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#6. All We Know Is Falling (2005)
Le premier album de Paramore n’a pas été une mince affaire à produire. D’abord, parce qu’Hayley Williams était à l’époque catégorisée comme une chanteuse pop, à cause de son ancien label Atlantic Records et de leur marketing nauséabond, ensuite parce que les membres ont souffert du départ de leur bassiste, Jeremy Davis. Il en résulte un album de pop punk assez faible, inconsistant et pas facile à écouter aujourd’hui car très emprunt du rock mainstream et de la mouvance emo de l’époque, quelque part entre Fall Out Boy et My Chemical Romance.
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Toutefois, on trouve un certain charme à All We Know Is Falling, de sa jaquette assez absurde (qui marque l’absence et le départ de Davis) et presque lynchienne, à ses titres un peu brouillons que Fueled by Ramen jugeait d’ailleurs à l’époque tout simplement “mauvais”. On aime pourtant le riff de “Pressure”, la mélodie lancinante de “Here We Go Again”, la puissance vocale d’Hayley Williams sur “Emergency” et la douceur de “Never Let This Go”, qui nous ramène aux meilleures heures de Jimmy Eat World.
Ça n’a pas été une révolution et il y a même très peu de tubes sur cet album qui s’est d’ailleurs cassé la gueule dans les ventes, mais une énergie folle qui leur permettra deux ans plus tard de sortir une dinguerie et d’exploser dans les radios rock.
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#5. After Laughter (2017)
After Laughter est un album compliqué à classer pour moi. Honnêtement, c’est aussi celui que j’ai le moins écouté de la discographie de Paramore car j’ai du mal à m’imprégner des compositions très, trop pop à mon goût. Le virage électro de titres comme “Hard Times” (une outro à la Daft Punk, vraiment ?) ou des chansons ultra-commerciales comme “Rose-Colored Boy” (qui ressemble à un medley foireux entre Pink et Katy Perry, je vous le dis comme je le ressens) m’ont quelque peu laissé indifférent voire inquiet quant à l’avenir du groupe. Je l’aurais volontiers classé à la dernière place, même s’il faut reconnaître qu’After Laughter est bien mieux produit et calibré qu’All We Know Is Falling, grâce à l’expérience accumulée par Paramore en une dizaine d’années.
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Après quelques recherches Google, j’ai découvert qu’After Laughter reste pourtant l’un des plus gros succès commerciaux et critiques du groupe, notamment plébiscité par Pitchfork à sa sortie. Et encore une fois, sa production a été mouvementée après le nouveau départ de Jeremy Davis et le retour de Zac Farro à la batterie, dont j’ai toujours apprécié les partitions surtout en live (non mais cette version complètement folle de “Born For This” dans The Final Riot!, on en parle ?!). Mais dans After Laughter, tout sonne électronique et assez plat dans mes oreilles, comme si le groupe s’était assagi et avait décidé de se reposer sur ses lauriers après Paramore.
Je suis peut-être dur, mais je crois que cet opus m’a vraiment déçu, possiblement car pour la première fois, je ne vois que très peu d’évolution dans le style pourtant très alternatif de Paramore. Allez, pour rester optimiste, j’ai quand même envie de saluer le morceau”Pool”, solaire et synth-pop comme un hommage aux groupes mythiques de power pop des années 1980, des Talking Heads à The Bangles.
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#4. Paramore (2013)
Le départ des frères Farro, en grosse partie liée à la rupture entre Josh et Hayley Williams, fut une épreuve de plus à surmonter pour Paramore. Mais la chanteuse et Taylor York ont aussi trouvé un nouveau souffle avec ce remaniement interne, qui plus est avec le retour surprise du bassiste Jeremy Davis et le soutien du producteur Justin Meldal-Johnsen (Beck, Air, Nine Inch Nails). Avec Paramore, un titre du nom de groupe, comme une volonté de faire table rase du passé, Hayley Williams et ses compagnons reviennent à des sons plus pop rock, funk voire new wave, comme le tout premier groupe qu’ils voulaient monter à l’origine, baptisé The Factory.
À la première écoute, l’album a de quoi désemparer les fans de la première heure. Clairement plus mainstream pour convenir à la radio, Paramore est une succession de titres efficaces et endiablés dance pop où le synthé a remplacé la guitare saturée de Josh Farro. De l’entraînant “Fast in My Car” au très funky “Ain’t It Fun” en passant par mon petit coup de cœur “Still Into You”, l’opus invite à méchamment groover et permet aussi à Hayley Williams d’étaler la polyvalence de son répertoire au chant.
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Un album probablement clivant au sein de la communauté de fans, mais devant lequel on ne boude pas son plaisir, d’autant plus que des réminiscences emo/pop punk et nostalgiques sont toujours bien présentes, notamment avec “Be Alone” et “Last Hope”.
#3. This Is Why (2023)
Si la nostalgie m’oblige à classer plus haut dans ce classement deux albums mémorables de Paramore, This Is Why est un pur banger. Hayley Williams, Taylor York et Zac Farro plongent à corps perdu dans la funk et même le post-punk pour pondre cet opus court mais palpitant, découpé en plusieurs tubes où Hayley n’a sincèrement jamais aussi bien chanté. Le genre d’album qui vous donne envie de danser et de ressortir faire la fête après plusieurs années de pandémie, avec en guise d’apéritif l’endiablé “This Is Why” et sa rythmique jouissive.
On enchaîne avec le riff de guitare ultra-sensuel de Taylor York dans “The News”, puis ma track préférée de l’album, “Running Out of Time”, dont le clip s’inspire en grande partie de l’univers “carrollien” de Tom Petty and the Heartbreakers (regardez celui de “Don’t Come Around Here No More” et vous comprendrez pourquoi). Les petits cris euphoriques d’Hayley et les accords piquants de Taylor vont vous accompagner un bon moment dans votre playlist 2023, croyez-moi.
La grande force de This Is Why, c’est probablement sa facilité à être écouté d’une traite tant il n’y a rien à jeter. Et puis, en tant que bons Français, on ne va quand même pas cracher sur le très funk “C’est comme ça” et la voix voluptueuse d’Hayley sur le refrain. Restez bien jusqu’à la fin pour entendre la superbe “Crave” et ses relents de jangle pop très doux pour vos oreilles, ou la folk plus lancinante de “Thick Skull”.
#2. Brand New Eyes (2009)
Oui, c’est l’album où se trouve le fameux “Decode” composé pour la BO de Twilight (dans son édition Deluxe tout du moins). Et oui, même si l’amour de Paramore pour le pop punk est toujours bel et bien présent dans Brand New Eyes, on ose parler du fameux cliché de l’album de la maturité pour le décrire. Malgré des dissidences au sein du groupe et des rumeurs de séparation insistantes, cet opus a fait grandir les membres du groupe, symbolisé par le papillon qui déploie ses ailes en couverture. Un album qu’Hayley Williams et ses compagnons considèrent comme thérapeutique, avec des paroles plus sombres mais aussi davantage ancrées dans le présent, un exercice que la chanteuse jugeait pourtant difficile voire douloureux.
Outre la popularité de “Decode”, on aime le tube “Ignorance” et sa frénésie pop punk qui s’inscrit dans la lignée de Riot!. Mais la profondeur et la maturité de l’album se retrouvent dans des chansons plus confidentielles, comme la sublime “Looking Up” qui sonne très 2000’s, ou la magistrale “All I Wanted”, dans laquelle Hayley Williams nous brise le cœur. L’acoustique simple et efficace de “Misguided Ghosts” m’a aussi beaucoup accompagné dans les jours et les nuits tristes, comme l’une des dernières tracks vraiment emo de Paramore, où Hayley Williams parle des difficultés à trouver sa place dans le monde.
En résumé, Brand New Eyes est un album puissant et réfléchi, auquel les fans qui ont grandi avec Paramore peuvent s’identifier et faire leurs adieux à l’adolescence pour entrer dans le monde adulte pas toujours très fun. Ou comment faire ses adieux au pop punk de coming-of-age pour s’ouvrir à un nouvel horizon plus funk et coloré, qui débutera avec leur opus du nom de leur groupe, Paramore.
#1. Riot! (2007)
De mon humble avis, Riot! est l’un des albums fondateurs du pop punk américain du début du XXIe siècle, au même titre que All Killer, No Filler de Sum 41 ou encore Enema of the State de Blink-182, qui venaient conclure les années 1990 en participant à “l’américanisation” de l’Europe à travers la culture US (et, il est vrai, dont les titres finissaient souvent dans les BO des teen movies populaires type American Pie). Un album puissant, révolté comme l’indique son nom et surtout rempli de tubes pop punk, moins emo que All We Know Is Falling et donc au son plus saturé, issu de la mouvance punk façon Green Day (American Idiot, sorti trois ans plus tôt, a clairement influencé Paramore).
Cet aspect plus lumineux dans la musique d’Hayley Williams et ses comparses, on le ressent dans les paroles et des titres évocateurs comme “For a Pessimist I’m Pretty Optimistic”, qui ouvre l’album. Même si la patte emo se ressent encore, notamment dans l’excellent “crushcrushcrush”, Paramore parvient à s’extirper véritablement du statut de simples héritiers d’Avril Lavigne ou encore de Boys Like Girls, une image mainstream nauséabonde de rock radiophonique pour ados marginaux qui leur collait à la peau. Et puis, il y a évidemment le titre phare, celui de toute une génération d’ados bercés au pop punk, “Misery Business”.
Un tube qui fait référence à Stephen King et dans lequel Hayley Williams a craché toute sa rage, et que votre serviteur avait bien poncé sur Guitar Hero: World Tour. Un hymne à la jeunesse mais aussi aux difficultés sociales rencontrées au lycée, qui m’évoque la tragédie du clip de “Nothing To Lose” de Billy Talent, et qui résonne comme une forme de bullying voire de misogynie subie à travers les paroles d’Hayley Williams. Impossible de ne pas “wear the biggest smile” de nostalgie en écoutant, encore aujourd’hui, les classiques pop punk de Riot!.