C’est les 50 ans du hip-hop et on a décidé de vous raconter son évolution et ses moments charnières avec une année, une anecdote.
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Et cette fois-ci, il s’agit de 1982, l’histoire du premier morceau rap engagé de l’Histoire.
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Le hip-hop est à la base une musique festive, donc les premiers disques produits au début des années 1980 essayent toujours de retranscrire cette ambiance pour mixer, danser, chanter, se mesurer les uns aux autres dans une compétition saine.
Les vraies stars étaient les DJ
À l’époque, c’est vraiment les DJ les stars donc il n’est pas étonnant de voir Sylvia Robinson (encore elle) signer rapidement Grandmaster Flash sur son label Sugar Hill Records, car Grandmaster Flash est vraiment le boss des DJ à cette époque. Problème : impossible de retranscrire la science de ses mix et de ses scratchs sur un disque. Donc Flash vient avec son groupe, cinq rappeurs, les Furious Five et ensemble, ils sortent des disques qui retranscrivent l’énergie et la technique de leurs soirées, leurs block parties.
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Mais en 1982, Sylvia Robinson veut un morceau plus dur, moins festif qui décrit vraiment le mode de vie des ghettos new-yorkais. Et ça tombe bien, un des auteurs et compositeurs de son label, Duke Bootee, vient d’écrire un morceau plus “réel”, composé au piano dans la cave de sa mère avec comme inspiration la grève des transports qui sévit à ce moment-là à New York.
Son morceau est plus lent et plus dur que le rap de l’époque, il l’appelle “In The Jungle”. Première écoute : Sylvia est enchantée, elle pense que ça peut être le plus gros hit rap jamais conçu et elle sait déjà à qui le proposer : à son groupe phare, Grandmaster Flash & The Furious Five.
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La force du message
Problème, les membres du groupe ne sont pas chauds, mais alors vraiment pas. Ils trouvent le morceau trop lent, pas du tout dans leur délire, eux qui sont habitués à faire danser en soirée. Ils ont carrément peur que ce morceau détruise leur carrière.
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Sylvia prend alors un des rappeurs du groupe à part : Melle Mel, le plus incisif et talentueux. Elle lui dit : “Fais ce morceau seul et je fais de toi une star”. Melle Mel accepte et ajoute un bout d’un ancien couplet à lui en plus des paroles écrites par Duke Bootee. Et bim, c’est ainsi qu’on obtient “The Message”, le plus gros tube de Grandmaster Flash & The Furious Five qui est en fait un duo entre Melle Mel, seul membre du groupe présent, et Duke Bootee, un total inconnu, pas du tout dans le groupe. Le DJ, Grandmaster Flash, n’a absolument RIEN fait sur ce morceau.
Le pire, c’est que c’est bien le groupe entier qui apparaît dans le clip et que c’est Rahiem, un des Furious Five, qui lip sync entièrement les parties de Duke Bootee qui, lui, est totalement absent de la vidéo. D’ailleurs, après quelques autres morceaux dont “The Message II”, Duke Bootee devient aussi totalement absent du rap. Peu de temps après, il devient prof au lycée puis à l’université et finit sa carrière en tant que maître de conférences en communication et pensée critique.
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Les rappeurs deviennent le centre de l’attention
Pourtant, son nom est associé à un des morceaux les plus importants de l’histoire du hip-hop qui a lancé réellement le rap à tendance plus sociale et contestataire, une dizaine d’années après ses débuts. “The Message” va en effet influencer des rappeurs engagés comme KRS-One, Public Enemy, Brand Nubian ou X-Clan. C’est aussi le morceau charnière qui va rendre les rappeurs plus importants que les DJ au sein du hip-hop car maintenant, il y a un message.
Mais ça, c’est une autre année, une autre anecdote, une autre histoire, un prochain épisode.