Petite discussion avec Bernard Campan, l’Inconnu qui fait son grand retour à la comédie

Publié le par Arthur Cios,

(© Wild Bunch)

Dans Et plus si affinités, Campan revient à ce qui l’a rendu célèbre au départ. Il nous explique pourquoi il a fallu tant de temps pour que cela arrive.

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Contrairement aux Nuls où chaque membre du trio est resté proche du registre comique tout du long de belles carrières solo, les Inconnus ont un destin plus surprenant. Seul Didier Bourdon est resté dans sa veine de l’humour mais leurs chemins se sont, professionnellement au moins, séparés.

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Il y a donc quelque chose d’assez émouvant à découvrir Et plus si affinités, nouvelle comédie française de bonne facture, avec un certain Bernard Campan. C’est la première pour l’ancien trublion des Inconnus, depuis… Toujours ? Ou presque ?

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Konbini a pu échanger rapidement avec ce dernier pour mieux comprendre son rapport à l’humour, au cinéma et ce qui a fait de cette comédie à quiproquo sur le libertinage quelque chose qui l’a touché en plein cœur.

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Konbini | Pour commencer, qu’est-ce qui vous attire sur un projet de manière générale ? Le ton, les dialogues, l’histoire, le casting ?

Bernard Campan | Ici, c’est une comédie, donc la sanction est immédiate : si on lit et que ce n’est pas drôle, il n’y a pas de possibilité d’aller vers le projet. Or là, c’était très drôle. Je ne me suis même pas posé la question. C’était drôle dans les répliques, mais aussi parce que dans l’écriture, il y avait une situation amplifiée qui dérapait. C’est ça que j’adore : la situation qui échappe à tout le monde, jusqu’à un climax.

Un climax qui n’est pas si drôle d’ailleurs…

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Alors, oui, mais le climax, dramaturgiquement parlant, n’est pas la scène que tu as en tête. C’est le moment où le personnage ne peut pas péter les plombs plus loin, pour être exact. C’est là que ça bascule. J’avoue ne pas aimer les comédies qui, d’un coup, montrent que le film n’est pas que drôle, mais aussi un vrai drame. Ici, les personnages vont tellement loin, qu’on se concentre sur le cœur du film, pour voir ce qui peut être sauvé, mais ça reste drôle avant tout.

Est-ce que c’est une mode, une manière de faire de la comédie en ce moment, d’y amener un vrai cœur dramatique ?

Oh la, il y a tellement de différents humours et comédies, peut-être que c’est lié aux époques ? Les comédies italiennes des années 1960 étaient plus grinçantes. Ça dépend des réalisateurs, peut-être ? Bertrand Blier par exemple, mais non, c’est du Blier. Je ne sais pas, ce sont des phases, des périodes. Un type de comédie qui marche, ça donne envie. On parle plus des modes qui ne durent pas.

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Mode ou pas, moi, ce que je n’aime pas, c’est ne pas sentir une forme de générosité. Je n’aime pas les comédies trop arides, irrécupérables. J’aime bien sentir l’humanité… De Funès, il a tous les défauts du monde mais on arrive à le trouver sympa. Tout le monde ne peut pas le jouer comme ça. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’assez sec.

C’est peut-être aussi lié à l’arrivée de nouvelles générations ?

C’est vrai que parfois, je me dis que je vieillis. Est-ce que mon humour a besoin d’être renouvelé ? Le fait est que c’est la première vraie comédie que j’ai faite en solo. Le Cœur des hommes, c’était des comédies mais c’est différent — et c’était il y a quelques années maintenant. Du coup, je suis un peu neuf, je n’ai pas trop de repères et je ne cherche pas à améliorer ou à chambouler mon humour pour être percutant.

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C’est vrai qu’en solo, on vous a plus vu dans des drames. Pourquoi vous ne vous êtes pas lancé plus tôt dans de la comédie à proprement parler ?

Frilosité, manque de bons scénarios, peur d’oser… J’ai beaucoup d’admiration pour beaucoup de mes comparses. José Garcia a fait beaucoup de comédies où il y allait à fond, avec énormément d’énergie. Jamais je n’oserai aller jusque-là. On m’avait proposé Pédale douce avec Patrick Timsit et je n’avais pas osé, en partie parce qu’à un moment, je devais faire un strip-tease à la Dalida. Je n’y vais pas par peur…

C’est intéressant, parce que dans Et plus si infinités, vous n’avez plus peur de la nudité pour le coup !

[Rires] C’est vrai que j’ai refusé pas mal de choses par peur. Mais avec le temps, j’ai pris confiance en moi. En fait, j’aime commencer par une situation crédible, plausible et, petit à petit, on a les éléments qui se décalent de la réalité. Alors que généralement, le tordu arrive très vite, et ça, je n’y arrive pas. Moi, il faut me donner de la place, il faut que les personnages puissent exister.

On parlait du fait que vous n’aviez pas fait beaucoup de comédies en solo. Est-ce qu’il n’y a pas une crainte de sortir de la troupe, là où vous étiez le plus habitué à faire de la comédie ?

Ce n’est pas une crainte, mais c’est vraiment différent d’être dirigé par quelqu’un d’autre, d’être dans un projet écrit pas par soi-même. Les Inconnus, j’écrivais et j’aimais bien les dialogues. Les mots, la psychologie, ça venait pas mal de moi.

Quand j’arrive sur un autre projet que je n’ai pas écrit, je dois m’éloigner de l’écriture, ce qui me permet du coup de jouer un personnage que je n’ai jamais joué. Que ce soit chez Blier ou dans Le Cœur des hommes, j’ai pris un plaisir à découvrir un personnage, à l’interpréter, à être dirigé.

Cela étant dit, quand je suis acteur, j’aime bien être en amont, pouvoir modifier un peu le texte si je peux, proposer des choses sur le tournage. Souvent, j’aime bien demander à voir une première version du montage, si le réal veut bien, mais cela n’enlève rien au fait que sur le tournage, je suis avant tout un exécutant.

C’était le cas sur ce film ? Tu as pu t’impliquer ?

Oui, j’en ai parlé avec eux. On a fait quatre après-midi de lecture à la table tous les quatre avec les réals et là, on change un mot qui est peut-être un peu trop désuet, ou trop moderne pour le prof très classique que j’incarne. On change les choses, on propose, on essaye.

Il y a cette séquence, tu sais, où on se moque de mon personnage parce qu’il a composé une musique pour une publicité pour un yaourt de Chambéry. Bon, ben elle n’existait pas, donc je me suis au piano, on a écrit les couplets et elle a pu être jouée. Ça venait de nous et ça fait du bien.

Il me semble que Pablo Pauly est un fan des Inconnus, ça change quelque chose sur le jeu et la complicité sur le plateau ?

Ce n’est pas intimidant, ça fait plaisir, c’est flatteur surtout. On parle de Pablo mais on pourrait parler des réals, ils ont tous des phrases des Inconnus qu’ils disaient régulièrement. Ça me touche, et le plus, Pablo me l’a dit très tardivement. Il dit que l’humour des Inconnus a compté pour lui. Je trouve ça beau et avec Pablo, on s’entend hyper-bien, on est hyper-différents. J’ai deux fois son âge. C’est un grand improvisateur et il a beaucoup de fraîcheur dans ces improvisations, justement.