Depuis quelques jours, tout l’Internet est en émoi. Le projet maudit qu’on appelle communément Snyder’s Cut de Justice League, que plus personne n’espérait voir un jour après des mois de silence de mort et ce malgré les revendications des principaux intéressés, va finalement sortir.
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Cette version 2.0 du film façon Avengers de DC Comics sera disponible sur la plateforme HBO Max, sorte de Disney+ pour la Warner, en 2021. Bon, nous ne savons pas encore précisément quand la plateforme sera disponible en France, mais qu’importe ! Nous avons une date de sortie pour le Snyder Cut.
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Histoire de mieux saisir pourquoi les fans jubilent autant, voilà la petite histoire de ce film, et de la longue attente qu’il y a eu avant sa confirmation.
Bis repetita
Dès la sortie en salles en novembre 2017 de Justice League, le grand projet de la Warner pour réunir tous ses futurs héros façon Avengers, les fans de DC se sont sentis lésés. En cause ? Un drôle de montage, qui ressemblait un peu à celui de Batman v Superman, qui était sorti en salle l’année d’avant. C’est-à-dire charcuté, privilégiant l’action par rapport au fond et aux backstories, et mettant de côté des éléments de l’intrigue, la rendant plus légère mais du coup plus confuse. Et sans parler de la fin laide, marque de fabrique de DC…
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L’année précédente, la version sortie en salle de BvS était décevante exactement de la même manière. Les fans sentaient bien que le réalisateur, Zack Snyder, avait une vision mais que le montage ne lui rendait pas hommage. Et dans la version longue rendue disponible avec la sortie en Blu-Ray du film, les fans reprenaient espoir : le film était nettement mieux foutu, plus dense, plus puissant, plus intéressant, plus violent (R-Rated, contre le PG-13 de la version sortie en salles) et fonctionnait mieux dans son ensemble — on ira même jusqu’à avancer que la “scène des Martha” de la fin est moins choquante.
Les fans de DC étaient donc ressortis de Justice League avec la même amertume, pensant que la Warner aurait appris de son erreur de sortir un film charcuté loin des attentes de Snyder, qui revenait à la réal de cette suite. Sauf que là, l’affaire est un peu plus compliquée que sur le Batman V Superman. En ce qui concerne BvS, l’histoire est toute simple : le studio trouvait le film trop long, trop violent, et a coupé dedans. En gros. Ce qui est monnaie courante dans le monde merveilleux d’Hollywood.
Sauf que pour Justice League, ce n’est pas si simple.
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Un réalisateur viré, et un film massacré
Alors que le film était en cours de postproduction, le réalisateur Zack Snyder a vécu un drame familial (le suicide de sa fille), ce qui l’a poussé à se retirer du projet. Enfin, ça, c’est la version officielle. Ce qui se dit, même si une voix (seule) s’est dressée depuis pour contredire cette version (oui, c’est le bordel), c’est que la Warner cherchait à le virer depuis quelques mois avant son retrait, du fait de l’échec relatif de BvS, que c’est pour cela qu’ils ont viré Greg Silverman, qui supervisait jusque-là toutes les productions DC et qui tenait à garder Snyder, et que les exécutifs étaient très déçus du travail du cinéaste.
Il faut donc remplacer Snyder fissa. Joss Whedon, qui a réalisé le premier Avengers ainsi que Avengers : l’Ère d’Ultron (ce qui n’est pas anodin quand on connaît la rivalité entre Disney et Warner sur les blockbusters super-héroïques) prend le relais sous la demande express de la Warner. Et c’est là que ça devient une tout autre histoire !
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Ce dernier relance le tournage pour ajouter des scènes à foison, comprendre ici que près de 20 % du film auraient été retournés par Whedon, ce qui est énorme — selon Snyder, la version sortie en salles ne représente en réalité qu’un quart de son travail… Forcément, tout cela coûte une fortune, soit la bagatelle de 25 millions de dollars.
Et c’est sans parler du détail qui met toute l’entreprise en branle : la moustache de Henry “Clark Superman Kent” Cavill. Ce dernier arbore depuis quelque temps une grosse moustache qu’il ne pouvait raser à cause d’un contrat avec la Paramount pour son rôle dans le dernier Mission Impossible. La Warner a dû effacer numériquement la moustache pour coller aux premiers rushs — une horreur visuelle.
Whedon signe donc le montage final, qui atterrit en salle. Et vous connaissez la suite. Sauf que là, ce n’est pas une version longue en Blu-Ray qui pourra sauver le film. En revanche, de plus en plus de fans déçus se demandent à quoi aurait ressemblé le projet si Snyder n’était pas parti.
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Et ce qui devait arriver, arriva.
Le Snyder Cut, un “mythe” devenu réalité
Pendant des mois et des mois, les fans vont signer des pétitions (près de 180 000 signatures sur celle-ci, tout de même), créer des sites et se mobiliser pour pouvoir voir la version du premier cinéaste. Jusqu’au jour où, après un an et demi de combat, en mars 2019, Zack Snyder le dit lui-même :
“Je ne peux donner une réponse exacte à cette question, car je ne sais pas. Mais elle existe, elle est prête, à part quelques plans de CGI. Mais je ne la possède pas, légalement je ne peux la sortir. J’espère que ça ne sera pas trop long.”
Et depuis, c’est la folie. Les fans du monde entier exploitent le hashtag #ReleaseTheSnyderCut, et les stars du film ont repris le flambeau pour aider la cause, avec en tête de file Jason “Aquaman” Momoa, qui se targue de l’avoir vu et de savoir à quel point il est génial.
Pour sa part, Ray Fisher, l’acteur incarnant Cyborg dans le film, a déclaré :
“Zack a probablement tourné tant de matière pour Justice League qu’il a de quoi en faire deux films. Il avait, je pense, une trilogie complète en tête […].”
Cela fait donc plusieurs mois que sur Twitter, le hashtag revient. Et même Zack Snyder se prête au jeu. Il balance sur Vero, un réseau social façon Instagram, des story-boards et des images inédites de son montage – et il est difficile de ne pas avoir l’eau à la bouche. Car ce qu’on y trouve n’a franchement pas grand-chose à voir avec la version Whedon sortie en salles.
Regardez par vous-même :
De ce qu’on y voyait, toute l’intrigue autour de Flash semble plus consistante (notamment cette histoire de voyage dans le temps). Il en va de même pour Cyborg et sa famille. Et on aurait même eu droit à quelques surprises, comme l’apparition de J’onn J’onzz (Martian Manhunter) !
Un beau coup de comm’
Sauf que pendant tout ce temps, la Warner était bien silencieuse. Et plus le temps passait, et plus il nous semblait évident que le film ne sortirait jamais dans cette version. Il s’agirait d’un bel aveu d’échec de la part du studio, et il semblait logique que la Warner ne voudrait pas s’enfoncer dans la mouise alors que le gloubi-boulga dégueu qu’est le DCEU s’efface de plus en plus face à l’énorme succès du Joker aux antipodes des blockbusters fades du studio, et le nouveau Batman de Matt Reeves au casting parfait.
Puis, sans crier gare, voilà que le Saint-Graal est là : le Snyder Cut sera prochainement disponible. Comprendre en 2021 sur HBO Max. Bon, la Warner doit lâcher un petit chèque de 20 millions de dollars pour polir le bébé des derniers effets spéciaux à perfectionner, mais cela vaut clairement le coup. Pour éteindre la polémique une bonne fois pour toutes, mais pas que !
Car derrière cette drôle d’opération se cache en réalité le meilleur coup de comm’ sur la plateforme à venir que pouvait s’offrir le studio. Combien de millions de fans vont finalement décider de ne plus bouder HBO Max (que beaucoup trouvent trop cher, avec ces 15 euros par mois) ? Beaucoup, sans nul doute.
Et ici, tout ce qu’on peut faire, c’est croiser les doigts pour espérer que la plateforme sera disponible d’ici là en France. Ce qui n’est pas évident…
Article écrit le 15 novembre 2019, mis à jour le 25 mai 2020.