Boulevard du crépuscule (1950), de Billy Wilder
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Babylon est un film sur la grandeur et la déchéance d’une certaine époque d’Hollywood. Boulevard du crépuscule est son parfait pendant noir, jouant sur la décadence et l’oubli d’une ancienne star devenue paranoïaque, aigrie et diabolique. Billy Wilder signe ici un de ses plus grands films et il n’a que des grands films. Une parfaite lecture très sombre du Hollywood d’après-guerre qui a de nombreux liens avec Babylon, notamment son actrice principale Gloria Swanson, citée de nombreuses fois par le personnage joué par Brad Pitt, représentant elle aussi l’actrice oubliée avec la fin du muet.
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Gatsby le magnifique (1974), de Jack Clayton
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Babylon est aussi un superbe portrait des années folles où la déraison, la fête et l’excès étaient à leur paroxysme, juste avant la chute. Pour poursuivre dans cette ambiance de fête en continu qui rapproche du bord du gouffre, on pense bien sûr à Gatsby ainsi qu’à tous les écrits de Francis Scott Fitzgerald. Les fêtes sont interminables, grandiloquentes et démesurées, Redford est tumultueux, secret et ravagé. Un grand film sur la fin d’une ère. Mention spéciale à la version de Baz Luhrmann sortie en 2013 dont les scènes de fête semblent avoir pas mal inspiré Chazelle pour le début de son film. Mais il a rendu l’excès encore plus fou.
Aviator (2004), de Martin Scorsese
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Parmi les producteurs un peu fous et mégalos de l’époque de Babylon, Howard Hughes est clairement un des plus marquants. Le très bon biopic signé Scorsese avec DiCaprio dans le rôle-titre (petit lien avec le Gatsby de Luhrmann) est une bonne porte d’entrée pour comprendre toute l’innovation, l’argent et le succès que représentaient les débuts de l’industrie du cinéma et aussi les liens avec énormément d’autres innovations techniques de l’époque comme l’aviation pour Hughes. Encore une histoire de grandeur jusqu’à la déchéance qui parfait le propos de Babylon.
La Dernière folie (1976), de Mel Brooks
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Après les énormes succès de Le Shérif est en prison et Frankenstein Junior, Mel Brooks devient clairement le roi de la parodie au cinéma des années 1970. Juste après, en 1976, il décide de s’attaquer aux films muets remplis de cascades et effets spéciaux, ceux de Charlie Chaplin, Buster Keaton ou Harold Lloyd. C’est encore un succès qui se rapproche beaucoup du début de Babylon. L’histoire est simple et méta en même temps : un producteur cherche à monter un film muet dans les années 1970. Bon, exactement ce qu’est en train de faire Mel Brooks avec ce film. Critique au vitriol du milieu du cinéma tout en déclarant un amour inconditionnel aux films des années 1920 et 1930, La Dernière folie est un vrai bijou souvent oublié de la comédie américaine. Une autre porte d’entrée pour comprendre la force du cinéma sans paroles synchronisées, l’essence même de Babylon.
Mulholland Drive (2001), de David Lynch
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Il y a aussi toute une dimension mystique et inquiétante dans Babylon où Damien Chazelle flirte avec le cinéma de David Lynch, notamment dans cette scène folle et sans limite avec Tobey Maguire (encore un lien avec le Gatsby de Luhrmann). Le film de Lynch, qui se rapproche le plus de ce propos labyrinthique et dangereux autour de Los Angeles et Hollywood, c’est bien sûr Mulholland Drive où tout est simulacre, mystère et boule de gomme. Lost Highway aurait aussi pu être un bon accompagnateur tout comme, plus récemment, Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, quand tout devient complot et que la vérité est pile entre la fiction et la réalité. Cette partie de Babylon est extrêmement enivrante.
The Party (1968), de Blake Edwards
Oui, ce film est problématique pour son personnage principal, très caricatural et choquant. Mais il n’en reste pas moins un des meilleurs films du duo Peter Sellers et Blake Edwards avec toute cette folie, ce nonsense constant et cette fête qui ne s’arrête jamais. La première scène de bataille filmée aussi où Peter Sellers est un acteur incroyablement nul. En vrai, on retrouve des similitudes évidentes avec la façon de filmer, la dérision et l’humour de Babylon. Et puis, bon, il y a un éléphant qui débarque au milieu d’une soirée. On ne peut pas faire plus évident.
Dalton Trumbo (2015), de Jay Roach
Un des grands pendants de Babylon est aussi de décortiquer les différentes facettes éclectiques et électriques de la conception d’un film avant la Seconde Guerre mondiale. Parmi ces facettes, il y a celle du scénariste qui écrit en plein tournage, complètement habité, avec Brad Pitt qui lui souffle les répliques, complètement bourré. Parmi les films qui traitent de l’écriture d’un film et de la trajectoire d’un auteur, on retrouve l’excellent et vertigineux Barton Fink des frères Coen en 1991 où l’écriture est amenée à son paroxysme. Mais, plus récemment et basé sur une histoire vraie, on a ce biopic de Dalton Trumbo, scénariste engagé et quasi punk du Hollywood des années 1950. Interprété brillamment par Bryan Cranston, après Malcolm et Breaking Bad, Dalton Trumbo est vraiment un film aux images fortes et à l’histoire bien narrée. Traitant notamment de la chasse aux sorcières du maccarthysme et des aberrations du milieu du cinéma, ce film est un parfait pas de côté après avoir vu Babylon. Hollywood est toujours aussi incandescent, pleutre et violent. C’est jazz, c’est punk, c’est Trumbo.
Ed Wood (1994), de Tim Burton
De l’autre côté des personnages un peu fous du cinéma, on trouve Ed Wood et cette lettre d’amour signée Tim Burton. Ed Wood est réputé mauvais, incompétent et complètement inadapté pour le milieu du cinéma. Pourtant, il ne lâchera jamais l’affaire et sortira plusieurs films truffés d’erreurs, d’effets spéciaux foireux et d’énormément d’images d’archives. On lui donnera le titre de plus mauvais réalisateur de l’histoire du cinéma alors qu’il a presque inventé un genre en soi. Cette passion dévorante, cette vision sans limite se rapproche des folies de Babylon où tout est expérimentations et arrangements. Ed Wood est un film sublime où Johnny Depp crève l’écran, une vraie déclaration passionnée de Tim Burton pour le cinéma indépendant bizarre, le genre lugubre et foutraque. Le cinéma, quoi.
Panic sur Florida Beach (1993), de Joe Dante
Sorte de deuxième lecture de l’univers du film de genre à la Ed Wood, Panic sur Florida Beach est un des films les plus importants de son réalisateur Joe Dante (Gremlins, Les Banlieusards). Dans ce film, John Goodman débarque dans une petite ville pour proposer une attraction révolutionnaire : une attaque de fourmis géantes au cinéma avec des multiples interventions, bruits, costumes, mouvements, le cinéma 4D Imax dynamique de l’époque. Revenir au cinéma comme une attraction forte est vraiment le propos de Babylon. On retrouve dans Panic sur Florida Beach ce côté fou, entre spectacle et arnaque, cette passion du divertissement à tout prix et de la fascination de l’image. Ce film a aussi un côté parodique, comme dans tous les films de Joe Dante, qui se rapproche de l’humour débridé de Babylon. Autre époque, autre cinéma mais même vision. À (re)voir absolument.
Being The Ricardos (2021), de Aaron Sorkin
Après Dalton Trumbo, on reste dans les boss du scénar avec Aaron Sorkin, le génie derrière The West Wing, The Social Network, Le Stratège ou encore Des hommes d’honneur. Dans son dernier film, le scénariste passé réalisateur s’attaque encore à une histoire vraie, celle de Lucille Ball et Desi Arnaz, les stars de la série télévisée I Love Lucy dans les années 1950. À travers ce biopic au rythme excellent avec des dialogues succulents, la spécialité de Sorkin, on aperçoit beaucoup de plateaux de tournage, d’histoires de production, de réalisation, quand la fiction se mélange à la réalité. Ce qu’on aperçoit dans Babylon sur les premiers plateaux de tournage prend ici une tout autre ampleur. Un film plutôt mineur dans sa réalisation mais rendu extrêmement attachant grâce à l’interprétation de Nicole Kidman, toujours impeccable aux côtés d’un Javier Bardem explosif. Une très belle surprise. Et les mots de Sorkin, vraiment…
The Player (1992) de Robert Altman
Autre film pour voir les dessous d’Hollywood, cette fois-ci côté producteur véreux et sans vergogne. Le très stylisé film de Robert Altman oscille entre étude de personnages, film noir quasi parodique et discours très méta sur la création, l’échec et l’ambition. Tim Robbins y est hypnotique et la dangerosité de chaque situation le rapproche de la fin de Babylon où tout devient plus compliqué. Un film parfait pour terminer cette sélection autour de Hollywood, des dessous du cinéma et des profonds changements qui ont laissé d’énormes stars sur le carreau. L’ambition, l’échec et la création.