Classic
Il n’y a d’ailleurs pas un spectateur ce soir pour contredire la légende. Pas Thomas en tout cas. À 37 ans, Casquette sur la tête et banane ravie sur les lèvres, il me presse de le questionner afin de rentrer au plus vite. Entre Slayer et lui, voilà des années, ç’a été le coup de foudre :
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Slayer c’est devenu un de mes groupes cultes quand j’étais tout petit ! Je me souviens d’un reportage sur Arte où on voyait des mecs sortir du concert avec des steaks sur leurs cocards tellement le pogo était agressif… Slayer, c’était la violence ! Quand tu vois ça tout jeune, ça impressionne – d’autant que j’écoutais à ce moment-là des trucs plus soft comme Iron Maiden, Metallica, AC/DC, Guns, etc.
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Slayer, c’est la machine de guerre. Quand je vais les voir en concert, même s’il y a 8000 personnes autour de moi, ça se passe entre eux et moi. Et même s’il y a d’autres groupes que je préfère à Slayer, avec eux, c’est unique. C’est l’essence même du thrash metal.
L’essence même ? Elle n’exagère pas : âgés de 18 ans, trois lycéens qui coulent des bières en ricanant devant les vestes à patches qui défilent devant eux m’expliquent qu’il faut “au moins voir Slayer une fois”. Alors qu’ils ont à peine la moitié de l’âge du premier album du groupe, ils le considèrent comme “un monument”, un “pilier du metal”… Pourquoi ?
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Les paroles tapent sur la religion, sur les problèmes de société, mais pas uniquement en disant “oh, c’est pas bien !” Slayer se saisissent de sujets assez lourds [l’un de leurs derniers titres se baptisait “Jihad”, ndlr].
“Avant que je meure…”
Slaytanic
Puceaux comme experts en Slayer affichent tous le même enthousiasme à l’idée de revoir les auteurs du tube “Mandatory Suicide”. Les sous-bois qui ornent le Zénith de Paris résonnent des rires impatients du public, avide de jouer les bad guys et de brandir les cornes lorsque les projecteurs se tamiseront pour laisser place au thrash metal. Vous pensiez les metalleux tristes comme des cailloux ? Détrompez-vous : le fun fait partie intégrante de l’attirail du groupe et de ses fans. Même si le destin a décidément un drôle de sens de l’humour : il fallait que la date de sortie de leur neuvième album God Hates Us All tombe un 11 septembre 2001. Forcément.
Même s’ils étaient moins visibles que de nombreux autres épouvantails metal, Slayer a réussi à énerver beaucoup de monde. Après tout, une de leurs chansons traite des horreurs du camp d’Auschwitz et du docteur Mengele. Leur fan club le plus célèbre se nomme la Slaytanic Wehrmacht (tout en finesse). Leur logo ailé hérisse les sentiments pseudo-antifascistes de tout un tas de gens. Dans ce cas, pas surprenant qu’inquiète à l’idée de confier sa passion pour Slayer auprès d’un journaliste (la presse généraliste a encore bien du mal à se saisir de la culture metal), Maryline s’attarde sur cet aspect sulfureux du groupe pour rassurer :
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Ils ont souvent été accusés de nazisme à cause de leurs nombreuses références, mais ils dénoncent : ils en parlent avec le recul d’un historien. Il y a une violence dans la musique, dans les paroles… mais dans le metal, en règle générale, il n’y a pas de politique, ni de religion.
Aux côtés de groupes comme Laibach, Throbbing Gristle, Killing Joke ou beaucoup d’autres, ils ne sont pourtant pas les premiers à se saisir d’une parodie d’esthétique fasciste pour mieux s’en moquer. Pas vrai Sid ?
Et aujourd’hui ?
The final swing is not a drill, it’s how many people I can kill !
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