Qui est Dick Cheney, le monstre politique du film Vice ?

Publié le par Arthur Cios,

Le nouveau grand rôle de Christian Bale est l'une des personnalités politiques les plus importantes de notre époque.

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Il y a plein de raisons qui font que Vice est l’un des grands favoris des Oscars. Déjà, il s’agit du nouveau film d’Adam McKay : son dernier long-métrage, The Big Short, avait raflé un paquet de récompenses, dont l’oscar du meilleur scénario adapté. En outre, une fois encore, Christian Bale nous offre une performance incroyable, pour laquelle il s’est métamorphosé, comme il en a tant l’habitude — de même qu’Amy Adams, Steve Carell et surtout Sam Rockwell. Et puis enfin parce que le film est franchement génial.

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Mais il a une qualité que peu de films peuvent se vanter d’avoir : il parle d’histoire contemporaine. Ce long-métrage nous permet d’observer à la loupe la société américaine, notamment son évolution sur les 40 dernières années, et de voir de plus près des choses qu’on n’aborde même pas encore dans les livres d’histoire.

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Ainsi, en dépit de son ton très cynique (semblable à celui de The Big Short), ce film est une espèce de leçon d’histoire engagée, qui met en exergue toute la corruption de la classe politique américaine, en se concentrant sur la figure de Dick Cheney.

Tout le monde a parlé de la prise de poids de Christian Bale, et de la manière dont il a travaillé sa voix pour se glisser dans ce rôle. Mais le fait est qu’en France, on a tendance à ne pas connaître ce personnage. L’intérêt de Vice réside peut-être dans la manière dont il met en avant une figure trop peu connue et pourtant si importante.

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Retour sur un véritable monstre politique.

Une figure incontournable

Le destin politique de Dick Cheney a été en dents de scie, mais lui a permis d’atteindre le poste de vice-président des États-Unis, de 2001 à 2009, sous les deux mandats de George W Bush.

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Après avoir étudié à Yale, qu’il abandonne en cours de route, et l’Université du Wyoming, il démarre sa carrière en tant que stagiaire d’un député. Puis il rejoint l’équipe de Donald Rumsfeld (joué par Steve Carell dans le film) en 1969, qui est alors à la tête d’un organisme de lutte contre la pauvreté sous la présidence de Nixon, et qui deviendra son mentor politique. Par la suite, Cheney devient notamment le chef de cabinet de la Maison-Blanche (un poste stratégique de la branche exécutive).

Il réussit, tant bien que mal, à être élu député en tant que républicain en 1987. En réalité, il doit sa victoire à sa femme, qui le coache. Il blaguera plus tard sur le fait que n’importe qui marié à Lynne Cheney aurait pu être vice-président.

Il se fait connaître auprès du grand public pendant son mandat pour ses prises de position assez radicales. Il s’oppose par exemple à la mise en place d’un jour férié en mémoire de Martin Luther King Jr. ou à la création d’un ministère de l’Éducation nationale, il qualifie Nelson Mandela de terroriste…

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Cela ne l’empêche pas de grimper les échelons et de devenir une figure de l’ombre incontournable du parti républicain, jusqu’à devenir secrétaire de la Défense de George Bush Sr., en 1989. C’est à ce poste de la plus haute importance qu’il dirige la guerre du Koweït et l’opération Just Cause au Panama.

Pour faire simple, à chaque fois qu’un républicain arrive à une position de pouvoir entre 1969 et 2001, on retrouve Dick Cheney et sa famille politique pas loin. Mais son principal fait d’armes reste tout de même son mandat de vice-président de George W. Bush. Car dans le régime politique présidentiel américain, il faut savoir que le VP, sorte de Premier ministre (pour schématiser), a beaucoup moins de pouvoirs que le président, qui doit pour sa part gérer la diplomatie, la guerre, et la plupart des pouvoirs régaliens.

Le Dark Vador de la Maison-Blanche

Le tour de force de Cheney fut de réussir à négocier les conditions de son poste – qu’il refusait au début, malgré l’insistance lourde de Bush. C’est ainsi qu’il a récupéré les missions qui l’intéressaient le plus, notamment la direction de l’armée. Par ailleurs, c’est lui qui a réagi en premier lors des attentats du 11 Septembre, et c’est lui qui est parvenu à pousser Bush à faire une seconde guerre en Irak, contre Saddam Hussein (en partie pour ses propres intérêts, Cheney ayant aussi fait fortune dans l’industrie du pétrole).

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Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle dans le milieu “Dark Vador”, et qu’il en joue. Il traîne derrière lui une réputation d’homme de l’ombre qui a dirigé le pays pendant ses heures les plus sombres, et de manipulateur, qui aurait plus ou moins forcé Bush à prendre pas mal de ces décisions problématiques.

Cette idée est au cœur de Vice, qui se concentre autant sur le parcours de cet homme que sur sa manière de se faire une place sur l’échiquier politique. Le réalisateur nous l’a affirmé : certains dialogues, dont le plus important, celui sur le deal entre Bush et Cheney sur les pouvoirs de chacun, ont été reproduits quasiment au mot près.

Un film indispensable, sur une figure politique sous-estimée et trop méconnue, et pourtant si importante.