10 ans après La Source, voilà ce que deviennent les membres du groupe 1995

Publié le par Guillaume Narduzzi,

Alors que leur premier projet "La Source" fête ses 10 ans, faisons un point sur l’actualité des membres du collectif.

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Si son empreinte sur le rap français du début des années 2010 est indéniable, le groupe 1995 s’est pourtant “seulement” contenté de trois projets. Avec La Source en 2011 qui fête ses dix ans ces jours-ci, le collectif se fait rapidement un nom sur la scène française grâce à un flow teinté d’influences nineties, profitant de l’exposition précoce offerte par les Rap Contenders quelques mois plus tôt. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud comme dit le célèbre adage, et les Parisiens ont enchaîné l’année suivante avec La Suite et surtout Paris Sud Minute, leur seul véritable album.

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Mais depuis ? Plus rien, et cela ne devrait pas changer. Si les fans attendent toujours un nouveau projet, Alpha Wann a douché les espoirs de tout le monde en début d’année 2020, expliquant sur Instagram qu’il n’y aura “jamais de projet 1995 lol” car les membres n’ont “plus les mêmes goûts”. Même si cette position n’a rien de définitif, ils multiplient désormais les projets chacun de leur côté. Si certains ont explosé en solo au point de devenir des poids lourds de la scène francophone, d’autres se sont reconvertis et ont connu diverses fortunes.

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Petit tour d’horizon des anciens membres de 1995.

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Nekfeu

C’est le premier rappeur du groupe à avoir explosé sur la scène nationale. Malgré sa facilité naturelle, Nekfeu ne s’est pas reposé sur ses acquis et n’a pas arrêté de charbonner. D’abord avec 5 majeur, une expérience qui aboutira aux disques 5 majeur en 2011 et Variations deux ans plus tard, et L’Entourage, le collectif ayant sorti en 2014 un album intitulé Jeunes entrepreneurs.

Puis seul. L’année suivante, le fennec passe le cap de l’album en solo et lâche Feu, un disque de vingt pistes qui enflamme le rap céfran. Si des morceaux comme “On verra” ou “Ma dope” permettent à Nekfeu de conquérir vitesse grand V le grand public, les amateurs plus traditionnels de rap y trouvent également leur compte avec des titres davantage percutants comme “Martin Eden”. Un album qui est aujourd’hui certifié disque de diamant (plus de 500 000 exemplaires).

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S’ensuit une expérience avec un autre collectif, S-Crew, qui aboutira au disque Destins liés en 2016, année durant laquelle il dévoile son deuxième effort solo : Cyborg. Plus expérimental que le premier (et sans promotion), Cyborg est toutefois certifié disque de diamant depuis. Un succès monstrueux, qui lui ouvre les portes du cinéma. En 2017, il donne la réplique à Catherine Deneuve dans Tout nous sépare.

Désormais installé comme l’un des best-sellers du rap français, l’artiste parisien a pu multiplier les collabs prestigieuses. Il faut dire que l’attente autour de son troisième album était énorme. À tel point que son Black Album (enregistré entre 2009 et 2011) a même leaké sur Internet l’été dernier. Une attente interminable pour les fans, qui a pris fin le 6 juin dernier avec la sortie de son troisième album solo, Les Étoiles vagabondes. Depuis, le disque est lui aussi devenu tranquillement diamant, remportant l’âpre bataille commerciale du rap français en 2019. Et comme Nekfeu ne fait rien comme personne, cette sortie a été accompagnée d’un documentaire du même nom – qu’il coréalise –, projeté une seule fois dans les salles obscures avant d’être disponible sur Netflix.

Depuis, Nekfeu s’est montré très discret avec juste quelques featurings, souvent très logiques avec ses amis Alpha Wann, S.Pri Noir, Doums ou Népal, mais aussi quelques-uns plus surprenants comme avec Dinos ou Kalash Criminel.

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Alpha Wann

Si pour Nekfeu la réussite fut quasiment instantanée, Alpha Wann aura dû attendre 2018 pour briller comme il le devait. Une fois l’expérience 1995 proche du crépuscule, le rappeur a pleinement pris part à l’aventure L’Entourage avec ses compères Fonky Flav’ et Nekfeu, avant lui aussi de se lancer dans une carrière en solo. En 2014, il dévoile son premier EP, le judicieusement nommé Alph Lauren.

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Un premier projet de huit morceaux, qui sera reconduit tous les deux ans (2016 et 2018) pour donner une trilogie ronronnante. Car si certains morceaux se sont révélés être de bonne facture, l’ensemble laissait un peu à désirer tant on sentait chez Alpha Wann un potentiel bien supérieur à ses productions. Le diamant était sûrement encore trop brut, comme en témoigne ce temps de maturation avant sa véritable éclosion.

Et après des années faites de fulgurances, c’est dans la deuxième partie de 2018 que le rappeur parisien explose en solo avec l’excellent Une main lave l’autre, l’un des meilleurs projets rap français de ces derniers mois, tout simplement. À noter qu’avec son grand ami Hologram Lo’, Phaal a même fondé son propre label, Don Dada Records, ainsi qu’une marque de vêtements, Don Dada Athletics.

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes pour lui, comme en témoigne son fabuleux Colors, extrait de l’EP PPP qu’il a dévoilé en septembre 2020. Depuis, Alpha Wann a totalement confirmé la tendance avec la parfaite Don Dada Mixtape à la fin de l’année 2020, réalisant son plus gros score. En quelques mois, Alpha Wann est devenu ce qu’il aurait dû être : une référence totale.

Fonky Flav’

MC à l’ancienne par excellence, Fonky Flav’ a toutefois choisi de poser le mic et de se reconvertir après un ultime projet avec L’Entourage. Pas question pour autant de quitter le monde de la musique, puisque l’ancien membre de 1995 gère aujourd’hui son propre label : Panenka Music. Avec, à son actif, quelques pépites comme PLK, Georgio ou encore Thérapie Taxi. Pourtant, ce choix de carrière n’a rien de vraiment très étonnant, au point d’être finalement presque prévisible.

À l’époque 1995, Fonky Flav’ était considéré par beaucoup comme le maître à penser du groupe, celui qui réfléchit ventes, communication, organisation et marketing. Les pieds ancrés sur terre, il a toujours été l’un des piliers les plus stables du collectif. Pour les premiers sons du groupe, c’est son placard qui était réquisitionné pour en faire un studio de fortune. Désormais, il est pleinement investi dans son métier – avec une belle réussite.

Sneazzy

Suite au carton de 1995, Sneazzy a lui aussi tiré son épingle du jeu au fil des années. Si ses productions n’atteignent pas le succès commercial de son confrère Nekfeu ni le succès critique du dernier album de son comparse Alpha Wann, le rappeur a pris le temps de peaufiner ses projets. Il dévoile en 2015 son premier album, Super, et subit un échec cuisant (ce n’est pas nous qui l’affirmons) qui ne fera que décupler l’ambition du jeune homme.

L’année suivante, il débarque avec Dieu bénisse Supersound et surprend son monde avec une sorte de gros EP fait de featurings en famille (Nekfeu, Alpha Wann, S.Pri Noir), qui va permettre au rappeur de trouver et fidéliser son public. En témoignent les “saisons” 2 et 3 de la saga Dieu bénisse Supersound parues respectivement en 2017 et 2018.

Récemment, il a dévoilé de nouveaux singles qui peuvent laisser présager de l’arrivée d’un nouveau projet prochainement. Reste désormais à voir comment le rappeur du 14e arrondissement de Paris va tenter de se renouveler dans les années à venir. Avec une productivité qui ne s’arrête pas à la musique, puisque lui aussi a sorti sa propre ligne de vêtements, répondant au nom de Supersound. En 2020, Sneazzy a proposé un nouvel album, Nouvo Mode, où on retrouve ses anciens collègues Nekfeu et Alpha Wann.

Hologram Lo’

Producteur attitré du groupe, Hologram Lo’ a toujours autant été mis en avant que les autres membres de 1995. Après la fin officieuse de 1995 avec l’album Paris Sud Minute, il a multiplié les collaborations des plus intéressantes. S’il est évidemment resté proche de Sneazzy, Nekfeu, Alpha Wann et Areno Jaz, il a également participé à d’anciens projets qui ont aujourd’hui explosé sur la scène française. En 2012, il contribue à l’EP Le singe fume sa cigarette avec Lomepal et Caballero en 2012. Une collab héritée de la connexion précoce des membres de L’Entourage avec Bruxelles, comme nous le racontait Lomepal lors de la sortie de Jeannine.

L’année suivante, il produit intégralement l’un des tout premiers projets de Georgio : Soleil d’hiver. C’est alors qu’il tente de voler de ses propres ailes avec un premier projet solo intitulé Deeplodocus, avec comme seul fearturing sur la tracklist Alpha Wann et Prince Waly. Excusez du peu. Entre quelques productions pour des artistes reconnus comme Jazzy Bazz ou Guizmo, Hologram Lo’ a su garder un peu de temps pour deux autres EP tout droit sortis du concessionnaire. Intitulés Lexus et Jeep, ceux-ci sont parus respectivement en 2015 et en 2016. Depuis, on a revu Hologram Lo’ derrière certaines productions pour Huntrill, Captaine Roshi et bien sûr Alpha Wann pour la Don Dada Mixtape. Incontournable.

Areno Jaz (devenu Darryl Zeuja)

Après un changement de nom, Areno Jaz a tenté de prendre tant bien que mal son envol quasi immédiatement. Les projets de Darryl Zeuja, de son nouveau nom, sont quelque peu passés sous les radars. Dès 2012, il balance un EP de dix titres nommé Alias Darryl Zeuja. L’année suivante, il récidive avec son groupe XLR et dévoile carrément un album, Rue du bon son. Après cette escapade collaborative, il revient en solo pour distiller son flow old school. Ou presque, puisque son album Innercity, le dernier en date, est entièrement produit par son comparse Hologram Lo’.

Des projets qui sont tous hébergés sur son propre label, Jihelcee Records, avec lequel il gère également les intérêts du beatmaker Vaati (ancien collègue de Nusky). Darryl Zeuja, qui a tout connu de l’expérience 1995, ne semble pas vouloir abandonner la musique pour autant, puisqu’il continue de dévoiler régulièrement de nouveaux morceaux sur les plateformes de streaming, notamment durant la première partie de 2018. Depuis, le rappeur a sorti deux albums, Chilladelphia et Chilladelphia 2. Nous l’avions rencontré à cette occasion.