Chaque semaine, Aurélien Chapuis, alias Le Captain Nemo, revient sur l’actualité du rap avec ses coups de cœur, ses découvertes et les enjeux du moment.
Publicité
Le jeudi 19 janvier, Amine a organisé un énorme live avec Spotify où se rencontraient le monde du gaming et celui du rap. Aux côtés de Soso Maness, Dinos et Niska côté rap, Amine a invité ses amis streamers et pas des moindres : Squeezie, Inoxtag et Billy. Excusez du peu. Cet événement est l’aboutissement d’une longue série d’interventions du rap chez les streamers et les créateurs de contenu au sens plus large.
Publicité
Amine a clairement joué un rôle énorme dans cette tendance depuis quelque temps, via les invités de son match fou Eleven All Stars mais aussi dans son live inédit avec Gazo, un véritable fait marquant de l’année 2022.
Publicité
Bien sûr, les créateurs de contenu comme Maskey, Squeezie, même Michou ou surtout Mister V ont beaucoup œuvré pour ce rapprochement entre streamers et rappeurs. Mais cette tendance de fond ou plutôt épisodique est clairement devenue primordiale dans la culture du stream maintenant. Les liens se font de plus en plus rapidement comme, par exemple, l’apparition de la nouvelle star Kerchak dans le clip d’Inoxtag. Ce rapprochement devient la norme. Comment l’expliquer ?
Déjà, on peut dire que c’est un rapprochement naturel car c’est actuellement les deux mouvements les plus suivis par la jeunesse française. Les streamers ou créateurs de contenu sont devenus maintenant les vraies célébrités de la nouvelle génération en France et le rap est devenu le courant musical le plus mainstream, surtout auprès des jeunes. Donc, dans la tête du public, retrouver ses personnalités ensemble est une normalité, c’est le même niveau.
Publicité
Autre fait : ces deux cultures et terrains ont été totalement invisibilisés pendant des années par les médias traditionnels et totalement dénigrés par une génération qui ne répondait qu’à des clichés sur le rap et le gaming. Finalement, les deux genres se retrouvent pour créer leur propre communication, leurs propres événements pour leurs publics avec leurs propres codes car les passages en plateau de télévision ou en média plus traditionnel ont été de véritables catastrophes, des dialogues de sourd.
Les streamers et les rappeurs se sont construits tout seuls et ils se respectent pour ça. Ils appartiennent tous à la même génération donc ils ont grandi en jouant et en regardant des streams tout en écoutant du rap. C’est juste un processus totalement naturel qui est actuellement en train de donner ses meilleurs fruits.
Publicité
Le 5 majeur de la semaine
Ziak – Même pas un grincement
Publicité
L’entrée du concert au Zénith de Ziak m’a bien marqué sur les réseaux, je trouve qu’il tient vraiment une identité et une énergie folles avec des visuels percutants. Nouvel album en février, premier extrait extrêmement efficace avec un clip encore très réussi, c’est validé ici.
J. Cole – Procrastination (broke)
J. Cole qui cherche l’inspi et qui rappe sur un “J.Cole type beat” de YouTube pour ensuite envoyer le morceau au producteur et dire : “Fais-en ce que tu veux, merci pour la force”. C’est beau, ça m’a suffi pour kiffer le morceau. Cole est différent, je n’ai jamais été un grand fan mais quand même, il est différent.
Fresh LaDouille – La Douille #7
J’ai toujours bien aimé Fresh LaDouille pour son côté très terre à terre, efficace et endurant. Ses connexions avec Mig m’ont toujours régalé. Son projet Voltaire vaut grave le coup, notamment pour ce morceau éponyme hyper direct, honnête et brut. Costaud.
RR feat. Lacrim & Niro
En ce moment, j’attends vraiment les plus anciens : Sadek et Niro. Entendre ce titre de RR avec Lacrim et Niro, sans refrain, pendant 5 minutes 27. RR signé chez Lacrim est archi solide, “Sang Bleu” est très bon. Et puis, Niro : “Je suis un pro, j’ai jamais dit que j’avais fini de rapper / Plus fort que la plupart, c’est toujours bien de le rappeler”. OUI.
Escobar Marion – Vbe Only
Je ne comprends rien mais je suis totalement hypnotisé par ce clip. Ça me rappelle les débuts de la plug, ça part dans tous les sens avec des petites trompettes qu’on croirait sorties d’un jouet. C’est orienté danse club ghetto et ça vient de Milwaukee, une des scènes les plus intéressantes du moment aux États-Unis. Voilà, il fallait que vous le sachiez. Maintenant, vous n’allez plus pouvoir vous en détacher.
Ligne nostalgique
Mon collègue Tim s’est foutu de ma gueule sur Twitter suite à une histoire pendant notre live “Rap Cave” que j’aurais potentiellement racontée sur les Ultramagnetic MC’s.
Je tiens à dire que tout est faux mais je vous recommande grandement de réécouter les Ultra, notamment ce premier album qui fête bientôt ses 35 ans, Critical Beatdown. Kool Keith est un rappeur incroyable, totalement incontrôlable à l’époque et Ced Gee envoie des productions totalement d’une autre planète pour l’époque, notamment grâce aux rythmiques bossées pour la plupart avec la légende Paul C.
Je m’arrête là avec aussi deux clips du début des années 1990 des Ultramagnetic MC’s, du vrai rap psychédélique et brutal. J’adore. Tu avais raison, Tim.
Si vous avez lu jusqu’ici, c’est que vous avez aimé cet article, le rap, ou même les deux, c’est le bon endroit pour vous dire que Konbini a une émission de rap sur Twitch qui s’appelle “RAP CAVE”. C’est tous les mercredis à 18 heures, passez nous voir si vous voulez parler aux journalistes ! N’hésitez pas à aller suivre la chaîne en attendant : https://bit.ly/konbinistream