Ruby Mazuel, visage et pinceaux de la nouvelle génération du make-up art à la française

Publié le par Flavio Sillitti,

© worldwidezem/Konbini

Inspirée autant par la peinture que par les années 1970, Ruby Mazuel compose des make-ups chics et intemporels pour mettre toutes les femmes dans la lumière.

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© @worldwidezem/Konbini

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Portrait. “Un métier de l’ombre”. C’est drôle, dit comme ça. Encore plus lorsqu’on a affaire à une profession dont l’objectif est de mettre en lumière. C’est le cas de la Parisienne Ruby Mazuel qui, du haut de ses 25 ans, se crée déjà sa place dans le monde grandissant, compétitif et difficile du make-up art, avec l’ambition de montrer l’exemple pour les plus jeunes générations.

Ambassadrice française de la prestigieuse firme Louboutin Beauté, Ruby a également accompagné et maquillé la chanteuse belge Angèle sur les quatre-vingt-quinze dates du “Nonante-Cinq Tour”. Forte d’une communauté de followers qui la suivent en nombre sur ses réseaux sociaux, Ruby Mazuel a tout pour rendre le monde du make-up français plus frais, humain et résolument porté vers l’avenir. 

La jour de notre rencontre, avec son chien Maggie à ses côtés, son petit cœur tatoué sur la pommette et son sourire ineffable sur le visage, Ruby Mazuel nous prouve assez rapidement que le diktat de la moue boudeuse et du snobisme dans le monde de la mode est (enfin) révolu. La nouvelle génération des technicien·ne·s de la cosmétique et de la beauté travaille avec autant de légèreté que de professionnalisme, et ça fait du bien.

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“Quand tu te sens habitée par quelque chose qui te fait vibrer au quotidien, on peut parler de passion, non ?”

Au cours de notre discussion, le mot “passion” arrive assez facilement. “Quand tu te sens habitée par quelque chose qui te fait vibrer au quotidien, on peut parler de passion, non ?” questionne Ruby. Cette vocation, elle l’associe spontanément à son amour de l’art, qui s’est manifesté tôt dans sa vie. “J’étais une enfant artiste. Je dessinais et peignais quotidiennement et l’art était vraiment ma safe place. Je découpais des modèles et des make-ups dans les magazines de mon père pour en faire des collages.”

L’amour pour les pigments et les pinceaux arrive dès l’enfance également, notamment grâce à Caroline Barnes, amie de la famille et surtout grande maquilleuse réputée à Londres, qui, “en échange de mes dessins d’enfant, m’envoyait du maquillage professionnel par la Poste”, nous raconte Ruby. Dès ses 15 ans, Ruby abandonne le patinage artistique (qui constitue ses premières amours) pour assister des chefs maquilleurs proches de son lycée. Une école professionnelle de maquillage et une école d’art plus tard, Ruby Mazuel devient l’artiste maquilleuse qu’elle enviait dans les “rêves pailletés” de son enfance, comme elle aime les appeler.

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C’est un métier de l’ombre, mais c’est ce qui le rend beau

Travailler dans l’industrie de la beauté et du make-up, beaucoup en rêvent mais peu savent de quoi on parle, comme nous le rappelle Ruby : “Au début, comme dans beaucoup de métiers artistiques et indépendants, c’est surtout la régularité et le manque de contrats qui restent le plus compliqué à gérer pour réussir à tenir, et surtout à en vivre convenablement.” Malgré ça, elle ne l’échangerait pour rien au monde : “C’est un métier de l’ombre, mais c’est ça qui est beau. Notre travail, c’est de mettre toutes les femmes dans la lumière. Je trouve qu’on a une grande responsabilité quand on travaille avec des personnalités, car elles nous confient une grande partie d’elles-mêmes. Tout est basé sur la confiance et le respect mutuel.

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Dès le début de l’ère Nonante-cinq, son deuxième album, c’est à Ruby que la chanteuse belge Angèle fait confiance pour son maquillage. Que ce soit sur scène ou pour chacune de ses apparitions publiques, c’est Ruby Mazuel qui s’occupe de la rendre belle, comme pour le mythique Met Gala new-yorkais de 2023 pour lequel la maquilleuse a eu la chance de s’occuper du make-up d’Angèle, en collaboration avec Chanel. “Le Met Gala reste mon plus beau souvenir lié à mon métier.”

Quant à la tournée “Nonante-Cinq Tour”, qui a traversé la France, la Suisse et la Belgique mais aussi le Canada ou les États-Unis, Ruby la décrit comme “la plus belle expérience de [sa] vie”. Elle explique : “Cette tournée a littéralement été une bulle de découverte autant humaine que professionnelle. Deux ans avec cette belle équipe, sur les routes du monde entier, aux côtés d’une artiste comme Angèle, c’est quelque chose.”

Au niveau de son style de maquillage, Ruby Mazuel reflète quelque chose d’à la fois nostalgique et foncièrement artistique. “J’aime les grands classiques, le chic intemporel, le travail de la peau et sa préparation, car on ne peut pas avoir un beau maquillage sans une bonne préparation skincare avant. J’adore me référer à l’art en général en m’inspirant de peintres pour certaines créations plus éditoriales.”

“J’aime les grands classiques, le chic intemporel”

Parmi ses inspirations, on retrouve un joyeux mélange coloré d’influences : “Je suis inspirée par absolument tout au quotidien : une fleur, les textures, les gens, les œuvres d’art, bien sûr.” Elle qui se décrivait plus tôt comme une enfant artiste nous raconte son rapport aux espaces et aux œuvres artistiques, qui ne s’éloignent finalement jamais trop de son métier : “J’aime me nourrir de tout ce que je vois dans les expositions d’art. J’aime surtout m’inspirer des périodes marquantes de l’histoire de la mode et du cinéma, comme les années 70 ou 80, le travail des photographes, d’actrices ou de modèles de ces époques.”

L’avenir, Ruby Mazuel l’imagine radieux. “Pour les années à venir, j’ai à cœur de m’imaginer heureuse et épanouie dans mon travail et dans ma vie personnelle.” Et au vu des nombreux projets et des aventures qui l’attendent en 2024, il y a de fortes chances que tout cela se réalise.

Les recos de Ruby Mazuel

  • Une série : Les Demoiselles du téléphone de Ramón Campos, Teresa Fernández-Valdés et Gema R. Neira.
  • Un album : Nonante-Cinq d’Angèle. “Il a forcément une valeur symbolique. C’était mon album de cœur pendant ces deux dernières années de tournée.”
  • Un film : Les Demoiselles de Rochefort (1967) de Jacques Demy.
  • Un artiste : le peintre Mark Rothko.

Vous pouvez suivre Ruby Mazuel sur Instagram.