Ils ont vu Star Wars VII en famille, ils nous racontent

Publié le par Chris Beney,

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Adultes en 1977, ils ont vu La Guerre des étoiles au cinéma et, 22 ans plus tard, ont entamé la nouvelle trilogie en salles, cette fois avec leurs enfants. Aujourd’hui, ils accompagnent leur fil et petit-fils voir le nouveau Star Wars.

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“On a vendu tous les jouets Star Wars que nos fils avaient laissés de côté en grandissant, lors d’un vide-grenier il y a une dizaine d’années. Si on avait su qu’ils intéresseraient notre petit-fils aujourd’hui…” Catherine, la soixantaine fringante, attend l’ouverture des portes de l’UGC Ciné Cité Paris 19 en compagnie de Loïc, son mari.

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Le couple n’est pas seul. Plusieurs dizaines de personnes patientent déjà à leurs côtés. Il est 9h30, nous sommes dimanche, et sans préjuger de la fréquentation habituelle de ce cinéma, on suppose qu’il connaît là une affluence record, bien anticipée : trois séances de Star Wars VII sont programmées entre 9h50 et 10h15.

Trois générations unies par Star Wars

Dans les rangs, de nombreuses familles piaffent. C’est le cas de Catherine et Loïc, rejoints par leur aîné, Erwan, la trentaine – le pauvre garçon privé de jouets avec l’âge, c’est lui – et sa compagne Emilie, eux-mêmes précédés d’un petit gaillard en trottinette, âgé de cinq ans (“et demi” précise-t-il). C’est Joseph, leur fils et donc le petit-fils de Catherine et Loïc. Trois générations unies par la saga.

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Il y a quelques semaines, quand Joseph remplissait le calendrier de décembre de sa grande section de maternelle, et que sa maîtresse avait demandé ce qu’il y avait d’important à la fin du mois, il avait répondu : “Star Wars 7 !” C’est dire si la découverte de ce film ressemble à un Noël en avance. Le garçon est debout depuis 6 heures du matin, à la grande joie d’Erwan et Emilie, on s’en doute, comme si on était le 25 décembre et que les cadeaux ne pouvaient attendre.

A lire -> Pourquoi Star Wars émerveille tant les enfants (même ceux qui ne l’ont pas vu)

Le petit Joseph a de qui tenir. Il appartient à une lignée de grands amateurs de la saga de George Lucas. Il s’apprête à découvrir Le Réveil de la Force, son premier Star Wars au cinéma, comme son père avant lui a découvert La Menace fantôme accompagné de ses parents, qui eux-mêmes étaient dans la salle en 1977 pour découvrir ce qui s’intitulait alors La Guerre des étoiles. En VO c’est sûr, dans un cinéma de la place de Clichy mais lequel ?

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Catherine et Loïc ne sont plus sûrs de l’endroit où ils ont vu l’Episode 4, mais ils n’ont jamais oublié la forte impression laissée par le film.

C’était inédit. On ne pouvait pas se douter qu’il s’était passé tant de choses il y a si longtemps, dans une galaxie très lointaine, plaisante Loïc. Et ce générique à plat, qui défilait vers le fond de l’écran, avec cette musique !

“On ne savait pas grand-chose du film, mais la musique d’ouverture passait souvent à la radio, bien avant la sortie en salles”, ajoute Catherine.

A l’époque, son mari et elle ont 24 ans. Ils voient le reste de la première trilogie au cinéma, puis la montrent en VHS à Erwan et son frère Arthur. “Petit, il m’arrivait de regarder les trois épisodes sur un week-end”, signale Erwan qui reverra en salles l’Episode IV lors de sa ressortie, évidemment accompagné de ses parents, puisque Star Wars est une histoire de famille.

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“La mort de Dark Vador, c’est comme si je lui avais annoncé que le Père Noël n’existait pas”

L’apprentissage de Joseph, lui, commence par le DVD, pas celui d’un film, mais de la série animée Clone Wars, sur lequel il tombe “par hasard” (c’est son père qui le dit). Puis vient Star Wars Rebels, autre série animée, et les films, qu’il préfère de loin à tout le reste.

Il les a tous vus, sauf La Revanche des Sith, trop sombre, et la deuxième moitié de L’Empire contre-attaque. Il sait que Luke s’y fait couper la main et que Han Solo finit congelé, et il a peur de voir ça, raconte Erwan.

Quand Joseph a un copain à la maison et qu’ils regardent l’un des films, ils sont debout dans la pièce, à rejouer dans le salon ce qui est à l’écran. On se croirait à une séance festive du Rocky Horror Picture Show ! La seule chose délicate concernant Star Wars, c’est le jour où j’ai dû le préparer au fait qu’Anakin allait devenir Dark Vador. J’ai vu sa désillusion. C’était comme si je venais de lui annoncer que le Père Noël n’existait pas.

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Une fois entré dans la salle, Joseph, sage comme une image, ne laisse rien paraître de son excitation. Tout juste s’inquiète-t-il de la personne qui pourrait s’asseoir devant lui et lui boucher la vue. La plus préoccupée, c’est finalement Catherine.

J’ai entendu dire qu’un personnage important de la première trilogie mourait dans cet épisode, explique-t-elle. Je pense que c’est Luke. Je lui préfère Han Solo. Luke est trop sérieux, trop impliqué dans sa mission. Alors que Han… J’étais amoureuse de lui à l’époque.

Apparemment, cet épisode est une sorte de retour aux sources. Tant mieux. Je n’ai pas beaucoup aimé la deuxième trilogie. Et alors cette espèce de grand canard de Jar Jar qui disait n’importe quoi… Le héros du premier épisode est un enfant, mais ça ne justifie pas le fait que le film s’adresse uniquement aux enfants. Dans le Star Wars de 1977, Luke n’était qu’un ado et ça n’empêchait pas le film d’être très adulte.

Un épisode VII en demi-teinte, pour cette famille

Quand les lumières s’éteignent, pas de compte-à-rebours sur fond d’espace intersidéral comme aux premières séances du mercredi de la sortie. On entre directement dans le vif du sujet. Le jingle de la 20th Century Fox n’est plus là, mais le message en préambule (“Il y a longtemps…”) et ce titre qui nous saute au visage, avec sa fameuse musique, sont bien au rendez-vous. Une onde de satisfaction se propage dans le public.

[Attention, mieux vaut avoir vu le film avant de lire ce qui suit]

Deux heures et quinze minutes plus tard, quand les lumières se rallument et que le générique de fin défile encore à l’écran, Catherine a l’air contente, mais pas au anges. Et si vous avez vu le film, vous avez bien une idée de ce qui lui a mis un coup au moral…

Loïc et Erwan sont satisfaits, mesurés surtout. Ils ont apprécié le spectacle, tout comme Emilie, mais trouvent ce Réveil de la Force trop proche de l’Episode IV dans son déroulement, et n’aiment pas l’impression de déjà-vu que leur laisse le film. “J.J. Abrams reste trop prudent, il ne prend pas de gros risques. Il a toujours cette part de show runner en lui, comme s’il se contentait d’amorcer un récit, plutôt que de tenter de faire un grand film”, regrette Erwan.

Catherine ne veut pas se laisser refroidir. “Je suis bon public en général, concède-t-elle, trop modeste (quand elle évoque le cinéma des années 70, elle ne parle pas seulement de Star Wars, mais de Soldat bleu, pas le plus connu des westerns alors qu’il est l’un des plus remarquables). Mais ça aurait pu être un retour tellement raté…”

Elle vient d’offrir une figurine de Yoda à Joseph, que ce dernier veille à ne pas lâcher, très attentive à ce que son petit-fils ait bien tout ce qu’il faut concernant la saga. L’enfant regarde Yoda, l’air songeur. “Lui, ça l’a marqué. Il est encore sur la planète Jakku, fait remarquer Loïc, qui maîtrise tous les noms propres de la saga (quand les personnages de l’Episode 7 ont été annoncés, il a fait des recherches sur Internet afin de pouvoir les présenter à son petit-fils).

Joseph reprend sa trottinette, suivi de près par sa famille. Le petit garçon le dira plus tard à son père : Kylo Ren, Poe Dameron et Finn viennent d’entrer dans son top 5 des personnages de la saga (Luke reste premier). On se dirige vers le RER, on parle du film et de l’état de forme des acteurs venus de la première trilogie, on signale que Han Solo vieillit mieux que Leïa, on échafaude des hypothèses sur les origines de Rey, la nouvelle héroïne.

Demain, Catherine et Loïc iront revoir Le Réveil de la Force, en VO et en 3D cette fois. Ils avaient réservé pour cette séance avant qu’une date ne soit arrêtée pour le grand rendez-vous familial et dominical. Autant en profiter. “Je vais y aller en habit de deuil, annonce Catherine. Et déposer une gerbe de fleur !” Elle plaisante, mais on sent bien une pointe de tristesse. Alors si vous trouvez des chrysanthèmes devant l’UGC Normandie, sur les Champs-Elysées, laissez-les à leur place.