À quelques kilomètres de Paris, Arnaud Kasper a installé ses “homme-poisson”, “main-visage” et “femme suspendue” au cœur d’une forêt qu’il soigne, sculpte et fait découvrir sur rendez-vous. C’est “un coup de foudre”, dit à l’AFP le sexagénaire svelte, au large sourire, en faisant visiter le “bois des arts” où il vit désormais à plein temps. Il l’a découvert “il y a trois ans”, avec son ancienne maison de meunier surplombant la campagne au cœur du parc naturel régional du Vexin, à Épiais-Rhus, au nord de Paris.
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Sa “colonne du savoir”, statue monumentale de Victor Hugo, se dresse à l’entrée du domaine et regarde “précisément vers Notre-Dame”, assure-t-il. La célèbre cathédrale se cache derrière une colline à quelques kilomètres à vol d’oiseau et l’on distingue la tour Eiffel et les tours de La Défense, le quartier des affaires. Au milieu d’arbres centenaires, cèdres, séquoias, feuillus, le public tombe nez à nez avec des sculptures : un “homme-oiseau” au corps humain et à la tête de rapace inspiré de Baudelaire, un enfant blotti dans un œuf ou une “femme suspendue” dans les branches, répliques en résine et poudre de marbre ou en pierre d’œuvres de l’artiste, connu pour ses statues polymorphes et équestres, en bronze, vendues en France et à l’international.
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“Enfant de la mer”
Au sommet d’un tertre, son “homme-poisson”, profil humain caché dans un poisson à l’œil rond et l’une de ses premières statues, surplombe une allée de totems en cours d’installation. Le regard plonge dans une mer aux mille nuances de vert et l’on s’attend à voir surgir un chamane au milieu de ce sanctuaire naturel qui abrite chevreuils, renards, sangliers, lézards et oiseaux de toutes sortes. “J’ai grandi à Courbevoie [en banlieue parisienne] mais je suis un enfant de la mer”, dit l’artiste qui a passé son enfance à l’île d’Yeu (Pays de la Loire) et imaginé “l’homme-poisson” pour cette île, où il a longtemps été exposé avant d’être vendu à un collectionneur privé.
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“C’est sans doute mon œuvre la plus universelle, elle signifie le réveil de la conscience humaine”, développe-t-il. “J’ai toujours été fasciné par l’univers marin, ses voiliers et ses explorateurs. J’étais fan du navigateur Éric Tabarly, auquel ressemblait mon père”, ajoute ce fils d’architecte et d’une mère “disciple d’Arno Stern” et de “son éducation basée sur la libre expression”. Kasper, son nom d’artiste, a grandi “en dessinant”. Son maître-mot est “création”.
“Choc”
Devenu publicitaire à 23 ans, dans les années 1980, après une formation aux arts appliqués, il réalise une Transatlantique à la voile qui va changer radicalement sa vie. “J’ai croisé le regard d’une baleine et ça a été un choc. J’ai collé ma démission et je me suis lancé dans une carrière d’artiste”, raconte-t-il, en expliquant combien la pollution de l’océan par l’humain a contribué à ce choix, orienté ensuite par une “rencontre décisive” avec un sculpteur.
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Défendre et célébrer le vivant, la biodiversité menacée, devient son credo. Il entre aux beaux-arts en section taille de pierre aux ateliers parisiens de la Glacière et expose au musée d’Histoire naturelle une tortue de mer et un ours polaire “taillés dans le marbre à la pointe, à la main”. Parallèlement, il sculpte de son vivant le premier cheval de Bartabas, Zingaro, et commence un parcours hors norme de sculptures équestres, dont une commande pour la famille royale d’Arabie saoudite.
À la fin des années 1990, c’est une employée du musée Rodin qui va, sans le savoir, orienter son destin, en le recommandant après avoir visité son atelier. Un article de presse fait comparer par un non-voyant le toucher des sculptures de Kasper à celui qu’il vient de vivre au musée Rodin. “Je lui dois beaucoup”, dit l’artiste dont la carrière a décollé à cette époque.
Dans l’atelier qu’il a conservé à Asnières-sur-Seine, en banlieue parisienne, des centaines de bronzes polymorphes et équestres s’entassent au milieu de “souvenirs”, une moto, un vélo, des livres et objets éclectiques qu’il aimerait exposer au sein d’une future fondation. Cette année, il a inauguré une gigantesque statue de “Rossinante”, le cheval de Don Quichotte à l’orée du “bois des arts”, comme le symbole de sa “quête” sans fin.
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