Âgée de 70 ans et forte d’une carrière de plus d’un demi-siècle, la photographe Nan Goldin est notamment connue pour son combat de longue haleine contre les Sackler, famille de milliardaires ayant fait fortune dans l’industrie pharmaceutique qui a produit l’OxyContin, antidouleur puissant à l’origine de la crise des opioïdes. Mais l’artiste ne réserve pas son militantisme qu’aux Sackler, elle élève également sa voix pour la liberté du peuple palestinien.
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En novembre dernier, son refus de collaborer avec le New York Times Magazine à cause des “penchants sionistes [du magazine]“ avait déjà fait couler de l’encre sur les réseaux sociaux. Malgré sa “hâte de réaliser cette commande – photographier un musicien qu’[elle] admire”, elle avait refusé la collaboration. “Je ne pouvais pas soutenir leur travail biaisé sur l’État d’Israël et la Palestine”, affirmait-elle au magazine N+1 après avoir dénoncé, sur une publication Instagram désormais supprimée, la façon dont le journal “questionne la véracité de tout ce que disent les Palestinien·ne·s”.
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Nan Goldin n’a pas attendu les derniers bombardements lancés par l’État d’Israël pour exprimer son soutien aux Palestinien·ne·s. Elle affirme avoir “toujours refusé toute invitation à aller là-bas pour donner des conférences ou des cours” et même avoir refusé d’y distribuer son film. Son “boycott culturel” date de ses 17 ans : “Un ancien petit ami plus âgé que moi m’avait montré des photos des camps de réfugié·e·s en Palestine et j’ai décidé que je n’irai jamais dans l’État d’Israël.”
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En plus d’avoir refusé que ses expositions soient présentées dans l’État d’Israël ou que ses œuvres soient exposées dans des lieux possédés par des marchands d’armes israéliens, Nan Goldin s’est opposée à la distribution du film qui lui est consacré, Toute la beauté et le sang versé, réalisé par Laura Poitras et nommé pour l’Oscar 2023 du Meilleur Documentaire, là-bas. Ces décisions n’ont pas été dénuées de conséquences pour l’artiste, malgré sa renommée : “Des collectionneur·se·s et des consultant·e·s artistiques m’ont lâchée. Ma carrière a déjà bien souffert à cause de cela.” Bien que ses prises de position, malheureusement “confondues avec de l’antisémitisme”, lui aient coûté des commandes et, donc, des salaires, cela ne l’a “jamais arrêtée” et ne l’“arrêtera jamais” de parler, conclut-elle.