En 2014, alors que Steven Soderbergh était à la “retraite” et ne désirait plus réaliser de long-métrage, ce dernier s’amusait pourtant à traficoter des images et mettait en ligne un hommage pas vraiment comme les autres à Steven Spielberg, sous forme d’expérience cinématographique qui vise à étudier la mise en scène du mythique premier volet de la saga Indiana Jones : Les Aventuriers de l’arche perdue. La vidéo est à visionner sur le site Internet du réalisateur.
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Pour cela, il a passé le film en noir et blanc et a supprimé les dialogues. Le but ? Voir si dans ces conditions, l’intrigue du film est toujours compréhensible pour le spectateur. Le réalisateur de Sexe, mensonges et vidéo expliquait alors dans un texte sa démarche sur son site Extension765, dont quelques extraits ont été traduits par Première :
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“J’admire la capacité à agencer parfaitement les choses, parce que lorsque c’est bien fait, les plaisirs sont intenses, et la plupart des gens ne le font pas bien, ce qui prouve que ce ne doit pas être facile à maîtriser (le nombre d’opportunités de rater quelque chose dans une séquence ou un ensemble de scènes est proprement effrayant. Le champ de mine est PARTOUT. David Fincher a dit un jour : il y a potentiellement cent manières différentes de filmer quelque chose mais au bout du compte, il n’y en a réellement que deux, et l’une d’entre elles est mauvaise).
Bien sûr la compréhension de l’histoire, les personnages et la performance des acteurs sont des éléments cruciaux pour une bonne mise en scène, mais je me plie à la théorie selon laquelle un film doit fonctionner avec le son coupé, et selon cette théorie, l’agencement devient primordial. […]
Donc je voudrais que vous regardiez ce film et réfléchissiez à son agencement, à comment les plans sont construits et disposés, quelles en sont les règles de mouvement et les styles de coupe. Voyez si vous pouvez reproduire le processus de pensée dont résultent ces choix, en vous demandant : pourquoi chaque plan – qu’il soit long ou court – dure précisément ce temps et est placé à cet endroit ? Ça a l’air marrant, hein ? En fait, ça l’est. Pour moi.
Oh, et j’ai retiré tous les sons et couleurs du film, hormis une bande-son conçue pour vous aider dans votre analyse du pur agencement visuel.
Force est de constater que cette version d’Indiana Jones souligne la beauté de l’image. En privant le film de couleurs et de dialogue, le réalisateur fait ressortir la lumière, la composition des plans, et l’expressivité des acteurs d’une façon admirable.
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À noter que la nouvelle – excellente – BO est signée Trent Reznor et Atticus Ross. Elle est en grande partie extraite des bandes originales de The Social Network et Millenium, deux films de David Fincher.
Article écrit le 25 septembre 2014, mis à jour le 2 juillet 2018.