Booba l’a fait. Il est devenu le premier rappeur français à remplir le Stade de France. 80 000 spectateurs ont pu assister à un show qui sonnait comme la fin de quelque chose de grand. Avant que la page se tourne définitivement, on s’est replongé dans la discographie du Duc de Boulogne pour tenter d’établir un classement.
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À la rédaction, pas facile de se mettre d’accord quand on parle d’albums étalés sur autant d’années. 20 ans se sont écoulés depuis le premier projet solo et plusieurs générations ont vu évoluer B2O. Autant vous dire qu’entre le jeune stagiaire tout frais et les plus anciens de chez Konbini, les classements diffèrent complètement.
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On a quand même réussi à se mettre d’accord et à établir un classement (objectif) des 10 albums de Booba :
10. ULTRA (2021)
Le petit dernier, enfin, vraiment dernier pour le coup. La principale raison de pourquoi ULTRA se retrouve aussi bas, c’est une certaine déception qui en dégage. Pour un dixième album solo, le dernier de sa carrière, 19 ans après son premier classique, ça paraît paresseux. Même si individuellement, certains morceaux sont bons, l’ensemble sonne assez creux. Sept invités pour quatorze morceaux, on peine à trouver ce qui nous plaît chez Booba, noyé parmi des artistes parfois trop peu expérimentés.
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9. Trône (2017)
Moins décevant que ULTRA, mais décevant quand même. Trône n’est pas au niveau des projets précédents de Booba, mais l’énergie qu’il dégage permet tout de même de prendre du plaisir. “Terrain”, “Nougat”, “Drapeau Noir”… Les démonstrations de rap et de technique sont très bonnes. La symbolique de “Petite fille”, l’efficacité de “Ridin”, la collaboration avec Damso sur “113”, dire qu’il n’y a que des mauvaises choses à retenir de Trône serait un mensonge. Grosse débat en interne tout de même sur “Centurion”, l’introduction du projet. Certains n’ont toujours pas compris. Le plus gros titre reste le bonus “DKR”, peut être le morceau d’une carrière, l’accomplissement d’un monde calé entre Nero Nemesis et Trône. Après “DKR”, plus rien ne sera pareil.
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8. 0.9 (2008)
Souvent décrié comme le projet de la fin d’un règne, 0.9 est un album contrasté avec beaucoup de prises de risque comme “Izi Life”, “Illegal” ou encore “Pourvu qu’elles m’aiment”. 0.9 est aussi marqué par des changements de sonorités dans les instrumentales avec l’arrivée de la Trap ainsi que celle de l’autotune alias l’antéchrist du rap pour une partie de son public. Mais 0.9, c’est aussi l’album de sa consécration mainstream et de son aura auprès de la scène électronique avec les remixs de “Salade Tomates Oignons” de Yuksek ou “Marche ou crève” de Busy P.
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7. Lunatic (2010)
Pour appeler son 5e album solo comme le nom d’un des plus grands groupes de rap français, auquel on a appartenu, il faut être très confiant sur sa qualité. Parmi les fans de la première heure de Booba, beaucoup ont été déçus par ce projet, qui, paradoxalement, a permis au rappeur d’élargir sa fan base. Douze ans après sa sortie, les morceaux qu’on réécoute se comptent sur les doigts d’une main (“Ma Couleur”, “Jour de Paye”, “Boss du Rap Game”, “Comme une étoile”). C’est peu pour un 18 titres.
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6. D.U.C. (2015)
Trois ans après Futur, Booba tente de reproduire la formule d’un album bourrin avec D.U.C. Souci : l’exécution n’est pas aussi bonne et les moments de bravoure sont beaucoup moins nombreux. Résultat, on s’ennuie pas mal en écoutant ce disque. Certains des plus gros titres comme “3G” ou “La Mort Vous Va Si Bien” étaient sortis bien avant l’album, laissant un goût d’inachevé. Heureusement, quelques morceaux arrivent à nous sortir de notre torpeur (“Tony Sosa”, “Caracas”, “Mon Pays”), et deux (seulement) tournent encore aujourd’hui dans le casque : la déflagration en concert “Mové Lang” et l’affrontement au sommet avec Lino sur “Temps Mort 2.0”. Mais deux sons de bagarre pour un album de bagarre, là aussi, ça fait peu. Et puis, il y a “Jack Da”…
5. Futur (2012)
Si Futur était un film, ce serait un blockbuster d’action à la fois survitaminé, efficace et suffisamment quali pour ne pas tomber dans la catégorie plaisir coupable. À l’exception des titres “Tombé pour elle” et “Tout c’que j’ai”, Booba est en démonstration de puissance sur tout l’album. Un étalage de muscles et de testostérone dont le point d’orgue est le classique “Kalash”, banger sous stéroïdes sur lequel B2O croise le fer avec un Kaaris aussi déchaîné qu’inspiré. Un titre bien plus puissant que “Wesh Morray” par exemple, dont le seul mérite est d’avoir (re)lancer ses rivalités iconiques avec Rohff, mais aussi La Fouine.
4. Panthéon (2004)
Premier essai sur son propre label, Panthéon est un blockbuster un peu mal reçu à sa sortie pour ses quelques moments faibles et sa proximité avec les sorties américaines du moment comme 50 Cent, Fabolous, Ja Rule ou encore State Property. Pourtant, l’album est un cran au dessus niveau production et mixage, quelque part entre Neptunes et Just Blaze. Et il comporte parmi les plus grands tubes de Booba comme “N°10”, “Tallac” ou “Baby” avec l’excellent Nessbeal en embuscade. Certains autres morceaux plus cachés sont totalement indispensables comme “Mon Son” ou “Bâtiment C” pour la qualité de la technique, de l’énergie et de l’écriture de Booba. Une transition de domination.
3. Nero Nemesis (2015)
Après un D.U.C en demi-teinte, Nero Nemesis sort la même année et met tout le monde d’accord. Booba revient avec l’ambition de proposer un projet plus rap et quelle merveilleuse idée. Tellement de classiques de la discographie de B2O sont nés à travers Nero Nemesis. Le tube “92i Veyron”, le destructeur “Walabok”, l’explosif “Génération assassin”, la grosse collaboration “Pinocchio”… Même “Validée”, la seule tentative de zumba du projet est restée dans les esprits. Un classique avec Benash, on ne l’avait pas vu venir. La cohérence rend vraiment Booba meilleur, poussé par une nouvelle génération de talents comme Damso ou Siboy. La renaissance.
2. Temps mort (2002)
Le premier coup de poing en pleine gueule. Bien sûr, il y avait eu Mauvais Œil, le premier et unique album de Lunatic, un classique indépendant qui a changé la face du rap. Mais sur son premier album solo tant attendu, Booba délivre ce qu’on attendait de lui : des suites ininterrompues de punchlines, des choix instrumentaux culottés et la plus grosse introduction du rap français. L’année 2002 a vraiment été marquée par un Booba insolent, explosif et déjà loin du collectif 45 Scientific. La fin d’une époque, le début d’un règne.
1. Ouest Side (2006)
Ouest Side marque la fin de la Phase I de la carrière de Booba en solo. Sur son 3e album, le rappeur de Boulogne réussit la synthèse parfaite entre le style brut de Temps Mort et les morceaux plus calibrés de Panthéon. Un mélange efficace sur fond d’inspiration “Dirty South” dans les instrumentales symbolisé par les singles “Garde la pêche”, “Boulbi”, “Pitbull”, “Mauvais Garçon” et “Au bout des rêves”, qui parlent aussi bien aux fans des débuts qu’à ceux qui prennent le train en cours de route. Un chef-d’œuvre.