Souvent considéré comme une activité “masculine”, le tatouage est encore trop stéréotypé. Loin de ces clichés, la journaliste, DJ et autrice Naomi Clément explore avec Tatoueuses l’univers de femmes françaises inspirantes qui font du tatouage. On lui a posé quelques questions pour en savoir plus.
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Konbini | Qu’est-ce qui t’a poussée à écrire sur les femmes tatoueuses ?
Naomi Clément | Depuis mes débuts en tant que journaliste, j’ai toujours eu à cœur de donner la parole aux femmes évoluant dans le monde de l’art – celles qui renouvellent la scène rap et R’n’B, principalement, mais également celles qui contribuent à l’élévation de la scène tatouage.
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Mon intérêt pour le tatouage a commencé en 2013, lorsque je suis allée faire un reportage sur le Mondial du tatouage de Paris. J’étais déjà tatouée à l’époque, et donc, cette pratique m’intéressait. Mais ce reportage m’a ouvert les yeux sur la nature véritable du tatouage. Je me suis rendu compte qu’il était un art à part entière, avec son histoire, ses courants, ses différents représentants et représentantes à travers le monde… Fascinée et désireuse, moi aussi, de participer à la démocratisation de ce que beaucoup de tatoueurs et tatoueuses nomment “le dixième art”, j’ai commencé à écrire de nombreux articles sur le sujet, en allant notamment à la rencontre de différents pionniers du genre aux quatre coins du monde. Mark Mahoney aux États-Unis et Horiyoshi III au Japon, par exemple. Ce faisant, j’ai compris que le tatouage était un monde d’hommes – tout en constatant que les femmes étaient bel et bien présentes dans ce monde et qu’elles contribuaient à en faire bouger les lignes. Ce livre est pour moi une façon de rendre hommage à leur travail.
Comment as-tu sélectionné les tatoueuses ?
Ça n’a pas été facile, car comme vous vous en doutez, il y a aujourd’hui une infinité de femmes contribuant à faire bouger les lignes du tatouage en France ! La sélection qui s’offre à vous dans ce livre a été guidée par une triple volonté : représenter l’ancienne et la nouvelle génération de tatoueuses françaises ; exposer la diversité des styles qui animent cette scène ; et mettre en avant plusieurs tatoueuses racisées, une tâche qui m’est chère, en tant que métisse.
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Comme tu le dis dans ton livre, le métier de tatoueuse est encore très fortement attaché à un stéréotype masculin. Quels sont ces stéréotypes et où en sommes-nous aujourd’hui ? Est-ce qu’on se dirige vers une égalité ?
Quand je parle du tatouage autour de moi, je constate en effet qu’il est souvent encore associé au masculin. Cette vision change énormément avec les nouvelles générations – la mienne et celle qui suit –, qui sont énormément tatouées. Pour beaucoup, le tatouage reste encore une pratique de “mauvais garçons”, pas du tout faite pour les femmes. Ce stéréotype découle de stéréotypes plus globaux, qui voudraient que les femmes soient plus douces, plus délicates que les hommes…
Certains et certaines pensent aussi qu’il y aurait “un tatouage féminin”, c’est-à-dire que les femmes tatoueuses seraient exclusivement attirées vers la réalisation de fleurs minimalistes et colorées, tandis que les hommes opteraient pour de grosses pièces tout en noir, dans un style plutôt chicanos ou old school… Ce qui est faux ! Toutefois, je trouve que ces stéréotypes s’estompent de plus en plus, notamment grâce aux réseaux sociaux, qui permettent aux femmes d’exposer leur travail aux yeux de toutes et tous.
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En quoi la génération de tatoueuses d’aujourd’hui se différencie de celle d’avant ?
La principale différence, selon moi, c’est qu’il est aujourd’hui plus facile d’embrasser le métier de tatoueuse. Non seulement parce que le milieu se féminise, mais également parce qu’il est beaucoup plus facile de se procurer du matériel. N’importe qui peut s’acheter une machine sur Internet en 2022, se rendre visible sur les réseaux, ouvrir un salon… La génération de Laura Satana, Dodie ou Léa Nahon, les pionnières présentes dans mon livre, a mis beaucoup plus de temps à s’imposer.
Quels sont les 5 meilleurs endroits où se faire tatouer à Paris ?
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Je ne peux m’empêcher de citer les salons des artistes présentes dans Tatoueuses ! Pour celles et ceux qui chercheraient à se faire un tatouage dans les styles chicanos/old school, foncez chez Exxxotic Tattoos Paris, le salon de Laura Satana. Si vous êtes plutôt dans le floral minimaliste, je vous encourage vivement à booker un rendez-vous avec Eva Edelstein ! À L’Encrerie, vous trouverez Alexia Yumcha, qui mêle dans son travail son passif en psychologie et ses racines cambodgiennes. Si vous êtes plutôt dans l’ornemental, je vous recommande de vous diriger vers Blum, qui officie chez Venenum Tattoo. Et pour les fans de réalisme : c’est chez Or Noir que ça se passe, avec Poly !
Retrouvez Naomi Clément sur Instagram. Son livre Tatoueuses est disponible aux éditions Leduc pour 24,95 euros.