“Cinq morceaux, cinq buts, cinq ogives”. C’est comme ça que Leo SVR nous qualifie son premier projet Manita. Pour les non-adeptes, une manita, c’est tout simplement une victoire sur le score de 5 à 0, sorte d’humiliation suprême. Ce gros fan de foot aime les formats courts et a vu, dans cette référence, une manière efficace de sortir un premier projet : “Avec cet EP, on a voulu consolider le début d’une identité musicale développée à travers les singles envoyés depuis juillet”. Des singles au nombre de cinq, dont l’incisif et marquant “Gin Ou Génépi”, un titre frais sur une prod Detroit de Newsy dévoilé en février de cette année. Le track est accompagné d’un clip à l’ambiance hivernale, réalisé par son manager/réalisateur Ervin. Manita, c’est la nouvelle proposition de Leo SVR qui a essayé de chercher plus loin : “J’ai voulu être plus loquace, aller plus en profondeur dans les thèmes que j’aborde”, explique-t-il. Des thèmes, une réflexion et une musique qu’il a façonnés au fil des années.
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“J’vais pas try hard la street cred’, je viens de Saint-Vincent (de-Reins)” – “Chosen One”
Comme il le dit si bien, Leo SVR, 23 ans est originaire de Saint-Vincent-de-Reins (SVR), petit village situé à une bonne heure de Lyon. “J’ai vraiment une phobie, qu’on me définisse comme une espèce de parodie de rap de campagne. Je viens de là, ça fait partie de mon identité, mais c’est une relation un peu conflictuelle. Dans ma musique, j’ai envie de montrer les nuances”, explique le rappeur. Une relation complexe qu’il qualifie d’humaine. Il reste, malgré les points négatifs, encore très proche de là où il vient. Il réalise toujours ses clips à Saint-Vincent-de-Reins (“On a filmé dans mon ancienne école primaire”) et Leo SVR a déjà réalisé, avec son équipe, plusieurs résidences chez sa grand-mère.
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La musique, il la découvre avec ses parents premièrement : “Ils étaient super ouverts avec une grosse culture underground”. Pour ce qui est du rap, c’est avec Internet qu’il tombe dedans, un endroit primordial dans sa carrière musicale. Il écoute la 75e session, Vald ou encore Nekfeu mais c’est à l’internat dans un lycée lyonnais que sa passion va exploser. “En seconde, j’ai fait mes premiers concerts de rap en solo et c’est là que j’ai eu ma première vraie passion pour un artiste. C’était Hamza au moment de H24, je crois c’est l’artiste que j’ai le plus écouté de ma vie.” Puis, d’auditeur, Leo SVR passe de l’autre côté, par ennui et grande curiosité. Il commence dans son coin, sans rien dire à personne, sur GarageBand : “Juste avant de partir sur Paris pour mes études, je suis allé péter des heures de studio à Lyon et j’ai capté que c’était un truc que je pouvais vraiment kiffer fort”.
“L.E.O, j’suis entouré de bons, j’suis sur tous les rebonds” – “ZigZag sur mon chemin de croix”
Leo SVR atterrit à Paris pour des études de graphisme (c’est d’ailleurs lui qui est derrière toutes ses pochettes comme celle de son premier EP !) “Je rencontre mon premier lien musical là-bas, Maxime Petit, un ingénieur du son, encore actuellement, c’est lui qui mixe tous mes morceaux et c’est pas près de changer.” Pendant plus de trois ans, il expérimente. Il définit cette période comme “un gros laboratoire musical”.
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Il va jusqu’à sortir des morceaux, des clips et faire des concerts sous un autre pseudo mais ne se retrouve pas totalement dans ce qu’il produit : “À ce moment, je n’avais pas encore réuni toutes les pièces, un peu comme dans un jeu vidéo et c’est en les accumulant que j’ai pu ouvrir ce coffre”. Une période qui lui aura permis de créer une véritable équipe, grâce à Internet, avec notamment plusieurs beatmakers comme Bademe, Rodeo et plus récemment Pesow. Ils forment un collectif sous la bannière TM Corp, en passe de devenir un label d’après le rappeur.
“C’est que le début, c’est que le mimosa” – “Mont Ventoux”
“La plupart du temps, je suis tout seul quand je fais du son”. C’est dans sa chambre que Leo SVR s’enregistre tout seul, même s’il avoue que c’est une habitude amenée à changer, car il veut faire prendre une autre dimension à sa musique. Concernant la vision de son art, l’artiste originaire du Rhône n’est pas figé : “Je kiffe le bounce des prods Detroit mais en aucun cas je me prétends porte-étendard, j’ai pas envie d’être dans une case, je suis hyper-curieux et je me ferme pas pour la suite”, comme il le dit d’ailleurs dans l’introduction de son EP Manita : “Musique instinctive, ici, y a pas de dilemme”.
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Malgré tout, dans les titres révélés, on voit un Leo SVR ultra-cadencé, au plus près d’un rap technique et incisif qu’il qualifie lui-même comme un “rap de petit con”. Il y ajoute aussi une pointe d’humour et de dérision, ce qui apporte un certain relief au propos du rappeur.
“J’ai encore plein de choses à dire, encore plein d’histoires à raconter. J’ai aussi envie de me décentrer, je suis fasciné par les gens qui m’entourent et j’ai envie de prendre la parole pour plus de personnes.” Leo SVR ne pense qu’au rap et ne compte pas s’arrêter là si on en croit une des phrases de son premier projet.
Il nous glisse en fin d’entretien que le clip de “BB au volant”, conclusion du format court, arrive prochainement. Un visuel amorçant la suite qui devrait être teintée d’ouvertures, même s’il ne compte pas délaisser les fondements de sa recette musicale.
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