Pour déstigmatiser le travail du sexe, Océane Feld photographie ses collègues camgirls

Publié le par Lise Lanot,

© Océane Feld

La photographe Océane Feld utilise son art comme un exutoire autant qu’une arme militante.

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Après douze années de pratique, Océane Feld a fait passer la photo d’“exutoire” – face au harcèlement scolaire et à la lesbophobie subie dans sa jeunesse – à un “outil de militantisme”. Son travail lui permet de mettre en lumière les combats qu’elle se retrouve obligée de mener, notamment depuis qu’elle est devenue travailleuse du sexe (TDS) sur Internet, camgirl et créatrice de contenu pour adultes” il y a “environ cinq ans”. Comme nombre de TDS rencontré·e·s depuis ses débuts, elle fait face à “la putophobie et aux discours et actes haineux des abolitionnistes”.

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Afin d’“apporter un autre regard sur notre communauté”, d’“aller au-delà des préjugés et des stigmates” et de “rendre hommage à toute la beauté et la pluralité de la communauté TDS”, l’artiste a décidé de partir à la rencontre de ses collègues, de recueillir leurs témoignages et de les immortaliser sur leur lieu de travail. Ses modèles, précise la photographe, sont “des ami·e·s, des connaissances, des dominas, des camgirls, des créateur·rice·s de contenu”. Bref, il y a “autant de TDS qu’il y a de pratiques”.

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Pxtes. (© Océane Feld)

Soulignant l’importance d’instaurer une “relation de confiance” avec ses modèles, Océane Feld témoigne du temps pris pour “discuter ensemble, parler de leur vécu, de leur ressenti, de leur rapport au travail du sexe”. “Le plus long dans mes séances, c’est cette partie-là car je veux prendre le temps d’apprendre à connaître la personne que je photographie afin qu’elle se sente le plus à l’aise possible devant l’objectif par la suite.”

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Les images sont prises dans l’environnement de travail des modèles : “Cela me permet de montrer que, contrairement à ce qu’on pense, ce n’est ni ‘glauque’ ni ‘sale’. Il y a des chats qui se baladent, des plantes vertes sur le rebord de leurs fenêtres, des pièces joliment éclairées, des décorations parfois kitsch et parfois sobres sur leurs murs… Bref, des pièces de vie et de travail tout simplement.”

Pxtes. (© Océane Feld)

En plus de se déplacer sur leur lieu de travail, Océane Feld laisse les personnes photographiées choisir leurs tenues et leur maquillage : “Je souhaite les représenter comme elles sont […]. Je les laisse tout simplement se dévoiler à moi sans que je les incite à paraître autrement que ce qu’elles sont.” À l’argentique, la photographe vise à créer des “portraits colorés et lumineux”, “simples”, afin d’ôter les tabous autour du travail du sexe et de “désacraliser le regard qu’on porte sur le sexe et l’intime de manière générale”. “Je mets en lumière un métier choisi et consenti où les personnes sont conscientes du regard [que pose sur elles] la société”.

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La série photo n’essaie cependant pas d’édulcorer la réalité et l’artiste appuie la façon dont la communauté des TDS est “particulièrement vulnérable et précarisée notamment à cause du manque de lois pour la protéger”. “Il est urgent d’agir pour la sécurité de tou·te·s les TDS”, conclut l’artiste qui affirme n’être qu’au début de sa série. “Je commence à peine à la construire et je ne sais pas si je veux lui imposer une limite de temps ou de personnes à photographier. Je continuerai tant qu’il faudra continuer.”

Pxtes. (© Océane Feld)
Pxtes. (© Océane Feld)

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Pxtes. (© Océane Feld)
Pxtes. (© Océane Feld)

Vous pouvez retrouver le travail d’Océane Feld sur son site et sur son compte Instagram.

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