Parmi les 250 Nymphéas réalisées par Claude Monet, avez-vous déjà remarqué que certaines, datant des années 1910, étaient composées de couleurs plus ternes, de teintes rougeâtres et jaunâtres tranchant avec les bleu-vert habituels de ses nénuphars ? Ce n’est pas tant que son célèbre jardin avait changé d’apparence, mais plutôt que ses yeux commençaient à faiblir, touchés par la cataracte. C’est en 1912 que le peintre “constate avec terreur” qu’il ne “voyai[t] plus rien de l’œil droit”. “J’ai tout planté là pour aller vite me faire examiner par un spécialiste qui m’a déclaré que j’avais la cataracte et que l’autre œil était légèrement atteint aussi”, écrivait-il à son ami Gustave Geffroy, conte Ariane, guide à Giverny.
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Le mal se serait sûrement installé “insidieusement tous les jours”, indique la guide, et le peintre se serait sans doute “habitué au fur et à mesure à la perte d’acuité visuelle” avant de se rendre compte qu’il ne voyait plus rien, à l’âge de 72 ans. Ayant entendu parler de “la cécité postopératoire du peintre Honoré Daumier et des ennuis similaires qu’avait connus Mary Cassatt”, rapporte le blog Peintres et Santé, Claude Monet se disait “très tourmenté et inquiet” à l’idée de se faire opérer.
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Le peintre tint dix ans avant d’enfin se faire opérer, léguant une décennie d’œuvres aux couleurs plus ou moins troublées. Ces travaux ne font cependant pas tache dans la carrière de Monet, puisqu’ils sont considérés comme “un pont important entre l’impressionnisme et l’abstraction moderne”, souligne Sotheby’s. La maison de vente rapporte qu’après son opération, effectuée uniquement sur son œil droit, il “commença à percevoir – et peindre – un spectre de couleurs habituellement invisibles à l’œil humain”. De star de l’impressionnisme à super-héros, il n’y a apparemment qu’un pas (et un abaissement du cristallin).
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