Vous n’avez pas pu y échapper. La série Mon petit renne, ou Baby Reindeer en VO, squatte depuis quelques jours le top 10 de la homepage de Netflix. Débarquée sur la plateforme sans promo tonitruante, cette série d’auteur intimiste, à l’humour noir et dont le récit bascule vers le thriller anxiogène, s’est taillé une belle réputation grâce au bouche à oreille. On la compare déjà à la très marquante I May Destroy You de Michaela Coel.
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L’histoire, inspirée de la vraie vie de son créateur Richard Gadd, suit Donny, un barman londonien et comédien raté qui rencontre une avocate renommée, Martha (admirablement interprétée par Jessica Gunning), dont il apprécie d’abord l’attention qu’elle lui porte. Sauf que l’amitié qui naît entre les deux va vite virer au cringe. Elle n’est clairement pas la personne qu’elle prétend être et elle nourrit vite une obsession malsaine pour Donny.
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Trigger warning : la série dépeint des faits de harcèlement et d’agression sexuelle.
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Martha existe bel et bien. Richard Gadd, qui incarne Donny dans Mon petit renne, a vraiment été victime d’une stalkeuse. C’était en 2015, il avait alors une vingtaine d’années et il vivait déjà avec le traumatisme d’avoir été violé par un homme influent dans son milieu.
Richard Gadd travaillait dans un bar et, comme son personnage dans la série, était d’abord flatté par l’attention que lui portait la vraie Martha (dont le véritable nom doit rester anonyme). Elle le voyait, lui, à travers ses traumas et ses échecs. Elle avait le double de son âge et sa présence est rapidement passée d’un peu envahissante a carrément prédatrice.
Spoiler alert si vous n’avez pas vu la fin de Mon petit renne !
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Dans la série, Martha est finalement arrêtée pour des faits de harcèlement, notamment pour avoir menacé, par message vocal, de poignarder Donny et ses parents et écope de neuf mois de prison après avoir plaidé coupable. Donny, quant à lui, obtient une ordonnance d’éloignement contre Martha sur une durée de cinq ans. C’est la dernière fois, dans ce tribunal, qu’il a croisé sa route.
Ça, c’est l’histoire que Richard Gadd a racontée dans Mon petit renne qui, avant d’être une série Netflix, était une pièce de théâtre présentée lors du Edinburgh Fringe Festival en août 2019. Dans les faits, la vraie Martha n’a jamais été incarcérée. L’auteur explique au magazine The Times : “Je ne voulais pas envoyer en prison quelqu’un aussi instable mentalement”. En 2019, il a tout de même obtenu qu’elle ne le contacte plus jamais, mais elle est repartie libre.
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S’il redoute évidemment que la popularité de Mon petit renne fasse ressurgir sa stalkeuse, toujours dans la nature, il espère surtout que cette histoire la fera réfléchir sur son comportement. Malgré le traumatisme et l’anxiété qu’il continue de subir aujourd’hui, Richard Gadd insiste : “Je veux vraiment que l’on comprenne qu’elle est tout autant une victime dans cette histoire”, comme il le déclarait en 2019 dans The Independent.
Plus récemment, dans une interview accordée à Radio Times, il expliquait : “J’ai simplement vu en elle quelqu’un qui n’allait pas bien, qui avait besoin d’aide, et qui était plutôt vulnérable”. Des sentiments qui semblent conflictuels, mais qui sont parfaitement dépeints dans la série, notamment par le biais de l’emprise, à la fois pernicieuse, dangereuse, mais aussi parfois rassurante, que Martha a sur Donny.
La minisérie Mon petit renne est disponible sur Netflix.
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