À l’occasion de la sortie de Mank, Konbini vous propose un dossier autour de la nouvelle œuvre de Fincher. Après les 10 mots-clés utiles au visionnage du film, place à l’histoire de Citizen Kane, le film par lequel tout a commencé.
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1941. Les salles de cinéma s’apprêtent à projeter Citizen Kane, un film qui traversera le temps sans perdre son éclat tout en s’imposant dans les classements des meilleurs films de tous les temps. Désormais étudié dans toutes les écoles de cinéma, ce classique des classiques est devenu un passage obligé pour tout cinéphile qui se respecte, un symbole pour le septième art, à l’image de ce qu’est la tour Eiffel pour Paris : une référence.
Si ce premier film d’Orson Welles est aujourd’hui solidement ancré dans le béton de la grande histoire cinématographique, son avenir sur le sol américain restait incertain, entre tentatives de blocage par un grand magnat de la presse et manque de reconnaissance des critiques pendant une décennie. Pour la première fois, en 1952, un collectif de 100 cinéastes se réunissait à Bruxelles, sous la houlette du magazine Sight & Sound, pour élire les meilleurs films de tous les temps. Au prix du paradoxe, Citizen Kane, qui hante encore l’imaginaire des films énigmes, ne retenait pas l’attention de cette élite, aujourd’hui considérée comme puritaine.
Il faudra attendre 1956 pour que le long-métrage ressorte au cinéma, passe à la télévision et rayonne à nouveau de l’autre côté de l’Atlantique. De l’ombre à la lumière, le film prend sa revanche et remporte les cinq palmarès consécutifs de Sight & Sound, de 1962 à 2002, avant d’être détrôné par Sueurs froides d’Alfred Hitchcock.
Si l’on doutait que le film puisse encore rencontrer les jeunes générations à l’ère des plateformes de streaming et du cinéma marvelien, Mank de David Fincher est une réponse claire. Le cinéaste et Netflix ont remis Citizen Kane sur le devant la scène en consacrant un biopic à Herman J. Mankiewicz, le scénariste de l’œuvre phare.
Disponible depuis le 4 décembre sur la plateforme, Mank nous a donné envie de nous replonger dans le captivant Citizen Kane et de retracer l’histoire de son succès hors norme.
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Les débuts d’un jeune cinéaste
Bien que ce soit son premier film, Orson Welles s’est déjà illustré au théâtre, avec notamment son adaptation radiophonique de La Guerre des mondes de H.G Wells qui, en 1938, avait provoqué une grande agitation à cause de son réalisme : certains auditeurs, totalement plongés dans la pièce, auraient confondu le réel et la fiction et s’attendaient à voir débarquer de véritables extraterrestres sur Terre. Cette anecdote amusante permet à Orson Welles d’accéder à une grande notoriété en très peu de temps.
De la radio au cinéma, Orson Welles est alors rapidement contacté par George J. Schaefer, le président de RKO, une boîte de production hollywoodienne qui lui offre des privilèges inouïs pour un réalisateur novice. S’il travaille d’abord sur l’adaptation d’Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, dont le scénario est associé à Mankiewicz, il choisit finalement de dépeindre la vie de William Randolph Hearst, avec la plume du fameux scénariste qui avait bien connu cet homme puissant et sa maîtresse, la comédienne Marion Davis.
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Innovations techniques et artistiques
De l’autre côté de l’océan Atlantique, la France découvre le film cinq ans plus tard, en 1946. Encensé par Les Cahiers du cinéma, François Truffaut, qui a aiguisé ses armes de critiques dans cette rédaction, écrira d’ailleurs un livre sur le cinéaste, sobrement intitulé Orson Welles. Dans sa préface, l’éminent critique écrira son amour pour Citizen Kane :
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“Orson Welles en 1939 devait très bien sentir qu’il lui fallait délivrer non seulement un bon film mais LE film, celui qui résumerait quarante ans de cinéma tout en prenant le contre-pied de tout ce qui avait été fait, un film qui serait à la fois un bilan et un programme, une déclaration de guerre au cinéma traditionnel et une déclaration d’amour au médium.”