Une chanson country aux paroles très politiques contre les élites aux États-Unis, sortie sur les réseaux sociaux et créée par un ouvrier agricole complètement inconnu, est en tête du palmarès de la musique américaine, du jamais-vu selon le site Billboard lundi.
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Oliver Anthony et son morceau “Rich Men North of Richmond”, du nom de la capitale de la Virginie située à 175 km au sud de Washington, a dépassé les mégastars Taylor Swift, Morgan Wallen et Olivia Rodrigo pour prendre la première place du classement Billboard Hot 100 daté de la semaine du 26 août et qui sera publié ce mardi.
D’après Billboard, dont le Hot 100 reflète les performances de tous les disques, diffusions en streaming et à la radio, tous genres musicaux aux États-Unis, c’est la première fois qu’un auteur-compositeur jamais apparu dans aucun hit-parade réalise un tel exploit.
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Sortie le 11 août sur YouTube, aussitôt en tête d’un classement country de la plateforme iTunes d’Apple Music, “Rich Men North of Richmond” a été écoutée en streaming quelque 17,5 millions de fois et téléchargée à 147 000 unités en une semaine, selon Billboard. La vidéo sur YouTube qui met en scène Anthony – gaillard roux à la barbe fournie, vêtu d’un T-shirt vert, une guitare acoustique en bandoulière, jouant et chantant au micro – a été vue 30 millions de fois.
Accompagnées d’une musique bluegrass, branche de la country, les paroles dénoncent la dureté de la vie de la classe ouvrière et des plus démunis face aux privilèges des riches et des élites de la première puissance mondiale.
Repris par l’extrême droite
La droite et l’extrême droite aux États-Unis ont vite récupéré le morceau. Le tabloïd du magnat conservateur Rupert Murdoch, New York Post, l’a baptisé “l’hymne politique des cols-bleus”, reprenant un couplet qui oppose “les gens à la rue qui n’ont rien à manger” aux “obèses qui pompent les allocs”. Un éditorialiste du journal a salué lundi une chanson “libertarienne” et “populiste”.
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“Rich Men North of Richmond” fait la part belle au fait que le pays est clivé politiquement entre le Sud et le centre ruraux et conservateurs et les villes des côtes est et ouest progressistes. Les commentateurs ultraconservateurs Laura Ingraham et Matt Walsh en ont fait leurs choux gras depuis quelques jours, selon le New York Times, et l’élue républicaine de Géorgie (sud) au Congrès, Marjorie Taylor Greene, soutien de Donald Trump et adepte de théories complotistes, avait salué sur X/Twitter “l’hymne des Américains oubliés depuis longtemps par notre gouvernement”.
Mais le morceau plaît aussi à gauche. Le sénateur démocrate du Connecticut, Chris Murphy, a estimé sur X que “les progressistes devaient aussi écouter” cette chanson contre “les salaires de merde et le pouvoir des élites”.
De fait, Oliver Anthony a des accents très politiques. Lors d’un concert gratuit samedi en Caroline du Nord, auquel la télé Fox News a assisté et qu’elle a relayé lundi sur X, le musicien a déclaré : “Je ne vois pas notre pays durer une génération de plus si on continue sur cette voie. Nous devons revenir aux racines de ce qu’a fait la grandeur de ce pays. Nous sommes le melting-pot du monde et c’est ce qui nous rend forts.”
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