Ai Weiwei aurait pu choper une crampe au majeur à force de le soulever, entre 1995 et 2003. Huit ans durant, il a documenté son doigt d’honneur brandi face au monde dans le cadre de son projet Study of Perspective, sur le pouvoir, tel qu’il le décrit lui-même. Tout a commencé sur la place Tian’anmen où il y a levé son doigt pour rappeler les massacres qui y ont eu lieu six ans plus tôt, lorsque des centaines de personnes avaient été tuées par le gouvernement chinois pour avoir manifesté contre sa politique.
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Depuis, l’artiste n’a jamais baissé son doigt, au sens littéral (puisqu’il l’a photographié dans le monde entier) et métaphorique. Son travail est d’ailleurs un constant doigt d’honneur au système et à l’oppression – qu’il s’agisse de dénoncer le sort réservé aux personnes exilées, les dérives capitalistes et technologiques de notre société ou “les fondations chancelantes de notre démocratie”.
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Conscient de notre besoin, que dis-je, de notre nécessité de montrer notre opposition, Ai Weiwei s’est allié à la plateforme Avant Arte afin de nous laisser balader son majeur à travers le monde, rapporte Hyperallergic. Pour ce faire, rien de plus simple : il suffit d’entrer une adresse (celle de la Trump Tower, de son ex, de l’Élysée… bref, le champ est large), de cadrer son image derrière le PNG du majeur d’Ai Weiwei et d’immortaliser son œuvre. Clic, la catharsis fait du bien.
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En proposant de démultiplier et démocratiser ce “geste obscène”, Ai Weiwei et Avant Arte souhaitent affirmer “l’importance de notre liberté à former et exprimer des croyances individuelles”. En transformant son célèbre projet en une “œuvre interactive”, l’artiste “invite tout le monde à partager sa propre perspective du pouvoir”. Ai Weiwei affirme d’ailleurs :
“On oublie souvent qu’on a un majeur. Et même si on s’en rappelle, on ne l’utilise pas. Je pense qu’il est bon de rappeler que cette partie de notre corps peut pointer quelque chose – une institution ou quelqu’un qui représente le pouvoir – afin de lui faire savoir, et se faire savoir, qu’on existe.”
Cette prolifération de majeurs vise, enfin, à prévenir le monde des “risques de l’aveuglement collectif”, d’une “culture où on ne pose plus de questions”. Bref, ce doigt d’honneur n’est pas un poing fermé mais bien une exclamation, une interrogation qui célèbre la puissance de l’individu au service du bien commun.
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