Pourquoi la couverture du Glamour Bulgarie fait polémique ?

Publié le par Lise Lanot,

© Glamour Bulgarie

La couverture suscite des réactions aussi enthousiastes qu’apeurées.

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Ni photographe ni styliste ni maquilleur·se n’étaient présent·e pour immortaliser la modèle Lisa Opie en couverture de l’édition bulgare du magazine Glamour. La modèle elle-même n’était pas présente non plus lors de la séance photo tout simplement parce que de séance photo, on n’a pas vu l’ombre. Le portrait, qui présente l’ancienne Miss vêtue de rose et assise sur une moto rose, a été généré par une intelligence artificielle sur une idée de la principale intéressée.

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En quête d’une esthétique de “Barbie futuriste” pour sa couverture, Lisa Opie est tombée sur une image qui l’a particulièrement marquée : on y voyait une Barbie vêtue d’un plastron rose, générée par une intelligence artificielle. Ni une, ni deux, Lisa Opie et son styliste et directeur artistique Joey Rolon contactent une certaine Fran H (du compteai_fashion_photos sur Instagram), tête pensante de la Barbie à l’origine en question, et lui demandent de collaborer.

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Pour créer cette couverture, Fran H a entraîné son IA avec une douzaine de portraits de la modèle. Parmi la cinquantaine d’images générées, l’équipe sélectionne une de celles sans doigts supplémentaires ou bizarreries faciales. Sur Instagram, Lisa Opie s’est dite “honorée d’être la première modèle à avoir une image totalement générée par une intelligence artificielle en couverture de magazine”. Cette décision a cependant créé des dissensions parmi le lectorat et les internautes, et ce en dehors des frontières de la Bulgarie.

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D’un côté, certaines voix tentent de trouver des avantages à ces séances photo d’une nouvelle ère. Le tabloïd conservateur New York Post loue par exemple une initiative qui “a fait gagner énormément de temps [à la modèle], et qui a généré zéro déchet”. Ces bénéfices sont bien maigres face aux nombreux emplois écartés à cause de l’intelligence artificielle et l’angoisse suscitée par son essor, tel que le souligne l’autre côté.

Des progrès anxiogènes

On peut essayer de se rassurer en se disant que l’idée vient d’une humaine, tout comme une humaine gérait l’intelligence artificielle. On peut espérer qu’une fois que toutes les “premières fois” auront été signées par une intelligence artificielle, tout le monde en aura marre et se rendra compte que c’est quand même bien plus marrant de travailler avec Néhémie, la photographe, et Pat, la maquilleuse. On peut espérer, mais on ne peut pas faire preuve de trop de naïveté, surtout dans un système capitaliste. La facilité déconcertante et les économies permises par les intelligences artificielles risquent de porter des coups durables à nombre de professions.

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Il est également difficile de ne pas interroger ce que cela signifie en termes de représentations. Alors que la tendance dans la presse et la mode semblait (très doucement) s’inverser, viser (un semblant) plus de naturel et montrer (timidement) moins de “perfection” illusoire, cet envol des intelligences artificielles ne promet pas une grande diversité des beautés affichées sur nos magazines.