Pourquoi cette statue a suscité une polémique à Rotterdam ?

Publié le par Lise Lanot,

© Charles M. Vella/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

Le sculpteur Thomas J. Price est l’auteur d’une œuvre qui a donné lieu à des débats sociopolitiques plus qu’esthétiques.

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Du haut de ses quatre mètres, une jeune femme observe sereinement la place de la gare de Rotterdam, les mains dans les poches. Sa stature, pourtant tranquille, n’a pas plu à tout le monde – loin de là. La statue signée Thomas J. Price a vu naître un débat dépassant les goûts esthétiques et artistiques atteignant les sphères sociopolitiques. Plutôt que la statue elle-même, ce sont l’anonymat et la couleur de peau de la femme représentée qui ont attiré l’ire d’une partie de la population conservatrice néerlandaise.

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Un article de Rosanne Hertzberger, publié sur le média NRC, a lancé les hostilités. La journaliste y regrettait le fait qu’une personne n’ayant “rien accompli de particulier”, rapporte Le Monde, soit mise en avant au milieu de la ville. C’est pourtant cette caractéristique qui importe et qui vient s’insérer au sein des discussions concernant le déboulonnement de statues esclavagistes aux quatre coins de l’Occident.

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On estime depuis quelques années qu’il ne s’agit plus de glorifier des figures du passé, autrices d’abominations. Les voix opposantes considèrent que les mettre à terre reviendrait à “effacer l’Histoire” au profit de figures “artificielles”. C’est une idée résumée par Rosanne Hertzberger, qui estime que “le simple fait d’être une femme, de souffrir d’un handicap, de porter un voile, d’être une personne de couleur et, encore mieux, une combinaison de tout cela suffit désormais à être hissé sur le pavois”.

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Montrer une femme noire n’est pas anodin puisqu’elles sont les grandes absentes, entre autres, des œuvres d’art installées autant dans l’espace public que dans les musées. Thomas J. Price explique simplement donner corps aux personnes qui lui ressemblent et ici, à une femme qui “incarne la résilience, la confiance en soi et la vulnérabilité”.

Il ajoute espérer que “les habitants de Rotterdam se reconnaîtront dans cette œuvre et se l’approprieront au sein de cet espace public partagé, permettant un moment de compréhension profonde, de connexion et d’empathie”. Sa volonté paierait puisque le correspondant au Monde Jean-Pierre Stroobants note que, lors de l’inauguration, “des femmes noires embrassaient [la statue], d’autres multipliaient photos et selfies à ses pieds, des enfants gambadaient autour d’elles en battant des mains”.

La statue vient rejoindre la belle collection de sculptures publiques visibles à Rotterdam signées “Rodin, Calder, Picasso, Moore, Oldenburg, Gavin Turk et Paul McCarthy”, note FAD MagazineEn espérant que les noms et les personnes représentées continuent de viser la diversité et la compréhension des peuples.

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