Je suis un conducteur, donc si la salle est bien présente, je me branche simplement à l’énergie ambiante, et ça me lance.
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Et comme si ça ne suffisait pas, il est aussi généralement accompagné par deux “back-up boys” : des satires cornus tout aussi wilds que lui, qui enchaînent les acrobaties, se battent dans le vide, et dansent sur des échasses. Ah mince, j’oubliais… il leur est aussi arrivé à plusieurs reprise d’uriner sur leur leader en plein concert. “Vulgaire, trash, dégueulasse” : j’avais prévenu…
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Paul Soileau : l’homme derrière CHRISTEENE
Mais CHRISTEENE, c’est aussi et surtout un personnage-œuvre éphémère, créé par le performeur transformiste américain Paul Soileau il y a environ cinq ans. On lui devait déjà Rebecca Havemeyer, qui incarnait une femme du sud des États-Unis ridicule car excessivement maniérée, aux avis toujours très tranchés. L’originaire de Louisiane s’est alors taillé une petite réputation en foulant divers cabarets avec les grands sabots de la “lady“.
Puis il s’est réinventé avec CHRISTEENE, au nom du trash, du vice, et de saintes saloperies (Amen). Pour ce nouveau personnage, il s’est modelé une voix nasillarde, tout en se façonnant un look fangeux à grands renforts de maquillage. Mais derrière la grossièreté apparente, tout a été pensé dans les moindre détails : des 8 lettres “C.U.M.M – D.U.M.P” (“décharge à foutre”) inscrites sur ses phalanges aux lentilles d’un bleu clair inquiétant qui recouvrent ses pupilles, en passant par les faux hématomes qui recouvrent son corps.
Le personnage de Paul Soileau est évidement à prendre au millième degré. Mais pour que la sauce puisse prendre, le perfomer sait qu’il doit s’impliquer à 300% et entrer dans son nouveau personnage comme dans une seconde peau. Ayant demandé CHRISTEENE en interview, j’ai donc été servi : jamais il ne s’est écarté de son rôle.
“Quel maquillage ? Je suis comme ça” me répondit-il ainsi avec étonnement, après que je lui ai demandé combien de temps lui était nécessaire pour changer son apparence. Il m’expliqua aussi que CHRISTEENE a “cinq ans” (ce qui correspond à la date de naissance du personnage), et qu’il lui semble qu’il vient “des bois, de la saleté” – tout en gardant la voix de canard qui caractérise sa créature. Un exercice qui frôle la schizophrénie…
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Clips et morceaux “faits maison”
À travers son nouvel avatar, il s’est aussi lancé dans la musique, ce qui lui a permis de toucher un public international. Ses morceaux mêlent des sonorités électro et hip-hop sans prétentions, qui se fondent derrière un rap graveleux. Mais plus qu’avec les paroles de ces derniers, c’est surtout dans ses clips DIY que CHRISTEENE effectue ses plus grands bras d’honneur aux conventions sociales.
Dans “African Mayonnaise“, il se trimballe en string dans des supermarchés, tente de faire l’amour avec un plot, et se fait virer d’un bâtiment appartenant à la Scientologie, entre autres. Et la plupart des vidéos le mettant en scène sont dans le même esprit. C’est qu’elles ont toutes été réalisées par PJ Raval, dont CHRISTEENE dit qu’il “est comme un mari. Mais on ne fait l’amour qu’à travers des clips“.
L’incarnation de la dépravation s’amuse aussi à mêler son image trash à des compositions pleines d’une sentimentalité mielleuse, offrant un contraste absurde qui en fera rire certains et vomir d’autres. C’est le cas dans “Tears of My Pussy”, ou encore avec “Working on Grandma“, clip où CHRISTEENE and the spleen pleure la mort de sa babouchka sur fond de karaoké coréen.
CHRISTEENE VS. The World
Bien évidemment, CHRISTEENE dérange. Il choque votre maman, la mienne, et beaucoup d’autres gens encore :
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Les trans sont en colère contre moi, il y a eu des accusations liées au racisme, et aussi en rapport avec des questions de classes sociales… On a même dit de moi que j’étais “fat phobic“. Je ne sais même pas ce que ça peut bien vouloir dire !
Il y aura toujours quelqu’un pour se sentir offensé par quelque chose de différent et d’étrange. Mais s’ils ne veulent pas manger, qu’ils dégagent de la cuisine.
Je serai vivant, j’espère. Pour pouvoir continuer à faire cette merde.