Si vous vous baladez sur le site d’entreprises, institutions ou musées australiens, vous tomberez sans doute sur une mention de la “reconnaissance des terres aborigènes sur lesquelles est érigé” le lieu en question. Cette mention vise à mettre des termes sur la colonisation des terres australiennes par les Britanniques, le massacre des peuples premiers et le racisme qui en découle toujours actuellement.
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L’artiste Nathan Maynard souhaite cependant interroger la véracité et la réalisation concrète de telles affirmations, vérifier qu’il ne s’agit pas, somme toute, de mots en l’air servant simplement à avoir la conscience tranquille.
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Descendant des peuples premiers, plus précisément des Palawa, l’artiste a publié une annonce dans l’édition dominicale d’un journal australien, The Age. Il y déclare chercher “un Australien de descendance britannique qui accepte de donner son futur cadavre à une installation artistique”. L’œuvre finale, ajoute Nathan Maynard, servira de “sacrifice pour les péchés passés perpétrés contre les Palawa”.
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Les candidat·e·s devraient “voir cette opportunité comme un véritable honneur”, selon l’artiste. “Le corps et la mémoire de la personne choisie seront traités avec respect à chaque étape du projet”, conclut-il dans son annonce. Pour le moment, Nathan Maynard n’a pas partagé quelle forme exacte prendrait son œuvre qui sera exposée en novembre prochain à l’occasion de la biennale artistique Hobart Current.
L’événement en question est co-organisé par le Tasmanian Museum and Art Gallery (TMAG) et la mairie de Hobart, capitale de la Tasmanie. En 2021, le TMAG s’était “excusé auprès des peuples de Tasmanie pour le retrait de restes appartenant aux peuples premiers, ainsi que pour sa résistance passée à rapatrier les dépouilles”, rappelle le site australien ABC.
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Le musée avait également présenté ses excuses pour son exposition de la dépouille d’une femme des peuples premiers, Truganini, qui avait expressément demandé à reposer dans un bras de la mer de Tasman – et pas à être exposée dans un musée.
À l’époque, Nathan Maynard avait refusé d’assister à ces excuses publiques, affirmant qu’elles n’existaient que pour servir une bonne image du musée. Deux ans plus tard, l’artiste interroge ces pratiques au sein même du musée, exigeant une concrétisation physique et symbolique de ce genre d’excuses.
Ce faisant, il remet également en lumière le fait que nombre de dépouilles et objets ayant appartenu à des peuples colonisés se retrouvent “exposés dans des musées à travers le monde, et pas avec les personnes à qui ils appartiennent”. Selon Maynard, une petite dizaine de personnes lui auraient déjà proposé de léguer leur corps à son art.
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