Pourquoi la très fun et maligne Agatha All Along est déjà estampillée “série la plus gay de l’univers Marvel” ?

Publié le par Delphine Rivet,

© Disney+

Après avoir crevé l’écran dans WandaVision, Agatha Harkness est de retour, pour notre plus grand plaisir.

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Après de longs mois d’attente, ça y est, Disney+ vient de dévoiler les deux premiers épisodes d’Agatha All Along, le spin-off de WandaVision centré sur la sorcière Agatha Harkness, campée par la délicieuse Kathryn Hahn. Le moment est venu pour la némésis de Wanda Maximoff de briller et, d’après les quatre épisodes que nous avons pu visionner, le contrat est plus que rempli.

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Queer all along

Si les qualités de la série sont unanimement saluées par la critique, c’est aussi sa queerness qui est au cœur des conversations. Ça ne devrait même plus être un sujet en 2024, mais il faut bien admettre que le MCU a longtemps freiné des quatre fers pour faire un peu de place à des personnages non-hétéros. Est-il vraiment nécessaire de rappeler le rôle des représentations quand la moindre présence d’une personne LGBTQIA+ à l’écran déchaîne encore des torrents de haine et de violences sur les réseaux comme IRL ?

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Il n’est pas question ici de réduire la valeur d’Agatha All Along à sa seule queerness, mais de vous expliquer plutôt pourquoi celle-ci la rend encore meilleure. En trois mots : elle est camp ! Ce type d’humour et d’esthétique, qui n’a pas vraiment de définition, est souvent associé à la sous-culture queer, celle des drag-queens, du cinéma de John Waters, de l’extravagance de l’univers des comédies musicales… Le camp est exagéré, gay as fuck, référencé, et très pince-sans-rire.

Dès le cast d’Agatha All Along, la série était adoubée par la communauté LGBTQIA+ fan de Marvel. Deux actrices adorées en particulier des lesbiennes et des bisexuelles étaient à l’affiche : Kathryn Hahn, qui nous a filé des vapeurs dans Transparent, Mrs. Fletcher ou dans I Love Dick, et Aubrey Plaza (Parks and Recreation, The White Lotus), aka la meuf dark et cynique qu’on rêve toutes d’être et/ou avec laquelle on aimerait être. Les plus jeunes peuvent aussi se réjouir de retrouver Joe Locke, le joli cœur de Heartstopper.

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Ce n’est évidemment pas le seul argument en faveur de la série et de sa queerness, mais c’est déjà une invitation pour un public qui s’est longtemps senti, sinon exclu, du moins marginalisé dans les productions du MCU. Mais nous y reviendrons.

La jumelle maléfique de WandaVision

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Pour celles et ceux qui ont besoin d’une petite piqûre de rappel, Agatha All Along a été créée par Jac Schaeffer, à qui l’on doit déjà WandaVision, et qui était l’une des scénaristes du film Black Widow, et a participé à l’écriture de Captain Marvel. Elle n’est donc pas étrangère à l’univers Marvel. Ça, c’est pour les fanboys qui mettraient en doute sa légitimité.

La série, lancée ce mercredi 18 septembre sur Disney+, reprend là où on avait laissé Agatha, ou plutôt Agnes, après sa défaite face à Wanda dans WandaVision. Dans une introduction très maligne, on la retrouve plongée dans la peau d’une flic de Westview, comme tout droit sortie d’une série policière scandinave, répliques convenues et atmosphère lugubre à l’appui.

Agatha All Along entre en résonance directe avec WandaVision — laquelle rendait hommage, à chaque nouvel épisode, à l’histoire des sitcoms américaines — en plaçant Agnes/Agatha dans sa propre fiction “scandi-noire”, un reste du sort jeté par Wanda et dont elle va devoir s’extirper, couche après couche, avec l’aide du très mystérieux personnage incarné par Joe Locke, surnommé Teen.

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Un compte à rebours s’enclenche : les très puissantes (et terrifiantes) Salem Seven sont à ses trousses. Agatha doit se constituer à l’arrache un “coven” pour réaliser un rituel qui la conduira sur la route des sorcières au bout de laquelle, si elle et ses sœurs survivent aux différents challenges sur leur chemin, elle aspire à retrouver tous ses pouvoirs… et plus encore.

La route en question rappelle la “yellow brick road” du Magicien d’Oz, et la chanson qui les y mène “The Ballad of the Witches’ Road” est un clin d’œil savoureux aux comédies musicales de Broadway. Un air que le cast féminin avait d’ailleurs entonné, en live et en harmonie, à la dernière D23 pour teaser la série.

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Must be the season of the witch

L’atout majeur de la série, c’est évidemment le plaisir contagieux que prend Kathryn Hahn à incarner Agatha Harkness, une méchante déjà iconique, égocentrique, malicieuse et ultra-drôle. Comme diraient les drag-queens : “she’s serving CUNT”. Si l’actrice est surtout connue pour ses rôles dramatiques, dans lesquels elle excelle, c’est dans cette performance comique, où elle déplace constamment le curseur entre la nuance et l’exagération, entre la noirceur et l’humour “camp”, que sa puissance de jeu se déploie dans toute sa splendeur.

Agatha devient aussi une créature follement sexy en présence de sa némésis Rio (Aubrey Plaza), dont on devine un passé sulfureux (et amoureux ?) entre les deux femmes. On se sait. On sait lire entre les lignes. Lors d’une interview sur le tapis à l’avant-première d’Agatha All Along, lorsqu’on lui fait remarquer que la série pourrait être la production Marvel la plus gay jamais créée, Aubrey Plaza répond, non sans malice : “Il y a intérêt qu’elle le soit, c’est pour ça que j’ai signé. Mais oui, je crois que c’est le cas.”

La figure de la sorcière a toujours été un symbole de sororité, a marqué les luttes féministes et, par extension, a bien souvent un sous-texte queer. Elle est la représentation des personnes marginalisées et persécutées pour ce qu’elles sont. Tout naturellement, elle a aussi inspiré de nombreuses drag-queens, comme Lula Strega ou Moon, pour ne citer que nos chouchoutes de Drag Race France.

Le générique de fin rend d’ailleurs un bel hommage à toute une imagerie ésotérique. On y voit notamment des images d’archives sur les persécutions subies par les femmes accusées de sorcellerie, ainsi que des sorcières de la pop culture comme Ma Sorcière bien-aimée (qui devient brune pour l’occasion), ou encore au film iconique The Craft (ou Dangereuse Alliance en VF) réalisé par Andrew Fleming en 1996.

Agatha All Along a tous les ingrédients pour plaire : une anti-héroïne déjà iconique, un cast presque exclusivement féminin qui prend visiblement beaucoup de plaisir, et une écriture ciselée qui nous embarque, avec ce gang de sorcières, aux confins du monde magique où l’humour et la noirceur se côtoient habilement. Le sous-texte queer (qui ne devrait pas rester du sous-texte très longtemps) n’est que la cerise sur le gâteau.

La saison 1 d’Agatha All Along est actuellement diffusée sur Disney+, qui a déjà mis en ligne les deux premiers épisodes.