Pourquoi cette statue a-t-elle tant fait parler d’elle qu’elle a dû être modifiée ?

Publié le par Konbini avec AFP,

© Sergii Volskyi/AFPTV/AFP

"Une bataille idéologique" est en jeu.

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À bas la faucille et le marteau : des ouvriers ont retiré les symboles soviétiques d’une statue géante emblématique de la capitale ukrainienne Kyiv, dans le cadre d’une campagne visant à éliminer les symboles de l’ex-URSS. Haute de 62 mètres et posée sur un piédestal de 40 mètres de haut, la sculpture en acier représente une femme brandissant d’une main une épée et de l’autre un bouclier sur lequel figurent une faucille et un marteau, emblème soviétique.

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Connue en ukrainien sous le nom de Batkivchtchyna Maty (“mère de la patrie”), elle a été érigée en 1981 en souvenir de la victoire soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale. La statue géante tourne le dos à la capitale et domine le fleuve Dniepr. Dans une nacelle suspendue à un rail au sommet du bouclier, des ouvriers ont enlevé un à un les éléments de l’emblème soviétique, avant de les descendre à l’aide de cordes. Ils ont découpé le disque central et l’ont descendu au sol, s’arrêtant à plusieurs reprises en raison des sirènes avertissant de raids aériens.

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La statue doit recevoir un nouveau bouclier qui portera cette fois un trident, l’emblème de l’Ukraine. Elle fait partie du musée de l’histoire de l’Ukraine dans la Seconde Guerre mondiale, dont le directeur, Iouri Savtchouk, a demandé que la statue soit renommée Mère de l’Ukraine. “Nous sommes obligés de procéder à la décommunisation et le remplacement du bouclier est l’une des principales étapes de ce travail”, justifie M. Savtchouk, debout sous la statue. Pour lui, il s’agit aussi de guerre idéologique, au moment où Kiev affiche sa volonté de rejoindre au plus vite l’Otan et l’Union européenne. “La guerre se poursuit évidemment aussi sur le front culturel et informationnel : c’est une guerre pour l’identité, pour la conscience des gens”, poursuit-il.

“Bataille idéologique”

Iouri Savtchouk aurait même voulu retirer ces emblèmes avant l’invasion russe, mais “aujourd’hui, la guerre remet au goût du jour un grand nombre de questions qui avaient été repoussées”. Le coût du remplacement du bouclier est évalué à 28 millions de hryvnia (691 000 euros), financé par des dons privés et non de l’argent public, ont assuré les autorités ukrainiennes. Le ministre de la Culture, Oleksandre Tkatchenko, qui avait soutenu le projet, a démissionné fin juillet après des critiques sur l’utilisation de fonds publics pour des projets culturels, dans un pays en pleine guerre.

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Selon une enquête commandée par le ministère de la Culture l’année dernière, 85 % des Ukrainien·ne·s étaient favorables à la suppression du marteau et de la faucille. Le remplaçant par intérim de M. Tkatchenko, Rostislav Karandeïev, a salué le projet comme un “élément essentiel de notre résistance dans la bataille idéologique avec notre ennemi”, alors qu’il observait les travaux depuis le sol. Le nouveau bouclier devrait être en place avant les fêtes nationales du mois d’août : le 23, jour du drapeau ukrainien, et le 24, jour de l’indépendance.

Depuis l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine a amplifié le démantèlement de monuments de l’époque soviétique et le changement de noms de lieux et de rues, entamés depuis l’annexion par Moscou de la Crimée et la guerre du Donbass en 2014. D’autres villes, dont Volgograd en Russie et Brest au Bélarus, abritent des sculptures gigantesques similaires près des monuments aux mort·e·s de l’ère soviétique.

Le sculpteur Oleksiï Pergamenchtchyk a créé l’emblème du trident pour le nouveau bouclier ukrainien. “Nous pouvons enfin nous débarrasser de ce symbole soviétique”, assène-t-il. Pour lui, il s’agit de “prouver que nous sommes une grande nation et que nous n’avons peur de rien”. Le nouveau trident mesure 7,60 mètres de long sur 4,56 mètres de large. La statue, tournée vers l’extérieur de la capitale, “regarde l’ennemi, tient le bouclier, tient l’épée, c’est très symbolique”, relève l’artiste.

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