“Si on prend toute l’histoire du cinéma, ce n’est finalement qu’une infime partie des films qui n’a pas été tournée sur pellicule.”
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Dans cette lettre, véritable déclaration d’amour à la pellicule, Martin Scorsese n’oublie pas de faire honneur à la HD. Et bien qu’il parle de “combat”, il rappelle que ce n’est pas d’une guerre dont il s’agit, mais bel et bien d’une conjugaison des formats pour protéger l’art du cinéma.
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Il existe plusieurs termes pour décrire notre métier. On fait du cinéma, des oeuvres, des longs-métrages. Et… des films. On nous appelle des réalisateurs, et plus souvent encore des ‘filmmakers’. Des créateurs de films. Je ne suis pas en train de faire semblant d’ignorer le fait que la HD est là. Ni que ses avantages sont nombreux : les caméras sont plus légères, c’est plus facile de tourner de nuit, il est plus aisé d’altérer les images à notre goût. Et les caméras sont moins chères, c’est un fait. Les films en numériques peuvent être faits avec moins de moyens.
Même ceux qui tournent sur pellicule font la post-production en numérique, puis voient leurs longs-métrages être projetés dans les salles de cinéma en HD. Alors c’est vrai, on pourrait affirmer que le futur est là, sous nos yeux, que le temps des pellicules est derrière nous, qu’il serait temps de laisser cela au passé et de dire au revoir aux tournages sur films. Ce serait facile de leur tourner le dos. Tellement facile.
Il semble qu’on nous rappelle à longueur de journée que le cinéma, c’est du business. Mais un film, c’est aussi une forme d’art, et les jeunes gens qui essayent de tourner des films devraient avoir accès à tous les moyens et matériaux disponibles. Vous imaginez dire à de jeunes artistes de jeter leurs tableaux pour ‘peindre’ sur iPad parce ce c’est plus léger à transporter ? Bien sûr que non ! Si on prend toute l’histoire du cinéma, ce n’est finalement qu’une infime partie des films qui n’a pas été tournée sur pellicule.
Tout ce qu’on fait en HD, c’est tenter de recréer le rendu de ce qu’on obtient sur pellicule. Même de nos jours, la palette visuelle sur film est bien meilleure que ce qu’on peut avoir en numérique. Elle est plus riche. Et il ne faut pas oublier non plus que c’est pour l’instant le meilleur moyen de conserver les oeuvres. On n’a pas encore l’assurance que les éditions digitales dureront dans le temps, alors qu’on sait que les pellicules se conservent pendant de longues années, à condition qu’elles soient correctement protégées.
Notre industrie – nos filmmakers – se sont alliés à Kodak car nous savons que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre cette technique. On a déjà perdu tellement de stocks de films… Ce combat marque un pas en avant positif en matière de protection de films, de cette forme d’art qu’on aime tant.