Matt Damon a raison : le monde du cinéma allait mieux quand les DVD étaient des choses courantes, qui se vendaient en millions d’exemplaires, permettant aux studios de rentabiliser des films non bénéficiaires lors de leur sortie en salles. On ne dit pas qu’acheter du format physique est une forme de militantisme, mais presque.
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Ne croyez pas ce qu’on peut lire ici et là, collectionner n’est pas une forme de fétichisme. Qu’il s’agisse de vouloir garder près de soi les films qu’on aime, d’être sûr de pouvoir les visionner quand on le veut (n’oublions pas que les plateformes peuvent lourder à leur bon vouloir les films de leur grille, même les leurs) ; que ce soit parce qu’on aime l’objet, que l’on veut soutenir une industrie, que l’on aime prêter des films… Qu’importe. Acheter des films fait toujours du bien.
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Tous les mois, nous reviendrons désormais sur les sorties les plus marquantes des derniers jours. Depuis la rentrée, un paquet de belles éditions ont fait surface, avec des nouveautés, des ressorties en 4K, ou encore des films plus rares enfin remis au goût du jour. Que l’on aime les blockbusters ou les propositions d’auteurs, les films français, américains ou d’ailleurs, d’horreur ou de comédie, les documentaires ou les nanars : il y en aura pour tous les goûts.
En 2016 sortait outre-Atlantique un documentaire assez brillant sur Dennis Hopper. Nick Ebeling, le réalisateur, est allé interroger l’un des amis proches de l’acteur, à savoir Satya De La Manitou. Entremêlé d’archives et d’autres entretiens, le film est une belle plongée dans l’univers d’une des figures les plus célèbres de Hollywood. Mais surtout, le Blu-ray est vendu avec un livre de 250 pages assez conséquent, qui revient sur toute la vie de l’acteur, à travers des interviews notamment. Le livre et le documentaire se répondent parfaitement bien, pour mieux saisir la solitude et l’implication du bonhomme. Pour les cinéphiles, mais pas que.
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Le fait qu’il soit mis de côté pour signer la suite de son Doctor Strange a permis le retour de Scott Derrickson à l’horreur. 10 après l’excellent Sinister, le cinéaste américain revenait avec Black Phone — toujours avec Ethan Hawke, toujours avec des enfants traumatisés. Moins flippant peut-être, plus intelligent sans doute. Le film raconte la violence du quotidien des gosses des années 1970, loin de la nostalgie naïve de ce que Hollywood produit dernièrement. À voir sans hésiter.
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S’il est un auteur incontestablement culte (sa saga des morts-vivants, mais aussi Martin ou Knightriders), force est de reconnaître que George A. Romero n’a pas fait beaucoup de chefs-d’œuvre passé les années 1980. Et si nul ne doute de l’aspect nanardesque d’un film comme Bruiser, il ne faut pas oublier le cœur du travail de Romero : s’amuser avec la mise en scène horrifique pour pondre un brûlot politique. Puisant autant dans le culte Les yeux sans visage de Georges Franju que dans la littérature américaine de son époque, il fallait bien que Jean-Baptiste Thoret le remette au goût du jour pour que l’on savoure enfin cette fausse série B comme elle le mérite.
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De prime abord, un simple film des années 1950 racontant un fait divers du début du siècle autour de la prostituée Amélie Élie, plus connue sous le nom de Casque d’Or. Mais si StudioCanal a tant planché sur une remastérisation en 4K absolument épatante, ce n’est pas pour rien. Car derrière cette histoire d’amour mis à mal se cache un sous-texte politique costaud, des interprétations remarquables (notamment de Signoret, qui a reçu en 1953 le BAFTA de la meilleure actrice pour ce film et du superbe Serge Reggiani), et d’une mise en scène intelligemment étudiée. Qui méritait bien une sortie comme celle-ci, donc.
Les cinéphiles connaissent Tanaka pour son immense carrière d’actrice dans les années 1930, 1940 et 1950, devant les caméras de Mizoguchi ou Ozu notamment. On connaît moins le pendant réalisatrice de cette dernière. Six films sortis entre 1953 et 1962, faisant d’elle la seule réalisatrice de cet âge d’or du cinéma japonais, ici remastérisés et réunis dans un coffret par Carlotta — après avoir fait l’objet d’un beau cycle en salle cet été. Que l’on ait envie de tout dévorer ou tout simplement de la découvrir, cette sortie est idéale. On ne saurait que vous conseiller de regarder par exemple Maternité éternelle, sorti en 1955, qui, en plus d’être son film le plus personnel à l’époque, est selon nous le plus moderne et le plus fort.
L’un des plus grands films d’horreur de l’Histoire méritait bien sa version 4K. Quoi de mieux pour profiter de cette folie cinéphilesque, jouant sur les ombres, les marionnettes, et tout ce qui a constitué la forme du septième art à travers les périodes. Pas qu’un simple film de vampires avec Gary Oldman, Winona Ryder, Keanu Reeves et Anthony Hopkins : une leçon — et les nombreux bonus le prouvent plus encore.
Des décennies avant Benedict Cumberbatch et la machinerie immense qu’est le MCU de Kevin Feige, une autre version du sorcier suprême sortait en salle. C’était l’époque où les films super-héroïques étaient, sauf exceptions, de l’ordre du nanar — avant l’arrivée de Tim Burton dans l’équation, donc. Et pourtant, cette pépite de série B, sortie en 1978, a toute sa place dans votre collection. Déjà parce que c’était un film rare, superbement réédité par Elephant, mais surtout pour la petite leçon d’histoire.
Si l’on parle plus facilement des films à sketchs horrifiques, il ne faudrait pas en omettre d’autres, tout aussi importants. On pense bien évidemment à Tokyo (où Michel Gondry, Leos Carax et Bong Joon-ho rendent hommage à la capitale nippone), mais aussi à Eros, film si injustement déprécié. La version Blu-ray de Spectrum remet au goût du jour cette entreprise si particulière : demander à deux cinéastes fans du travail d’Antonioni, en l’occurrence Wong Kar-wai et Steven Soderbergh, d’adapter des histoires issues du recueil de fiction écrit par le cinéaste italien intitulé Ce bowling sur le Tibre. Trois courts érotiques, tous plus beaux les uns que les autres — mention spéciale pour celui de Soderbergh avec Robert Downey Jr., Équilibre, le plus original des trois.
Le rythme des sorties de Quentin Dupieux est affolant. À peine son dernier film est disponible en physique que son prochain long s’apprête à se dévoiler en salle. Pourtant, il sait toujours aussi bien produire des images marquantes, autour d’un postulat tranché, entouré d’un casting impressionnant. C’est le cas d’Incroyable mais vrai, avec son drôle de trou dans la maison, qui a déjà toute sa place dans votre bibliothèque.
Si le nom d’Alain Cuny vous est familier, c’est plus pour sa carrière d’acteur. Il a joué pour les plus grands : Antonioni, Carné, Fellini, Malle, Buñuel, Ophüls, Rosi, Ferreri, entre autres. Sa carrière de réalisateur est plus discrète. Il n’a en effet dirigé qu’un long, L’annonce faite à Marie, enfin remis au goût du jour par Potemkine. Et il faut le voir pour le croire. L’image semble impossible à dater, tant le grain et la couleur laissent penser qu’il s’agirait d’un film des années 1950 superbement restauré — alors même qu’il est sorti… en 1991. Chaque plan est un tableau, tous plus beaux les uns que les autres – et ce sublimé un montage se jouant des codes du cinéma. Derrière cette esthétique se cache un parti pris particulier : celui d’avoir choisi un casting entièrement amateur, aux voix doublées en postsynchronisation (ce qui trouble la perception de ce qui est de l’ordre du dialogue et de l’ordre de la pensée), pour adapter une pièce de son ami décédé Pierre Claudel. Pièce qu’il avait jouée sur scène 50 ans plus tôt. Une étrangeté aussi fascinante qu’intrigante.
Martin Scorsese donne le ton dans sa présentation du film : le premier et dernier long-métrage de Jean Vigo, fini juste avant qu’il ne meure d’une septicémie à 29 ans, a failli tomber dans les oubliettes. La faute à Gaumont, frileuse de prime abord, qui va charcuter le montage du film, et le laisser dans ses cartons suite à son échec commercial. Fort heureusement, à plusieurs moments entre sa sortie en salle en 1934 et aujourd’hui avec cette version plus proche que jamais de celle d’origine, de nombreuses voix ont essayé de rétablir la forme originelle de ce film désormais culte par sa poésie, son montage, la musique de Maurice Jaubert, sa modernité. Indispensable.
Amadeus, Man on the Moon, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Taking Off… Forman a son lot de film culte derrière lui. En voici un moins connu, centré sur Larry Flynt, le sulfureux bonhomme derrière Hustler, rival sans pitié de Playboy, porté par Woody Harrelson, Edward Norton et Courtney Love, fait (enfin) surface en Blu-ray. Le tout dans une magnifique édition, contenant notamment un livret d’une cinquantaine de pages, où l’on retrouve une histoire orale de la production du film assez passionnante, racontée par les deux scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski, et la productrice Janet Yang. Un must-have.
La version longue, restaurée en 4K, du blockbuster français historique est un bonbon que les aficionados ne peuvent qu’adorer. L’histoire de la fabrication de ce film (que Gans nous racontait en juin dernier, quand le film ressortait en salle) est presque aussi culte que celui-ci. Le travail sur la lumière, les décors, les costumes, et le montage, mérite d’être vu sur le plus grand écran — et donc, dans la meilleure des qualités qui soit. Un manque enfin comblé.
Un film exceptionnel, d’un cinéaste exceptionnel qui ne méritait pas moins qu’une sortie comme celle-ci, avec une qualité 4K splendide et un coffret signé The Jokers particulièrement léché. Vous l’avez déjà sans doute en DVD et en Blu-ray. C’était le cas de l’auteur de ces mots. Tant pis : on l’aura désormais en triple.
C’était l’un de nos vrais chocs de ce Cannes 2022, de la Quinzaine des Cinéastes plus précisément. Et on n’en attendait pas moins d’Alex Garland, l’homme derrière Ex Machina et Annihilation. On ne s’attendait pas cependant à se prendre dans la tronche un film d’horreur à la fois claustro, malin, profondément féministe, et avec un dernier segment parmi les plus gores vus sur un grand écran cette année. Autant dire qu’il semblait indispensable de l’avoir dans sa DVDthèque.
Le film de fantôme le plus maudit de l’histoire, réalisé par Steven Spielberg Tobe Hopper, déjà connu pour son fameux Massacre à la Tronçonneuse, méritait bien une sortie du genre. Car en plus de l’édition 4K assez remarquable, le coffret contient poster, photos de presse et un livret d’une trentaine de pages détenant son lot d’anecdotes (notamment que les squelettes étaient des vrais car… c’était moins cher ?). Bref, que vous soyez fans ou que vous ne connaissiez pas ce long-métrage culte, il faut se ruer sur ce qui est, pour l’instant, la plus belle édition qu’il en existe.
Si comme l’auteur de ces mots, vous avez raté la ressortie en salle cet été de Rashômon, le chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa en version remastérisé et distribué par Potemkine, alors il ne vous reste qu’une solution : se ruer sur ce superbe Blu-ray, et se prendre cette leçon de cinéma, en pleine poire, une fois encore. Un des plus grands films de cette sélection, si ce n’est le plus grand. Une version physique importante, donc.
On connaît bien les deux grands chefs-d’œuvre d’Ashby, à savoir Harold & Maude et Bienvenue, Mister Chance. On connaît un peu moins le reste de sa filmographie, comme ce Retour, pépite méconnue qui mérite toute votre attention. Un triangle amoureux entre un soldat américain se battant au Viêt Nam (Bruce Dern), un vétéran tétraplégique (Jon Voigt) et une femme qui ne sait plus quoi penser de ce conflit (Jane Fonda) — Taika Waititi nous avait prévenus. D’autant plus que Carlotta ne fait pas les choses à moitié avec son CUC [Coffret Ultra Collector, ndlr], contenant un livre fort riche de 160 pages conçu par Jean-Baptiste Thoret (avec des tonnes de photos d’archives dedans), mais aussi plusieurs bonus dont un documentaire sur son auteur. Coup de cœur immédiat.
On ne vous présente plus le duo le plus brillamment débile de la télévision animée actuelle. Ce petit coffret contenant les 5 premières saisons plus un beau paquet de bonus, n’a pas besoin de beaucoup de mots pour vous convaincre de vous ruer dessus. Cela devrait se faire tout naturellement.
On connaissait Eskil Vogt comme scénariste des films de Joachim Trier (Oslo, 31 août, Thelma et plus récemment Julie (en 12 Chapitres)). Lors du Festival de Cannes 2021, nous découvrions Vogt réalisateur. Et il y avait de quoi être impressionné par ce deuxième long fantastique, ambiance gosses mutants découvrant leur pouvoir surnaturel et ambiance plus que tendue sur tout ce que cela entraîne.
On ne pourrait résumer en quelques lignes l’histoire de la Shaw Brothers, la plus célèbre société de production hongkongaise qui, à partir de la fin des années 1950, a produit pendant des décennies certains des films asiatiques les plus importants de l’Histoire — aux côtés de films bien plus anecdotiques et B. Dans les années 1980, la recette se fatigue un peu, forçant à chercher du sang neuf dans les rangs des cinéastes bossant pour la maison. Arrive Tony Liu, qui pondra six longs en deux ans, dont The Lady Assassin, marqueur parfait de son style, à la chorégraphie et au rythme unique en son genre. Pas un Shaw Brothers des plus traditionnels, mais bien l’un des plus curieux et donc intéressant. Et comme Spectrum sait si bien le faire, un deuxième long de Liu est fourni avec, à savoir Secret Service of the Imperial Court.
Un des meilleurs longs-métrages de 2022. Une des plus grosses claques de l’année, vraiment. Un des plus beaux objets filmiques, fou et sublime, dingue pour un film de studio, et qui ne mérite pas moins qu’un Blu-Ray 4K. Qui n’a jamais eu envie de voir Alexander Skarsgård se battre nu dans un volcan enragé en 4K ? Franchement ?
Deux films en un. Sortis coup sur coup, les deux films de Joanna Hogg sont parmi ce qu’on a vu de plus fort cette année. Si l’on ne peut s’empêcher de regretter de ne pas avoir une version Blu-ray, voire 4K (l’image de Hogg le mérite amplement), il n’empêche qu’avoir les deux longs dans un même paquet, avec en bonus Caprice, le fameux court-métrage étudiant de Hogg avec Tilda Swinton, fait que cette édition est un “must have” absolu.
Personne n’avait demandé à avoir une version 4K, et pourtant on ne regrette pas que cela ait été fait. Voir des tiques devenir géantes et monstrueuses après qu’un labo de stéroïdes ait fui sur un nid, en aussi haute définition, est un délice pour tous les amateurs du genre. On vous mentirait si on vous disait que le film est une réussite folle — on parle clairement d’une série B réalisé par Tony Randel (Hellraiser II) et produite par Brian Yuzna (réalisateur de Re-animator). Pourtant, le plaisir de lancer ce disque est total, et on sait d’avance qu’on le fera à nouveau. Régulièrement, même.
Lors de sa sortie en salle, le film a été un vrai choc. Il dépeint le harcèlement d’un jeune garçon, vu par les yeux de sa petite sœur. Raconté à hauteur d’enfant et sans mettre en avant d’autres choses que le comportement des autres gosses (pas de réseaux sociaux ou quoi), ce long-métrage est dur mais d’une importance folle. Et même si l’on regrette de n’avoir qu’une version DVD de disponible, celle-ci nous semble nécessaire, et à montrer à tous.