Pourquoi l’artiste Tamara de Lempicka a demandé à faire cramer ses cendres dans un volcan ?

Publié le par Lise Lanot,

© Tamara de Lempicka

Retour sur la carrière d’une peintre tout feu, tout flamme, dont le travail a marqué l’art et l’histoire du XXe siècle.

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Tamara de Lempicka ne faisait rien comme tout le monde, en témoignent ses dernières volontés de voir cramer ses cendres au-dessus d’un volcan et une vie de faste et de créations. Dans sa vie comme dans son œuvre, elle affirmait son “but [de] ne jamais copier”. Inspirée par l’art classique, les règles de composition et la technique desdits “grands maîtres”, autant que par les mouvements modernes, notamment cubistes, elle a développé un style unique où l’énergie, le dynamisme et l’audace des toiles coudoient un travail acharné du trait, des compositions et des couleurs – avec une gamme chromatique restreinte mais intense.

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Entre modernisme et maniérisme, elle est devenue une des figures phares de l’Art déco et des mouvements artistiques des Années folles, développant un style efficace, dans l’air du temps, rapidement populaire. Ses portraits, élégants, audacieux, tout en subtilité définissent particulièrement bien la période de l’entre-deux-guerres et l’espoir, le faste, les volontés d’insouciance et de liberté des Années folles. Les femmes qui habitent nombre de ses tableaux appuient ses velléités d’indépendance – des sujets alors en bien tranquille expansion.

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Tamara de Lempicka devant son chevalet. (© Bettmann/Getty Images)

Réceptive à l’art sous toutes ses formes, elle était notamment intéressée par la photographie et l’industrie cinématographique, sensible à la gloire hollywoodienne. Cela se ressent autant à travers la façon dont elle représentait physiquement ses modèles que la façon dont elle les cadrait. Nombre de critiques ont noté que ses compositions en plans resserrés rappelaient des instantanés de films et appuyaient la force de son female gaze : ce sont des femmes vues par une femme qui sont montrées.

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La peintre a donné une place importante aux femmes dans ses œuvres et, mieux encore, aux relations entre femmes. Mariée à 18 ans avec un homme (Tadeusz Łempicki) et divorcée à 30, elle ne cachait pas sa bisexualité et ses relations avec des femmes – qu’elle peignait parfois –, la chanteuse Suzy Solidor ou l’écrivaine Colette, par exemple. En parallèle de sa carrière de peintre, Tamara de Lempicka était connue pour sa vie mondaine : l’artiste courait les événements parisiens et a peint nombre de personnalités phares du XXe siècle. Cette aisance en société lui a valu le surnom de “baronne au pinceau”.

Tamara de Lempicka, Portrait de Marjorie Ferry, 1932. (© Christie’s)

La deuxième moitié de la carrière de la peintre connut malheureusement une perte d’intérêt. Le site dédié à l’artiste note que, dans les années 1960, les critiques finirent par se montrer plutôt “indifférents” à ses œuvres, œuvres qui ne parvenaient vraisemblablement pas à rattraper l’engouement créé par l’avènement de l’expressionnisme abstrait.

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La peintre n’a cependant jamais perdu de sa superbe et de ses idées folles. À 81 ans, elle vit ses dernières volontés respectées, puisque sa fille, Kizette, dispersa ses cendres au Mexique, au-dessus du volcan Popocatepetl. Un retour des cendres aux cendres logique pour une artiste qui semble ne jamais avoir vu l’intérêt de mener une existence sans flamme. On ne va pas vous mentir, le pourquoi du comment la peintre a voulu faire cramer ses cendres dans un volcan mexicain n’est pas très clair. Mais on avait très envie de vous parler de sa carrière et cette dernière explique, à elle seule, pourquoi la peintre ne pouvait pas partir comme tout le monde, dans l’urne posée sur la cheminée d’une lointaine petite-fille.