Pourquoi ce croquis de Donald Trump au tribunal a-t-il tant marqué les esprits ?

Publié le par Lise Lanot,

© James Devaney/GC Images/Getty Images

La dessinatrice Jane Rosenberg a croqué l’ancien président, visé par 34 chefs d’inculpation et visiblement mécontent.

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Pour la première fois en près d’un siècle d’existence, The New Yorker présente en couverture un croquis de procès. On y voit Donald Trump, les sourcils froncés et la mine renfrognée, lors de sa comparution au tribunal le 4 avril dernier. L’ancien chef d’État y était visé par 34 chefs d’inculpation concernant une affaire de versement et de remboursement, juste avant la présidentielle de novembre 2016, de 130 000 dollars à l’actrice et réalisatrice de films porno Stormy Daniels” et les fraudes ayant visé à dissimuler la circulation de cet argent.

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Signée de la dessinatrice Jane Rosenberg, l’esquisse a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et médias, jusqu’à apparaître en couverture du New Yorker cette semaine. Des photographies ont pourtant été prises à l’intérieur de cette cour de Manhattan, mais c’est ce dessin, réalisé à la hâte par la dessinatrice, qui a marqué les esprits, tant les traits du milliardaire marquent son mécontentement grognon, et ses bras croisés, son dédain.

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© Jane Rosenberg/The New Yorker

Chercher l’émotion au tribunal

Forte d’une carrière artistique de plus de 40 ans, Jane Rosenberg a toujours affirmé sa volonté de “rester neutre”. “J’essaie de ne pas montrer d’opinion dans mon travail. Si quelqu’un montre une émotion, c’est ce que je vais essayer de capturer”, confiait-elle à Inside Hook en 2020. C’est bien ce qu’elle a tenté de faire face à un Donald Trump qui a qualifié son inculpation de “persécution politique”, d’“ingérence dans l’élection” présidentielle de 2024 et de “chasse aux sorcières” qui “se retournera contre Biden”. Il a plaidé “non-coupable”, “deux des neuf mots qu’il a prononcés en près d’une heure de procédure”, note le New Yorker, et a fustigé ce qu’il décrit comme des “investigations frauduleuses”.

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Ces déclarations accompagnent parfaitement l’air morose visible dans le portrait de Jane Rosenberg. “Je fais ce travail depuis 43 ans et pourtant, c’était ma mission la plus stressante”, a confié l’artiste. Une sacrée affirmation pour celle qui a croqué les procès de Mark David Chapman (l’assassin de John Lennon), de El Chapo, de Tekashi 6ix9ine, de Bill Cosby, ou encore de Bernard Madoff.

Longtemps, seuls des dessins nous rapportaient l’intérieur des tribunaux puisque l’accès aux photographes et vidéastes y avait été restreint, et parfois interdit, après le procès de Bruno Richard Hauptmann, le meurtrier du bébé de l’aviateur Charles Lindbergh. Aujourd’hui, il est possible de voir des photographies et vidéos des procès (en témoignent les lives très diffusés de l’affaire Gwyneth Paltrow) mais la tradition du croquis subsiste et continue de plaire tant elle permet de partager de façon plus directe et parlante l’atmosphère d’un procès.