Saurez-vous trouver ce qui cloche dans les étranges vidéos de cet·te artiste sur TikTok ?

Publié le par Julie Morvan,

© Vita Kari/TikTok

Vita Kari va retourner votre cerveau en un claquement de doigts.

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“Je pense que la chose la plus folle quand on est créatif, c’est que…” Chaque vidéo TikTok de Vita Kari commence de la même manière. L’artiste imite un tuto make-up tout ce qu’il y a de plus classique, se filmant en train d’épiler ses sourcils ou de farder ses joues, le tout avec la “voix TikTok” bien familière sur l’appli. Mais l’illusion ne dure que quelques secondes car tout en complétant sa phrase, Vita dévoile la supercherie : tout ce que l’on voit à l’écran n’est pas réel. Iel l’a imprimé, et c’est vraiment — vraiment — bien fait.

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@vitakari

how long did it take you to notice this timeeee

♬ and my man thank you to my man latto casa di remix - CasaDi

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Cette série de vidéos artistiques performatives a été lancée le 14 juillet dernier et a rencontré un immense succès. Tout en s’épilant les sourcils, l’artiste confie : “Je pense que la chose la plus folle quand on est créatif, c’est que… ceci n’est pas ma main”, révèle Vita. “Je l’ai imprimée”, assène-t-iel en montrant sa main, en réalité imprimée sur un bout de papier.

Visionnée par plus de 20 millions de personnes, cette première vidéo a marqué le début d’une série artistique où l’artiste joue sans relâche avec notre perception en imprimant toute sorte d’éléments réalistes. Iel produit donc plusieurs autres vidéos “story time” en glissant dedans un élément imprimé et réaliste, jouant sans cesse avec notre perception. On se met alors à scruter sa main dans les œuvres suivantes : raté, c’est l’oreille qui est fausse. “Je trouve jamais, frrrr”, s’énerve un·e internaute dans les commentaires. C’est aussi génial que frustrant.

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@vitakari #performanceart ♬ and my man thank you to my man latto casa di remix - CasaDi

Rebelote avec son chien en arrière-plan : imprimé. Le mur en arrière-plan : imprimé. Son haut : imprimé (deux fois du coup).

@vitakari #performanceart ♬ 09.08 lançamento - Meno Felps

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La série est excellente et on vous invite vraiment à vous prendre au jeu de la devinette sur son compte TikTok. Derrière, c’est aussi une critique de notre mode de consommation ultra-passive sur l’application : on réalise que non, au bout de quelques secondes seulement, on est tout simplement incapables de déceler le vrai du faux dans une vidéo. Sans nous en rendre compte, nous intégrons un certain nombre de codes visuels que nous ne remettons plus jamais en question ensuite. Comme l’interface même de TikTok par exemple :

@vitakari #performanceart ♬ Lancey or Lancey - Jami

Vita met en particulier l’accent sur le dispositif des vidéos “story time”, où une personne inconnue délivre un témoignage personnel, a priori sincère et honnête. Implicitement, un contrat de lecture (ou plutôt de visionnage) s’installe entre le public et ce type de contenu, mobilisant d’office la confiance et la crédulité de ces mêmes viewers… Alors qu’il est urgent de conserver un œil critique, peu importe l’interlocuteur·rice ou le dispositif, aussi familier soit-il.

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Vita n’en est pas à son premier projet artistique : basé·e à Los Angeles, l’artiste explore depuis plusieurs années l’identité queer sous forme plastique et numérique, à travers plusieurs sujets : la gastronomie, l’immigration, les dynamiques familiales, et la viralité en ligne. Iel avait déjà créé une série intitulée “Virality as form” où iel prétendait peindre des tableaux hyperréalistes qui n’étaient en réalité que des photographies imprimées. Un perpétuel brouillage de pistes artistique qui remet les idées en place.