Sans Dune 2, The Creator s’impose comme le meilleur film de SF de l’année

Publié le par Adrien Delage,

©️ 20th Century Studios

Gareth Edwards, le réalisateur de Godzilla et Rogue One, nous transporte dans un nouvel univers de science-fiction aussi immersif que spectaculaire.

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The Creator, c’est quoi ?

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Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Gareth Edwards et c’est pourtant un réalisateur à suivre dans les prochaines années. Ce jeune cinéaste originaire d’Angleterre a seulement quatre films à son actif mais pas des moindres : Rogue One, le spin-off de Star Wars considéré comme l’un des meilleurs de la saga, le reboot américain de Godzilla sorti en 2014 (pas ouf, mais visuellement intéressant), Monsters, son premier long, une pépite indé primée dans plusieurs festivals britanniques, et The Creator, une idée originale attendue ce mercredi 27 septembre dans nos salles obscures.

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Fin 2019, il est engagé par New Regency pour écrire et réaliser un film de science-fiction original. Après les galères de la pandémie et un budget très serré, ce projet secret devient The Creator, l’une des curiosités à grand spectacle de 2023. Coïncidence folle ou prophétie insoupçonnée, le film d’Edwards évoque le combat de l’humain contre des intelligences artificielles, au même moment où les stars et les scénaristes de Hollywood font grève et s’élèvent contre l’arrivée de l’IA au cinéma et dans les séries.

The Creator se déroule dans un monde dystopique et futuriste où des IA, intégrées dans des robots à l’apparence parfois humaine, cohabitent. Jusqu’au jour où un groupe de droïdes rebelles décident de raser Los Angeles à l’aide d’une ogive nucléaire. Des millions de morts plus tard, la guerre entre les humains et les IA (accompagnée d’une forme de guerre froide entre les États-Unis et l’Asie, pro-robots, comme par hasard…) éclate. Son destin repose entre les mains de Joshua (John David Washington), un ancien membre des forces spéciales, chargé de détruire une arme de destruction massive créée par les IA, mais qui se révèle être un enfant innocent en apparence.

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Pourquoi c’est super ?

Avec Godzilla et Rogue One, Gareth Edwards a montré qu’il n’avait pas peur des plans larges épiques et spectaculaires. La première claque de The Creator repose sur sa direction artistique sublime et léchée, qui cite à foison des références emblématiques du cinéma de science-fiction et autres classiques pour les connaisseurs : Blade Runner, Akira, Ben-Hur, E.T., l’extra-terrestre et bien évidemment Apocalypse Now. Le réalisateur semble aussi traumatisé que nous par le plan final à la fois grandiose et mélancolique de Rogue One, l’un des plus bouleversants de la saga Star Wars, alors que les héros de l’histoire disparaissent en un souffle, balayés par le rayon laser de l’Étoile de la mort.

Oui, Gareth Edwards adore les plans d’explosion (et on ne boude pas notre plaisir devant), mais il propose surtout une histoire émouvante, solidement écrite, en évitant de tomber dans un traitement manichéen de la relation entre les humains et les intelligences artificielles. En partant de rien (ou plutôt, en mixant avec justesse toute la SF qu’il a ingérée au fil des années), le réalisateur donne forme à un nouvel univers ô combien immersif, dont les règles sont simples mais rapidement identifiables par les spectateurs et spectatrices et qui ont un petit goût de reviens-y.

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Pour les amateurs d’anecdotes, il est intéressant de noter que Gareth Edwards avait commencé la pré-production de The Creator avec le directeur de la photographie Greig Fraser à ses côtés. Les deux hommes avaient déjà collaboré sur Rogue One, mais entre-temps, Fraser est devenu plus ou moins le nouveau Roger Deakins du game grâce à son travail époustouflant sur Vice, Dune ou encore The Batman. Si Greig Fraser a dû lâcher le projet en cours de route pour la suite de Dune, on peut saluer la reprise du bébé par Oren Soffer, qui a assuré le job niveau éclairage et plans très picturaux.

©️ 20th Century Studios

Même si The Creator est indubitablement plus orienté action, le cinéma de Gareth Edwards nous évoque aussi le talent incroyable de Neill Blomkamp (District 9, Elysium), le spécialiste des projets de SF à petit budget mais chaudement recommandables. Edwards lui emprunte son écriture incisive quand il s’agit de dissimuler dans le sous-texte d’un film des thématiques très contemporaines (le racisme pour Blomkamp, les dangers de l’IA pour son fils spirituel).

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En revanche, The Creator est parfois boursouflé par des clichés de narration très américains (la notion de sacrifice ultime, une intrigue assez prévisible) et des métaphores bibliques lourdes voire pompeuses (l’image du jardin d’Éden est notamment omniprésente dans le film). On regrette aussi quelques tentatives d’humour pas toujours très bien dosées (oui, on aime bien le drama bien tragique ici, on ne vous le cache pas), un gimmick à la Marvel qui s’est vraiment essoufflé au point d’en devenir insupportable ces dernières années.

Autre point faible, et on est sincèrement désolés pour lui : John David Washington. La star de Tenet, que j’avais déjà trouvé personnellement peu convaincante dans le film de Christopher Nolan, manque vraiment de justesse et d’intensité dans les scènes les plus fortes de The Creator. Gareth Edwards assure l’avoir casté pour son jeu naturel et sa fragilité dans le regard. On veut bien l’entendre, mais pourquoi on ne le ressent que trop rarement à l’écran, malgré les jolies compositions envolées (et assez classiques, il est vrai) d’Hans Zimmer qui activent la corde de l’émotion en fond sonore ?

L’acteur se fait clairement voler la vedette par la jeune Madeleine Yuna Voyles qui incarne Alphie, la petite fille robot capable de détruire l’humanité. C’est un personnage taiseux mais sacrément émouvant, qui transcende les thématiques de The Creator et nous fait penser que si ChatGPT prenait une forme humaine attachante, on serait sûrement moins critique avec lui. On passe aussi un gros big up à Ken Watanabe, toujours aussi charismatique et performant dans ses rôles.

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Avec une année 2023 particulièrement vide en matière de science-fiction, et avec des grosses productions qui se plantent royalement (Ant-Man et la Guêpe: Quantumania, 65 : La Terre d’avant, Les Chevaliers du Zodiaque, LOL), et le report de Dune 2 à l’année prochaine, The Creator s’impose facilement, mais avec de sérieux arguments, comme le meilleur film de SF de l’année. On ne dissimule pas notre hâte de découvrir les prochains projets de Gareth Edwards qui, derrière Neill Blomkamp et évidemment Christopher Nolan, pourrait devenir l’un des cinéastes britanniques les plus en vogue de par son talent et son amour sincère pour le septième art et la science-fiction.

©️ 20th Century Studios

On retient quoi ?

L’actrice qui tire son épingle du jeu : Madeleine Yuna Voyles, qui incarne avec brio la jeune Alphie. En seulement quelques dialogues, elle risque bien de vous briser le cœur comme ce fut le cas pour nous.
La principale qualité : son univers ultra-immersif et tout de suite identifiable, sans oublier les plans d’explosions sublimes, la grande spécialité de Gareth Edwards.
Le principal défaut : John David Washington, pas toujours juste dans l’émotion et l’intensité.
Un film que vous aimerez si vous avez aimé : District 9, Blade Runner, Akira, Apocalypse Now, Dune, Rogue One…
Ça aurait pu s’appeler : “The AI Empire Strikes Back”.
La quote pour résumer le film : “En partant de rien (ou plutôt, en mixant avec justesse toute la SF qu’il a ingérée au fil des années), le réalisateur donne forme à un nouvel univers ô combien immersif, dont les règles sont simples mais rapidement identifiables par les spectateurs et spectatrices et qui ont un petit goût de reviens-y”.