Solidays, prévu du 18 au 20 juin, est le premier grand festival français de musiques actuelles à renoncer de nouveau cette année en raison de la crise sanitaire : faut-il craindre une nouvelle saison blanche ?
La décision de Solidays s’ajoute aux premiers mauvais signaux venus de l’étranger, avec les annulations des grands rendez-vous Glastonbury en Angleterre et Coachella aux États-Unis.
“C’est une décision difficile, mais c’est notre responsabilité de la prendre”, détaille à l’AFP Luc Barruet, patron de Solidays, événement qui avait réuni 228 000 spectateurs sur trois jours en 2019 à l’hippodrome de Longchamp, à l’ouest de Paris. “Les espoirs que nous puissions jouer cet été, avec une grande jauge et debout, sont hypothétiques et faibles”, poursuit-il.
“Les variants liés au Covid-19 ont gagné du terrain et les projections montrent que la vaccination va prendre plus de temps que prévu. Et une formule en petite jauge n’était pas viable”, ajoute encore le responsable.
Car, il faut le rappeler, Solidays sert avant tout à financer l’association Solidarité Sida et ses 114 programmes d’aide aux malades du VIH dans 21 pays, “de Montreuil, aux Philippines, en passant par l’Ukraine”, comme le souligne encore Luc Barruet, également directeur-fondateur de l’association.
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Hellfest inquiet
L’annulation de ce festival représente un manque à gagner de 3,5 millions d’euros (même somme que l’an dernier) pour l’action de Solidarité Sida. L’an dernier, ces pertes avaient été compensées par le maintien des aides des institutions publiques – ministères, région Île-de-France, ville de Paris – et des soutiens de partenaires privés. Sans oublier les festivaliers qui avaient fait don, partiellement ou en totalité, de l’achat de leur billet.
Pour cette année, Luc Barruet en appelle de nouveau à la générosité et la solidarité des institutions publiques et partenaires privés. Mais Solidays n’a pas eu le temps cette fois de mettre ses billets en vente. Un “projet télé et une campagne de mobilisation aux dates du festival” sont dans les tuyaux, expose Luc Barruet.
Au-delà du cas particulier de Solidays, une ombre plane sur la saison estivale. Le Printemps de Bourges (début mai) a décidé de se passer de sa grande enceinte (10 000 places). Plus préoccupant, dans une lettre ouverte, Ben Barbaud, patron du Hellfest (180 000 personnes d’habitude, mi-juin en Loire-Atlantique) s’alarmait récemment d’un manque de visibilité auprès de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture.
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Pérennité en question
“Notre question est donc la suivante”, lui écrivait-il : “avec une pression hospitalière moindre, combinée à une période estivale où l’on sait que ce virus est moins virulent, est-il concevable d’envisager la tenue de nos mégas événements ? Ou bien, devons-nous considérer dès maintenant que tant qu’une immunité collective ne sera pas atteinte, il sera impossible de remettre en place des événements accueillant des dizaines de milliers de spectateurs ?”.
Une réunion est prévue la semaine prochaine entre Mme Bachelot et les responsables des festivals de musiques actuelles. Un rendez-vous clé aux yeux de Luc Barruet. “Solidays est un cas particulier, nous avons des aides publiques et notre but fait qu’il est peut-être plus facile de trouver des gens pour nous aider. Mais la question de la pérennité des autres festivals se pose, car ils dépensent de l’argent sans savoir s’ils pourront jouer ou toucher des aides en 2021”, analyse-t-il.
“Il faut que la question des grandes jauges debout soit tranchée. Il faut permettre aux festivals de s’adapter aux contraintes et de voir jusqu’où ils peuvent être aidés. Il faut que soit mis en place un fonds de garantie, pour pouvoir porter le risque, c’est ce qui se fait pour les tournages dans le cinéma“, insiste Luc Barruet.
Le patron de Solidays se veut pédagogique sur les spécificités de sa branche : “Un festival électro ou de musique urbaine en jauge réduite et assis, ce n’est pas possible. C’est comme de dire, les cinémas rouvrent, mais les spectateurs seront debout et la lumière allumée.”
Konbini avec AFP
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