Cet été, Konbini a décidé de vous décortiquer les meilleures et les pires théories du complot. Mais attention, tous les propos qui suivent ne sont QUE des théories, parfois complètement fantaisistes, et en aucun cas des informations à prendre au sérieux. Enfin, presque.
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Aujourd’hui, on va voyager dans le temps pour se plonger dans l’une des premières et des plus folles théories du complot de l’histoire de la musique. Celle qui dit que le VRAI Paul McCartney serait mort en 1966 et que le gars qu’on voit depuis, ben, c’est un SOSIE.
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Est-il nécessaire de présenter Paul McCartney ? Oui ? Bon, OK. Auteur, compositeur, interprète au sein des Beatles (le meilleur groupe du monde, selon moi), c’est celui à qui on doit “Yesterday”, “Hey Jude” ou encore “Let It Be”. C’est aussi le fondateur du groupe Wings dans les années 1970 et le coauteur de duos mémorables avec Michael Jackson, Stevie Wonder ou, plus récemment, Kanye West et Rihanna.
Bon, eh bien, saviez-vous que Paul McCartney c’est (peut-être) PAS Paul McCartney ?
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L’histoire commence le 12 octobre 1969 sur la station de radio de Détroit, WKNR-FM. Un auditeur appelle le disc-jockey, Russ Gibb, et lui parle d’une rumeur qui tourne depuis quelques mois. Apparemment, deux ans plus tôt, le 9 novembre 1966, Paul McCartney se serait embrouillé avec les autres Beatles pendant une session d’enregistrement. De rage, il aurait pris sa voiture, roulé en mode go fast et aurait eu un grave accident qui l’aurait… décapité. Pris de panique, les membres du groupe auraient alors décidé de cacher cette mort spectaculaire et de remplacer Paul par un… sosie ! Et pourquoi ils ont fait ça ? Bah, déjà, pour ne pas que le groupe s’arrête, et, ensuite, pour éviter une vague de suicides chez les fans. Bon.
Suite à l’émission de Russ Gibb, la rumeur commence à se propager en masse dans la presse et chez les fans. Mais pourquoi est-ce que cette histoire, qui n’a ni queue ni tête (comme Paul McCartney dans sa voiture), séduit-elle autant les gens ? Eh bien, parce qu’il existerait de nombreuses preuves qui attesteraient de la mort de McCartney ! Oui, parce que je ne vous ai pas dit, mais les trois Beatles restants, en plus d’avoir remplacé leur bassiste par un sosie, auraient aussi caché des indices évoquant la mort de leur ancien pote sur les pochettes et dans les paroles de leurs albums. En gros, ils veulent cacher sa mort MAIS quand même en parler ! C’est bizarre, mais bref, ils auraient lâché plein d’indices et ces indices sont… intéressants.
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Commençons par ceux présents sur Abbey Road, leur dernier album sorti deux semaines avant les prétendus faits. On connaît tous cette pochette culte : une photo montrant les quatre musiciens de Liverpool traversant un passage piéton. Eh bien, c’est l’élément déclencheur de la rumeur, car elle contiendrait de multiples “preuves” de la mort de McCartney.
La signification cachée principale se trouve dans la façon dont les Beatles sont habillés et leur placement dans l’image.
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Cette marche à la file indienne serait une procession funéraire et Paul McCartney serait… le mort. En effet, on peut observer qu’il est pieds nus. Alors, c’est peut-être parce qu’il faisait TRÈS chaud ce jour-là, mais c’est aussi peut-être une référence aux morts en Inde. En effet, on aurait coutume de les enterrer… pieds nus. Comme le groupe y a fait une retraite spirituelle en 1968, on peut supposer qu’ils sont au fait des coutumes du pays. Ringo Starr le précède habillé en noir, la couleur de la mort en Occident. Il symboliserait ainsi le croque-mort. Devant lui, John Lennon est entièrement habillé de blanc, couleur de la mort en Orient. Il évoquerait un prêtre ou tout simplement le Saint-Esprit. Fermant la marche, George Harrison est vêtu de jean, un bleu de travail qui indiquerait qu’il serait le fossoyeur chargé de mettre le corps en terre.
De plus, Paul est le seul à ne pas marcher du même pas que les autres, cassant ainsi une certaine homogénéité, et il tient une cigarette de la main droite, alors qu’il est censé être gaucher.
Derrière eux, une voiture blanche est immatriculée LMW28IF. Un message codé qui pourrait signifier “Living McCartney Would be 28 IF”, soit “Paul McCartney vivant aurait 28 ans si…”. En vrai, il avait 27 ans à l’époque, mais passons. Cerise sur le gâteau : le véhicule noir en arrière-plan symboliserait un corbillard.
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Les aficionados de la théorie de la mort de Paul se plongent alors dans les autres albums à la recherche de plus de preuves. Et ils en trouvent ! Pour commencer, dans White Album, sorti en 1968, le troisième morceau de la tracklist s’appelle “Glass Onion”. Sur ce titre, John Lennon fait de multiples références à d’anciennes chansons comme “I Am the Walrus”, “Strawberry Fields Forever”, “Lady Madonna”, “The Fool on the Hill” ou encore “Fixing a Hole”.
Au sujet de la chanson psychédélique “I Am the Walrus”, il lâche cette phrase énigmatique : “Well here’s another clue for you all / The walrus was Paul.” (“Et voici un autre indice pour vous tous / Le morse était Paul”). Le morse étant, dans certaines coutumes, un symbole de… la mort.
Un peu plus tard dans le disque, on trouve la chanson expérimentale “Revolution 9” (comme 9 novembre, jour supposé de la mort de Paul). Si on la passe à l’envers, on entendrait : “Turn me on dead man, turn me on dead man” (“Allume-moi, homme mort”).
La pochette culte de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, sorti en 1967, fourmillerait aussi d’indices. Sur son costume de fanfare bleu, Paul porte un macaron où l’on peut lire “OPD”, qui signifierait “Officially Pronounced Dead” (“Déclaré officiellement mort”). En vrai, c’est “OPP” qui est écrit, et c’est pour “Ontario Provincial Police”.
Au centre de la photo, on trouve une grosse caisse de batterie avec le titre de l’album. En posant un miroir horizontalement à mi-hauteur devant les mots “LONELY HEARTS”, cela donnerait :
1 ONE I X HE ^ DIE.
On décrypte :
1 ONE = 11
I X = 9 en chiffre romain
HE ^ DIE = il est mort
Donc 11/09 he die. Si on tient compte du système de notation américaine (à l’envers), ça donne donc : Le 9 novembre, il est mort.
Aux pieds des quatre Beatles, on trouve une basse en fleurs jaunes (et la basse, c’est l’instrument de Paul). Quand on regarde de plus près, on peut (si on veut) lire dans les fleurs les lettres “PaUL” suivies d’un point d’interrogation, comme si on se posait la question de son authenticité. Sur l’arrangement floral, on trouve trois baguettes qui symbolisent les cordes de la basse. Or, une basse a quatre cordes ! Et les Beatles sont quatre ! Donc il manque quelque chose, ou… quelqu’un (!).
Au verso de l’album, on retrouve les quatre musiciens posant devant un fond rouge. En surimpression, les paroles des chansons. Et, là aussi, des indices.
Ce qui saute aux yeux (des complotistes), c’est qu’ils sont tous de face SAUF Paul. Et sa tête tombe pile sur les mots “without you” du titre de la chanson “Within You Without You”. “Without you” qui veut bien sûr dire “sans toi”. Comme par hasard !
George Harrison est suspect, lui aussi ! Il a le doigt tendu et pointe la phrase “Wednesday morning at 5 o’clock” (“mercredi matin à 5 heures”). Or, si on regarde sur un calendrier, le 9 novembre 1966 tombe un… mercredi ! Bon, j’avoue, ça, c’est ouf, quand même.
“He blew his mind out in a car”
L’autre grosse preuve présente sur cet album, ce sont les deux premiers couplets d'”A Day in the Life”, qui raconteraient littéralement la mort de Paul.
I read the news today, oh boy
About a lucky man who made the grade
And though the news was rather sad
Well, I just had to laugh
I saw the photograph
He blew his mind out in a car
He didn’t notice that the lights had changed
A crowd of people stood and stared
They’d seen his face before
Nobody was really sure if he was from the House of Lords
En effet, le texte raconte l’histoire d’un homme qui s’est “éclaté la cervelle” dans un accident de voiture au petit matin (à 5 heures ?). Des badauds s’empressent autour de la voiture accidentée et reconnaissent le mort (“ils ont déjà vu ce visage”), ce qui indique que cette personne est connue. Paul, c’est toi ? En vrai, John Lennon parle de Tara Browne, l’héritier des brasseries Guinness qui s’est tué fin 1966 au volant de sa Lotus Elan.
Pour finir sur les indices disséminés, à la fin de “Strawberry Fields Forever”, on entendrait John Lennon murmurer “I buried Paul” (“j’ai enterré Paul”). En fait il dit “cranberry sauce”. Et sur la pochette américaine de Yesterday and Today, on voit Paul assis dans une malle ouverte qui représenterait son cercueil.
Mais alors, en partant du principe que cette histoire est vraie : qui est le fameux sosie ?
Il s’agirait d’un certain William Shears Campbell, aussi appelé Billy Shears, qui aurait gagné un concours de sosies des Beatles. Billy Shears est aussi le nom du “narrateur” de la chanson “With a Little Help From My Friends” qui est introduit à la fin du morceau “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” (les deux pistes se suivent) par ces phrases :
So let me introduce to you
The one and only Billy Shears
(Laissez-moi vous présenter
Le seul et l’unique Billy Shears)
Un autre indice, donc.
MAIS PAUL IS DEAD OU PAS ?
Les Beatles n’ont jamais vraiment réagi à cette rumeur et s’en sont même amusés.
Paul a déclaré, à l’époque : “Qu’est-ce que j’apprends ? Je suis mort ? Pourquoi suis-je toujours le dernier à être mis au courant de tout ?”
John Lennon y fait, lui, référence en 1971. Alors en clash avec McCartney, les deux s’insultent par chansons interposées. John sort le morceau “How Do You Sleep?” qui critique ouvertement son ancien acolyte. Il lance la punchline “Those freaks was right when they said you was dead” (“Ces tarés avaient raison quand ils disaient que tu étais mort”). Bonne ambiance.
Paul, quant à lui, parodiera la rumeur en 1993 à l’occasion de la sortie d’un album compilant des morceaux live tirés de ses récents concerts.
Sur la pochette, on le voit accompagné de son chien sur le même passage piéton (face aux studios d’Abbey Road). Derrière lui, la même voiture blanche avec une plaque immatriculée 51IS, qui signifie qu’il est bien vivant et qu’il a 51 ans. L’album en question s’appelle Paul Is Live, prenant le contre-pied de Paul Is Dead en jouant avec l’idée de musique live. Malin.
Bon, alors, maintenant, il est temps de répondre à la question cruciale : Paul McCartney, mort ou pas mort ?
On ne va pas se mentir, il y a 99,9 % de chance que Paul soit le vrai Paul, hein ! Mais imaginons, OUI, JE DIS BIEN IMAGINONS, que le 0,1 % soit VRAI ! Que Paul McCartney soit mort le 9 novembre 1966, et que, depuis, c’est William Shears Campbell, le gagnant d’un concours de sosies, qui sort des albums et fait des tournées. Eh bien, je me dis que les Beatles ont alors quand même réussi à trouver un sosie parfait de Paul McCartney qui soit encore plus fort que le vrai Paul McCartney. Et ça, c’est fort ! BRAVO, LES BEATLES !