Depuis des années, Banksy l’affirme : il est hors de question que ses œuvres, créées pour la rue, soient enfermées dans des musées. Le street artiste refuse d’une part que le public ait à payer pour admirer ses travaux, mais aussi tout simplement qu’il ait à se déplacer dans une institution – ce qui couperait forcément l’accès à une partie de la population qui ne se rend pas forcément au musée, qu’importe le prix.
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Devenu l’une des figures les plus cotées du monde de l’art contemporain, Banksy ne parvient cependant pas à faire entendre ses demandes et les expositions non autorisées de son travail se multiplient à travers le monde. Peut-être fatigué de voir des musées, galeries et collectionneur·se·s se faire des sous sur le dos d’un public qui ne sait pas toujours que ce qu’il a devant les yeux n’a pas été validé par Banksy, le street artiste a annoncé une exposition “officielle”, la première depuis quatorze ans, rapporte Artnet, après “The Village Pet Store and Charcoal Grill”, son projet présenté à New York dans une animalerie.
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Présentée à la Gallery of Modern Art de Glasgow (GoMA), l’exposition, intitulée “Cut and Run”, présente “25 années de pochoirs, de 1998 à 2023”. Conscient de l’étonnement que peut susciter son exposition, l’artiste explique exposer des pochoirs “gardés secrets des années par peur qu’ils soient utilisés comme preuve dans des affaires de vandalisme”. “Mais maintenant, c’est du passé, donc je les expose dans un musée comme des œuvres d’art. Je ne sais pas quel crime est pire”, se désole-t-il.
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Si l’artiste a fini par accepter l’idée d’une exposition, il reste intraitable quant à certaines règles, notamment celle de “vivre le moment présent” en interdisant les photos et les téléphones portables. À l’entrée du musée, tout le monde doit déposer son mobile dans une sacoche cadenassée, précise le site de l’exposition. Des “Polaroid souvenirs pris par des membres de l’équipe” sont cependant disponibles gratuitement sur demande.
En plus des pochoirs, le public a le loisir de découvrir des reconstitutions de l’atelier de Banksy, ses outils de travail, des citations et certains de ses objets (dont des toilettes). Parmi les travaux exposés, on retrouve sa boule de disco transformée en casque de police, une de ses œuvres réalisées en Ukraine dénonçant l’invasion russe ou encore Season’s Greetings. Réalisée en décembre 2018, l’œuvre traitait de la pollution grandissante de l’air. Devenue un “cauchemar” pour son propriétaire, elle avait été rachetée par un collectionneur.
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Les rachats par des collectionneur·se·s privé·e·s ont tendance à mettre en colère les fans de Banksy. On peut se demander si l’artiste n’est pas entré en contact avec ces riches passionné·e·s pour faire sortir les œuvres du privé et trouver un moyen de les montrer au plus grand nombre. Reste à savoir ce que le street artiste, connu pour ses pratiques militantes, fera des bénéfices des billets d’entrée (15 livres sterling pour les adultes, 5 pour les enfants et 10 en tarif réduit).
L’exposition “Cut and Run” de Banksy est visible à la Gallery of Modern Art de Glasgow jusqu’au 28 août 2023.
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