On n’espérait pas grand-chose de ce Coachella 2024, visiblement moins attendu que les autres années — en témoignent les faibles ventes de tickets (le second week-end n’est toujours pas sold out) et les réactions mitigées face au line-up. Il faut dire que les trois têtes d’affiche du festival, à savoir Lana Del Rey, Doja Cat et Tyler, The Creator n’ont pas le côté exclusif qu’avaient BLACKPINK, Beyoncé ou Frank Ocean lors de leurs éditions. Pourtant, contre toute attente, ce premier week-end du Coachella nous a foutu un FOMO intersidéral, surtout pour le concert de Tyler, The Creator.
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Rarement les microévénements et autres apparitions surprises n’ont autant déferlé sur nos timelines : une teuf en last minute de Billie Eilish, une apparition de Ms Lauryn Hill, de Will Smith, de Kesha, de Shakira, de Mac DeMarco, les révélations de Sabrina Carpenter et Chappell Roan, la consécration de Victoria Monét et Reneé Rapp, les golden boys français Justice et Gesaffelstein au sommet des States : trop de choses se passent au Coachella cette année, qui redevient incontestablement the place to be.
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Au niveau des têtes d’affiche, Lana Del Rey a prouvé qu’elle était une semi-divinité dans un show de rêve (mais beaucoup trop mou que pour qu’on s’y attarde trop longtemps), Doja Cat a marqué l’Histoire avec une performance plutôt bluffante, tandis que Tyler, The Creator, headliner du samedi dont on ne doutait pas forcément des qualités de showman, s’est montré bien au-delà de ce qu’on attendait de lui. La vraie claque du Coachella 2024, c’est lui.
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On comprend assez tôt, dès l’introduction de son show, que Tyler, The Creator ne fait pas les choses comme les autres. Avec lui, pas de glorification pharaonique en guise de premier acte ou d’entrée sur scène en fanfare. C’est avec une sorte de “mockumentaire” projeté sur grand écran que débute son show en tête d’affiche du festival. On y voit Tyler, The Creator en habit de campeur se préparer pour son show, en “direct” d’une caravane, qu’il se retrouve à exploser dans une entrée sur scène enflammée et inattendue.
D’entrée de jeu, le rappeur donne le ton : “Je m’apprête à gueuler sur scène, à chanter faux et à sauter partout à en faire suer ma b*te”. Ce qu’il dit, il le fait : pendant près d’une heure et demie, au fil de sa discographie bien chargée, dans un décor surréaliste qui nous plonge en plein canyon américain, Tyler, The Creator enchaîne les tours de force, passe du rap ciselé de “LEMONHEAD” à la volupté de “DOGTOOTH” ou “BEST INTEREST” — qu’il interprète en live pour la toute première fois.
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Les fans de la première heure ont eu droit à des prestations à l’ancienne de “Yonkers” ou “Odd Toddlers”, tandis que les néophytes ont pu se régaler sur “LUMBERJACK” ou “SORRY NOT SORRY”. Mention spéciale pour le sublime “I THINK” de l’ère IGOR, qui s’offre une extension inédite avec une intro rallongée et surtout un bridge tout simplement parfait, qui a échauffé toute la plaine de la Main Stage, jusqu’à faire vibrer les quatre coins de la planète branchés sur le livestream du festival.
Tout au long du show, Tyler, The Creator reste le protagoniste, mais n’a pas peur de partager la lumière avec d’autres artistes, qui renforcent la qualité du show. On retrouve ainsi Donald Glover, alias Childish Gambino, qui s’invite sur le “RUNNING OUT OF TIME” de son ami, qui ne manque pas de signaler qu’il “détestait” Donald à l’époque. Autre ancien ennemi de Tyler, The Creator, c’est A$AP Rocky qui vient prêter main-forte au rappeur sur “Potato Salad” et surtout “Who Dat Boy”, l’un des points d’orgue de la soirée.
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Dans un registre moins vénère, c’est la légende Charlie Wilson (membre du mythique Gap Band) qui s’est jointe à Tyler, The Creator pour une touchante version piano voix du hit “EARFQUAKE”, tandis que la reine Kali Uchis a écourté son congé maternité pour gâter les fans sur le “See You Again” qu’elle partage avec Tyler, The Creator. C’est la plus belle chanson d’amour qui soit, si vous voulez notre avis.
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C’est sur une sombre version de “NEW MAGIC WAND” que se boucle le concert, alors qu’une bourrasque de vent semble s’emparer du décor, en feu, et que Tyler s’accroche comme il peut à un rocher, avant de se faire éjecter violemment hors du cadre. Vous vouliez une sortie de scène ? Tyler, The Creator vous offre un Tarantino en guise d’au revoir. C’est la folie des grandeurs.
Fidèle à lui-même, Tyler, The Creator a assuré son headline show du Coachella comme il a toujours mené sa carrière depuis ses débuts chez Odd Future : en restant lui-même, dans tout ce que ça a de complètement barré et d’éminemment honnête. Juste comme ça, une nouvelle légende semble marquer l’histoire du festival.