.

***

Depuis 2017, on n’avait pas trop de nouvelles du groupe. Jusqu’à cette année 2019, où le nom des Strokes commence à apparaître au compte-gouttes sur les line-up de festivals européens : la formation sera au Bilbao BBK Live Festival en Espagne du 11 au 13 juillet, au All Points East de Londres le 25 mai, ou encore et surtout au Lollapalooza de Paris les 20 et 21 juillet. Le 13 mai, la nouvelle que tout le monde attendait tombe : The Strokes interprètent un nouveau titre en live lors d’un concert à Los Angeles, confirmant la rumeur d’un nouvel album pour 2019.

Presque vingt ans plus tard, à l’aube de ce sixième EP, voilà où nous en sommes : cinq albums de sortis, plus ou moins appréciés, plus ou moins aventureux. Des titres, des clips et des personnages qui ont posé une esthétique en noir et blanc, un son cru, sale et méticuleux à la fois, incontournable désormais. Des tas de groupes qui ont vu le jour dans le sillage du leur, un nouveau souffle qui aura marqué les années 2000 : qu’on ne dise plus que le rock est mort.