Pourquoi une œuvre de Banksy divise les habitants d’une petite ville anglaise ?

Publié le par Lise Lanot,

© Banksy

Un goéland, une grue, 230 000 euros et un joli tas de problèmes.

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En août 2021, Banksy s’était offert un road trip le long des côtes anglaises. Baptisé “A Great British Spraycation”, son séjour avait consisté en la réalisation d’une tripotée d’œuvres cyniques et truculentes dont un rat, son rongeur fétiche, sirotant un cocktail dans un transat ; une pince de machine de fête foraine transformant les passant·e·s qui s’y assoient en lot ou peluche à gagner ; ou encore un immense goéland, ailes déployées et bec ouvert, prêt à se régaler au-dessus d’une benne à encombrants.

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L’oiseau avait trouvé sa place sur la façade blanche d’un bâtiment de Lowestoft, ville balnéaire du Suffolk, appartenant à un couple, Garry et Gokean Coutts, absent·e·s lors de la réalisation de l’œuvre. Si rentrer de vacances et découvrir sur sa maison l’œuvre d’un des artistes les plus célèbres de la planète peut faire rêver, la réalité prend souvent des allures de galère lorsqu’il s’agit de Banksy.

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Bien que la présence de l’œuvre ait augmenté la valeur de la propriété (en 2022, un immeuble de Los Angeles voyait sa valeur multipliée par 7), elle a également entraîné des coûts pour le couple. Face aux hordes de curieux·ses qui se pressaient pour prendre une photo à côté de l’œuvre, la mairie a proposé au couple une vitre de préservation qu’il devrait entretenir au prix de 40 000 livres Sterling par an, rapporte Artnet.

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De plus, le défilement de badauds est devenu difficile à gérer pour les Coutts, qui ont dû embaucher un vigile nocturne afin de protéger le mur des personnes qui tentaient de le repeindre ou de s’en emparer : “Au début, c’était incroyable mais les choses sont devenues de plus en plus stressantes. Je ne suis pas sûre que Banksy se rende compte des conséquences imprévues sur les propriétaires”, confiait M. Coutts à la presse.

Gros sous et grosses colères

En avril dernier, le couple a pris la décision de se séparer de son goéland. Avec 200 000 livres Sterling et une grue de 12 mètres, l’oiseau a pris son envol. Les Coutts souhaitent vendre leur bout de mur “afin d’amortir leurs dépenses”. Sachant que les œuvres de Banksy partent en général pour des sommes à 6 chiffres, les propriétaires devraient empocher de jolis bénéfices. Leur décision est vivement critiquée par nombre de passionné·e·s et habitant·e·s de la ville, qui regrettent que l’œuvre ne trouve pas sa place dans un musée ou dans un lieu accessible à tous les regards.

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Les Coutts ne sont pas les premiers à retirer de l’espace public un Banksy : en 2021, une autre création du “Great British Spraycation” (représentant un enfant vacancier muni d’un pied de biche lui permettant de construire un château de sable) avait été retirée. Des ouvriers étaient venus retirer le pan de mur sur lequel était taguée l’œuvre, appartenant à un atelier électrique abandonné mis en vente. D’abord mise à prix 300 000 livres Sterling, la boutique était passée à 500 000 après que Banksy avait confirmé être l’auteur de l’œuvre qui la décorait.

Début 2019, le galeriste John Brandler s’attirait également l’ire des fans de Banksy en retirant d’un mur de Port Talbot Season’s Greetings, une œuvre corrosive dénonçant la qualité de l’air. L’œuvre était devenue “un cauchemar” pour le propriétaire du garage choisi par Banksy. Deux ans plus tard, le collectionneur dépensait “une somme à six chiffres” pour s’approprier l’image d’une petite fille faisant du hula-hoop avec une roue de vélo sur le mur d’un salon de coiffure de Nottingham.

Les internautes expriment à chaque fois leur colère et leur dégoût face à ces achats allant à l’encontre des volontés de Banksy – qui refuse de voir ses travaux enfermés entre quatre murs et, à l’image de son goéland, ne désire que les voir profiter du grand air. Pourtant, quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, il semble que le street artiste finisse inlassablement par voir ses travaux lui échapper et s’échanger contre de gros billets.

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