Le musée des Confluences de Lyon célèbre, jusqu’au 31 décembre 2023, le centenaire de la naissance du photographe Marc Riboud, présentant 100 de ses clichés parmi les plus emblématiques. C’est la première fois que l’institution, inaugurée fin 2014, consacre une exposition entièrement dédiée à la photographie.
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Le choix s’est naturellement porté sur le célèbre photographe-voyageur né en 1923 à Saint-Genis-Laval, près de Lyon, et décédé en 2016. “L’idée, c’est de présenter l’univers de Marc Riboud, sa personnalité et les grands thèmes qui ont fait sa vie : le voyage, son regard sur les gens, la rue, la contemplation et les grands bouleversements du monde”, explique Marianne Rigaud-Roy, cheffe de projet de l’exposition.
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Il était résistant
De l’Europe à l’Asie en passant par le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord, le public est invité à découvrir le parcours de vie de l’ingénieur de formation, dont son engagement dans la Résistance, à 20 ans, lors de la Seconde Guerre mondiale. Marc Riboud a commencé la photo avec l’appareil que son père utilisait dans les tranchées, lors de la Première Guerre mondiale. C’était un Vest Pocket de la marque Kodak.
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Il grandit en faisant le deuil de son père qui, traumatisé par le souvenir de cette guerre, se suicide quelques semaines après le début de la Seconde Guerre mondiale. Ses premières photos datent de ses 14 ans. Il immortalise, en 1937, l’exposition internationale “Arts et techniques dans la vie moderne”, à Paris, ainsi que les châteaux de la Loire.
1939 arrive, et Riboud passe les trois premières années de l’Occupation à Lyon. Il est à ce moment-là lycéen et rejoint la Résistance au côté du fiancé de sa sœur Françoise. Celui-ci sera tué par les nazis. En 1944, le photographe échappe de peu à une arrestation par les Allemands, dans le maquis du Vercors. C’est durant ces années-là qu’il se décide à entamer une carrière de photographe plutôt que de suivre sa formation d’ingénieur.
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Il est l’auteur de photographies iconiques
Parmi les œuvres exposées, on retrouve sa photo emblématique intitulée “La Jeune Fille à la fleur” (1967), qui présente une femme défiant les fusils des policiers, un chrysanthème à la main lors d’une manifestation à Washington D.C. contre la guerre du Vietnam, est la plus connue du grand public. Cette image est devenue un symbole des luttes populaires, de la paix.
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Le cliché du “Peintre de la tour Eiffel” (1953), aussi iconique, est également exposé. On y voit un ouvrier en plein travail de restauration sur une poutrelle de la Dame de fer, le pinceau à la main, l’air guilleret. Cette image fera également le tour du monde et sera la première publication de Marc Riboud dans le magazine américain Life, ainsi que son ticket d’entrée pour la célèbre agence Magnum Photos.
Il n’avait pas peur d’aller au cœur des conflits
Le travail du Lyonnais, un familier des illustres Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, ses pairs, participera dès lors à l’essor du photojournalisme de l’après-guerre. En Asie, il dénoncera “la violence des conflits”, selon Mme Rigaud-Roy, que saisit notamment une série d’images sur de petits villages détruits au Vietnam par la guerre avec les États-Unis. Marc Riboud se détournera des champs de bataille, marqué par la cruauté d’une scène lors la guerre de libération du Bangladesh en 1971.
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Comme un point final à l’exposition, qui dévoile aussi des images de l’indépendance de l’Algérie et de la révolution islamique en Iran, le public pourra écouter un témoignage du photographe, enregistré depuis la Chine, pays qu’il affectionnait particulièrement. Le public retiendra la déambulation d’un Pékinois dans “Une Cité interdite sous la neige” (1957), mais aussi le quotidien des habitant·e·s d’une rue de la capitale chinoise connue pour ses boutiques d’antiquités dans “Fenêtres d’antiquaire” (1965).