Malak Mattar l’affirme, le fait qu’elle soit “née et [ait] grandi dans une cage” les a fait “suffoquer”, elle et son travail : “Vivre mes premiers bombardements à l’âge de 8 ans m’a privée de mon enfance. Je suis devenue adulte bien trop tôt et il n’y avait aucune place laissée pour le divertissement ou la joie.” Le 6 octobre, la veille de l’attaque du Hamas, la peintre est parvenue à partir pour Londres, “après trois semaines bloquée à Gaza à cause de la fermeture des frontières”.
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Depuis la capitale britannique, elle nous raconte sa vie à Gaza depuis sa naissance mais aussi sa douleur d’être loin de ses proches et de les savoir continuellement en danger. “Les premiers jours du génocide, ma famille pouvait m’envoyer des messages pour me dire : ‘On est vivants.’ Pendant les black-out, nous n’avions plus aucune nouvelle et plus personne n’arrivait à contacter Gaza. Les coupures de courant et d’Internet sont utilisées pour bombarder des refuges et des hôpitaux, pour massacrer des gens quand personne ne peut voir.”
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Si la peintre raconte que sa vie avant le 7 octobre était “belle” parce qu’elle passait son temps “avec [sa] famille et à peindre dans [son] studio”, elle n’omet pas de rappeler les bombardements qu’elle vit à répétition depuis qu’elle est née : “Les jours les plus terribles étaient ceux où les attaques tuaient des proches ou des membres de ma famille. On ne guérit pas du traumatisme des attaques parce qu’on est constamment sous les bombes, même lorsqu’il n’y a pas d’attaques ou de médias pour couvrir ce qu’il se passe.”
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“La torture qu’elles subissent est bien difficile à concevoir”
En parallèle des souffrances et des drames, la peintre voit un peu de lumière s’engouffrer dans les élans de solidarité vus à travers le monde : “J’aimerais remercier les personnes qui sont descendues dans les rues pour la Palestine malgré les répressions policières. La colonisation est si brutale et barbare et les réseaux sociaux ont permis aux gens de voir qu’un génocide avait lieu sous leurs yeux.” À Londres, elle voit “du changement”, des personnes qui “se réveillent”.
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Affirmant qu’“ensemble, on peut combattre l’injustice”, Malak Mattar conseille à celles et ceux qui souhaitent agir de “lire, manifester, partager des témoignages et résister contre le gouvernement colonialiste français qui soutient l’occupation. [On ne dit pas assez que] bombarder des hôpitaux n’est jamais arrivé dans l’histoire et que cela arrive tous les jours en Palestine, qu’empêcher de laisser entrer du carburant pour les hôpitaux, c’est une forme de génocide, que des bébés prématurés sont tués devant leur famille et que les médecins ne peuvent rien y faire, que tuer une vie qui n’a même pas commencé, c’est un crime”.
Sur Instagram et à distance, l’artiste continue de partager des œuvres qui montrent “l’horreur d’être enceinte à Gaza pendant le génocide” et la douleur d’y vivre son enfance afin que le monde ne ferme pas les yeux sur ce qui s’y passe : “Les femmes qui accouchent le font sans anesthésie et la plupart d’entre elles souffrent déjà de membres amputés à cause des bombardements et d’autres blessures déjà insupportables. Les médecins ne peuvent leur donner que des morceaux de tissu épais dans lesquels mordre, c’est la seule méthode disponible pour apaiser la douleur. La torture qu’elles subissent est bien difficile à concevoir”, écrit l’artiste à côté de la toile d’une femme enceinte couchée qui se cache le visage, son bébé visible dans son ventre.
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