Récemment cité par Tiakola dans son Track ID, Leto continue de faire parler en tant que source d’inspiration et artiste marquant de sa génération. L, E, T, O, quatre lettres inscrites durablement dans le rap français depuis de nombreuses années, figure à la longévité impressionnante qui, malgré tout, semble souvent être un oublié des tops et autres classements. C’est cela qui justifie notamment l’écriture de cet article, après la sortie de son convaincant et efficace dernier projet Capitaine fait de l’art.
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Toujours le même ? Mais jamais pareil
Avec Capitaine fait de l’art, Leto a une nouvelle fois prouvé l’une de ses principales forces : sa capacité à renouveler ses flows au fil des années. On observe clairement dans les derniers titres sortis par le rappeur de Porte de Saint-Ouen un Leto qui expérimente, quitte à parfois répéter la nouvelle formule acquise, créant ainsi une cohérence pour certains ou un manque d’inspiration pour d’autres. Présent depuis le milieu des années 2010, premièrement avec Aero au sein du groupe PSO THUG, Leto a toujours été omniprésent dans le paysage du rap français avec un rythme de sortie intense, en solo ou en featuring, qui ne semble pas lasser son public, ou en tout cas qui lui permet toujours de le renouveler. En 2024, cela ne change pas, il impose une nouvelle formule, sans se dénaturer, et continue d’enrichir sa discographie de nouveaux succès commerciaux.
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Règne sans fin
Certains diront qu’ils n’entendent là qu’un simple copier-coller de ce qui se fait outre-Atlantique, mais force est de constater que la recette fonctionne en France et que Leto sait se faufiler dans ce qui fonctionne pour y piocher de l’inspiration et recracher le tout à sa manière. C’est plus qu’un renouvellement, le rappeur s’adapte aux époques, aux styles, et pourrait bien surprendre tout le monde en continuant de le faire pendant encore un bon paquet d’années. On ressent une compréhension globale du rap qui lui permet de ne jamais paraître en retard ou sur le fil, presque toujours dans le bon timing, même si cela nécessite d’être constamment attentif et de ne jamais se reposer sur ses acquis artistiques.
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Excellent rappeur, Leto a su s’ouvrir rapidement, apportant une bonne dose de mélodies s’alliant parfaitement à son grain de voix et à sa façon de rebondir sur les prods. Tout cela fait de lui un artiste polyvalent, à l’aise quasiment partout, des grosses drills du début des années 2020 à la trap d’Atlanta ou encore plus récemment aux productions plus langoureuses et solaires d’un “Tout gâché”.
Place de choix
La trajectoire de Leto a souvent questionné, le rappeur enchaînant les featurings à une période ; il a semblé s’enfermer dans ce personnage dangereux, celui d’un rappeur très fort en featuring (coucou, Ninho) mais rarement au niveau seul face à une prod. Avec Capitaine fait de l’art, projet ne contenant qu’un featuring avec Kepler et Tvslym, Leto démontre qu’il sait faire sans les autres grosses têtes du rap français. Malgré tout, on peut se demander ce qui fait que Leto n’a pas vraiment la reconnaissance que beaucoup lui prédestinaient. Ce qui pourrait lui manquer, c’est une ligne claire, une proposition artistique plus singulière, un projet référence ultime, même si ses mixtapes TRAP$TAR ont toujours rencontré leur part de succès. Dans tous les cas, il faut aussi comprendre les mystères de la musique, une chimie complexe qui ne permet pas à toutes nos attentes d’être exaucées.
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Mais si, au final, Leto était à la place parfaite pour lui ? Un statut qui ne remet pas en cause son talent inévitable mais qui le laisse à une exposition moindre comparé à certains de ses camarades. Le capitaine fait peu de vagues hors musique et peut se concentrer sur ses projets. Cela semble porter ces fruits, puisque la forme de Leto ne faiblit pas, et même s’il n’a peut-être pas les fleurs qu’il mérite pleinement, tout le monde ou presque écoute le Capitaine.