“Ne pas faire comme les autres”. C’est sûrement le mantra que Gambi applique à lui-même chaque matin au réveil, ou au moment de fermer les yeux après une longue nuit blanche au studio, les oreilles bourdonnantes. Son deuxième album N’A Stragia applique les mêmes codes du risque que le premier opus de sa jeune carrière, sorti il y a trois ans : un projet assez long et un voyage en solitaire. Oui, le rappeur originaire du 94 nous dévoile un projet solo de 19 titres. 19 morceaux, c’est beaucoup. Tout seul, encore plus ; mais ça offre aussi un vrai panorama.
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Avec le clip de “Guette”, single de l’album, Gambi annonçait l’arrivée imminente d’un deuxième projet pour le 9 juin, toujours proche de la saison du soleil, des cocktails et des soirées à rallonge.
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Gambi, ancien livreur de sushis, est toujours aussi fulgurant et n’a rien perdu de sa grinta. Avec son style dansant, sa voix cassée et son sourire contagieux, la folie de l’artiste continue de nous toucher. La nouveauté, c’est qu’il nous touche aussi par ses mots et une sincérité que l’on peut ressentir à travers plusieurs morceaux comme “À perte” où il chantonne par exemple “Le samedi, c’est la fête, mais je ne danse pas dans le club”. Cette phrase est troublante, venant de celui qui nous fait danser dans ces fameux clubs.
Cette introspection était déjà présente dans La Vie est belle, mais se retrouve augmentée ici. On retrouve un Gambi à la mine sombre dans “Sales idées” ou “Nuit éternelle”. N’A Stragia, c’est un voyage dans sa vie, trahisons, doutes… le tout raconté avec parcimonie dans de courts interludes présents au fil de l’écoute comme au commencement du huitième morceau, “Arrivederci”.
Le savoir-tout-faire
L’artiste signé dans le label Rec. 118 est, commercialement parlant, une force de frappe non négligeable. Son style déjanté, sa musique dansante et festive : c’est avec cette recette qu’il a su se faire entendre du grand public. Malgré tout, sur un long format, la formule devient vite répétitive et ça, Gambi le sait bien. Qui plus est, il a des choses à dire et une palette artistique bien plus grande qu’on ne pourrait le croire.
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Il chante (avec ou sans autotune), il rappe, il est nostalgique, triste et parfois totalement heureux, comme pris d’une force mentale qui le rend indestructible et imperméable aux aléas de la vie. Suivant la voie tracée par son premier album, N’A Stragia développe de multiples univers musicaux, ce qui nous permet de tenir sur la longueur du projet.
Drill, jersey, club, des sonorités afrocaribéennes comme sur le morceau “Vida”… Sa proposition est vaste. Gambi ne délaisse pas pour autant les sonorités latines, reggaeton qui font de lui ce qu’il est avec des titres comme “Petete”, l’un des singles du projet, mais aussi “Mañana” et “Debiel”. Ces morceaux ensoleillés ont un fort potentiel commercial, comme Gambi sait si bien le faire, mais ils s’imbriquent avec intelligence dans 19 titres ultra-variés.
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Gambi avant N’A Stragia
L’aventure Gambi débute avec la série de freestyles “Makak” dont le premier épisode sort à l’été 2018 (décidément, cette saison lui colle à la peau). Il est ensuite repéré et signé sur le label Rec. 118. Il va alors pousser son personnage et son identité, boosté par une énergie et une singularité rare dans le rap de cette époque. Gambi commence donc son envolée avec plusieurs titres forts, faisant de lui un hitmaker à l’énorme potentiel.
Fort des succès de “Hé oh” et “Popopop” ainsi que de sa position de véritable révélation rap en 2019, Gambi sort son premier album studio, La Vie est belle en juillet 2020. Quasiment deux ans après, celui-ci devenait disque de platine et reste un très bon premier projet dans lequel l’artiste originaire du 94 a su énormément se diversifier, surprenant le public avec une œuvre aboutie.
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Juste après le premier album, Gambi disparaît pendant un long moment. Cette période d’inactivité sera brisée par un retour tonitruant (en char) avec le single “Khedma” en novembre 2021.
Ensuite, l’artiste enchaînera avec plusieurs singles dont certains développent un nouveau style, orienté vers la mode du moment, la jersey drill. Il dévoile des morceaux comme “Zaza”, “Paqueta” et le bien connu “Petete”, présent sur son deuxième album.
Il faut savoir que La Vie est belle comme N’A Stragia sont deux albums dévoilés sans promotion, une technique qui a parfois porté, ses fruits dans l’industrie, mais qui demeure malgré tout risquée (sans parler du fait de n’avoir aucun featuring pour appuyer le long format). Ce pari a plutôt réussi au premier opus de Gambi, mais la question reste de savoir s’il en sera de même pour le deuxième.