Sans filtre de Ruben Östlund (sortie en salle le 28 septembre)
Dans cette nouvelle satire jouissive, cette fois-ci dans le monde des ultra-riches et du luxe, le réalisateur suédois suit l’aventure de Yaya et Carl, un couple de mannequins et influenceurs en vacances sur une croisière de luxe pour un voyage qui va tourner à la catastrophe. Dans une sorte de Titanic inversé, où les plus faibles ne sont pas forcément les perdants, le film décortique les ressorts de classe : les riches contre les pauvres, mais aussi les hommes contre les femmes, et les Blancs contre les Noirs.
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Après Play (2011), Snow Therapy (2014) et The Square (2017), Ruben Östlund poursuit sa méticuleuse dissection des conventions sociales, des petites lâchetés et autres dilemmes moraux dans un long-métrage radical. Cinq ans après sa Palme d’Or reçue pour The Square, le cinéaste a une nouvelle fois été couronné de la récompense suprême à Cannes cette année, décernée par un jury “extrêmement choqué par ce film” et qui a de nouveau divisé les festivaliers. Fin août, nous apprenions également la mort subite de Charlbi Dean, l’actrice principale du film, à l’âge de 32 ans.
Blonde d’Andrew Dominik (sortie sur Netflix le 28 septembre)
Il s’agissait du film le plus attendu de l’année sur la plateforme et à raison. Outre l’adaptation mouvementée d’une biographie sombre et fictionnalisée de la vie de Marilyn Monroe de près de 800 pages en projet depuis plus de 10 ans, le film de 2 h 45 produit par Brad Pitt a écopé d’une classification NC-17-rated aux États-Unis. Tous les paramètres étaient donc réunis pour exalter les attentes.
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Le résultat final n’éteindra certainement pas le brasier. Film feel-bad du début à la fin, selon les mots de son réalisateur, Blonde est avant tout l’histoire d’une enfant dont personne ne voulait et qui est devenue la femme la plus désirée du monde. Par cette œuvre intense, brutale et démesurée, Andrew Dominik nous entraîne par tous les moyens dans la détresse émotionnelle de l’icône et nous donne à voir un film nouveau à chaque plan.
Le Sixième enfant de Léopold Legrand (sortie en salle le 28 septembre)
Les films sur la famille et le fait d’être parent (ou non) ont la cote en ce moment. Ils pourraient être fades, mais c’est l’inverse. Car, à l’instar du très beau Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski, un autre long mérite toute votre attention. Le sixième enfant, récit réunissant un couple de gens du voyage (Judith Chemla et Damien Bonnard), qui vont vendre/offrir un bébé à un couple d’avocat (Sara Giraudeau, bouleversante, et Benjamin Lavernhe). Ces premiers ont déjà cinq enfants et les autres n’arrivent pas à en avoir.
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Déchirant et d’une maturité folle pour un premier long, avec un casting solide qui va vous questionner sur votre propre morale, c’est la petite claque qu’on n’avait pas vu venir, loin des clichés que certains malotrus peuvent encore se forger de ce que serait le cinéma français.
Les Jeunes Loups de Marcel Carné (ressortie en salle le 28 septembre)
Le nom de Marcel Carné est plutôt associé au cinéma des années 1930 et 1940. À Jacques Prévert, bien sûr, mais aussi à des films cultes comme Les Enfants du paradis, Quai des brumes, ou encore Hôtel du Nord. On connaît moins sa carrière filmique des années 1960 et 1970 et tout particulièrement Les Jeunes Loups. Et pour cause, le film, qui est sorti quelques jours avant mai 1968, s’est fait censurer (Carné a rejeté le film), massacrer par la presse pour ses thèmes de liberté sexuelle trop en avance sur leur temps, et retirer des salles très rapidement. On peut même dire qu’il a été invisibilisé, jusqu’à aujourd’hui, puisque Malavida le ressort en salle, en version restaurée.
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Une occasion unique de voir une pièce rare, qui prouve que, contrairement à ce que l’on peut croire, le cinéma français des années 1960 ne se résumait pas qu’à la Nouvelle Vague et abordait la question hippie comme outre-Atlantique.
L’Origine du mal de Sébastien Marnier (sortie en salle le 5 octobre)
Après Irréprochable et L’Heure de la sortie, le réalisateur français Sébastien Marnier revient avec un nouveau thriller en semi huis clos très efficace, présenté à la Mostra de Venise.
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Dans une grande villa en bord de mer, sorte de luxueux cabinet de curiosités, Stéphane, une jeune femme modeste (Laure Calamy) retrouve son père, inconnu et très riche, entouré d’une étrange famille peu aimable : Louise, son épouse fantasque (Dominique Blanc), George, sa fille et ambitieuse femme d’affaires (Doria Tillier), Jeanne, sa petite-fille et ado rebelle (Céleste Brunnquell) ainsi qu’une inquiétante servante. Il est d’emblée évident que quelqu’un ment mais pourquoi, comment et dans quel but, le scénario bien ficelé nous empêche de comprendre les rouages de la manigance jusqu’à la dernière minute du film. Servi par d’impeccables actrices, on assiste à une partie de Cluedo en Technicolor contre la famille Adams.
Un beau matin de Mia Hansen-Løve (sortie en salle le 5 octobre)
Présenté à Cannes à la Quinzaine des Cinéastes et préselectionné pour représenter la France aux Oscars, le nouveau film de Mia Hansen-Løve vient compléter la galerie d’héroïnes de tous âges qui peuplent le cinéma de la réalisatrice française.
Dans Un beau matin, c’est Sandra (Léa Seydoux), traductrice et mère célibataire qui partage sa vie entre deux hommes : son père, atteint d’une maladie neurodégénérative (émouvant Pascal Greggory) et son ancien ami et nouvel amant, Clément, qui est déjà marié (l’élégant Melvil Poupaud). Les visites à l’Ehpad sont bouleversantes, mais la réalisatrice allège son récit grâce à la lumière de cette nouvelle passion. Dans ce quotidien en miroir entre un père qui disparaît peu à peu derrière la maladie et l’amour qui renaît grâce à un nouvel amant, le spectateur balance entre une existence à la fois banale mais aussi brutale.
Novembre de Cédric Jimenez (sortie en salle le 5 octobre)
Soyons réalistes deux minutes : après Bac Nord et ses polémiques, quiconque aurait pu craindre de voir un film sur l’enquête qui a suivi les attentats du 13-Novembre par le même cinéaste. Si le film est loin d’être parfait, il relate les faits avec une pudeur assez juste, tout en y incorporant assez de cinéma pour que sur le papier, le récit fonctionne. Et c’est le cas. Que l’on aime ou non certains partis pris, le fait est que c’est un film important à voir cette fin d’année.
La Revanche des humanoïdes d’Albert Barillé (ressortie en salle le 12 octobre)
Vous connaissez la série culte Il était une fois la vie et tous ceux qui ont suivi. Saviez-vous néanmoins que les créateurs ont également fait un film de SF dans l’espace ? Oui, un film d’animation, des années 1980, ambiance Star Wars, avec les personnages chers à notre cœur et totalement tombé dans l’oubli, que Carlotta resort en salle en version remasterisée.
Que vous faut-il de plus ?
Jack Mimoun et les secrets de Val Verde de Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin (sortie en salle le 12 octobre)
Pour son premier film en tant que réalisateur, l’ancien du Jamel Comedy Club a choisi de s’attaquer aux films d’aventures. Pour cela, il a revêtu l’hypocrisie et la panoplie factice d’un faux aventurier de télé-réalité, qui va céder au charme d’une ambitieuse jeune femme (Joséphine Japy) décidée à l’engager pour retrouver un trésor sur une dangereuse île perdue. Dans leur mission, ils seront accompagnés du manager de pacotille de Jack Mimoun (Jérôme Commandeur) et d’un pilote demeuré et complotiste (François Damiens).
Écrit notamment par le talentueux FloBer, créateur — entre autres — de l’inénarrable Floodcast, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est une comédie sérieuse qui rend un hommage sincère aux films d’aventure, avec beaucoup d’humour mais sans parodie outrancière. Ses auteurs ont su trouver l’équilibre juste et c’est la bonne surprise de cette rentrée.
L’Innocent de Louis Garrel (sortie en salle le 12 octobre)
Avec La Croisade, réalisé en 2021, Louis Garrel trempait un orteil timide dans la comédie. Avec L’Innocent, présenté en séance spéciale à Cannes cette année, il plonge avec assurance dans le grand bain et réalise une des meilleures comédies de l’année.
Aux côtés de Roschdy Zem, Anouk Grimberg et Noémie Merlant — une révélation insoupçonnée dans le registre de la comédie — Louis Garrel endosse également le rôle principal, celui d’Abel, fils unique et désespéré de voir sa mère se marier pour la troisième fois avec un homme rencontré dans la prison où elle donne des cours de théâtre. Celui qui prétend avoir raccroché les gants du banditisme va finalement embarquer son beau-fils dans un ultime braquage. L’objet du désir : une livraison de caviar. Parfaitement rythmé et très drôle, L’Innocent sait également émouvoir aux larmes grâce à une scène d’une intensité émotionnelle et d’une maîtrise rares.
Le Petit Nicolas d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre (sortie en salle le 12 octobre)
Le film que méritait l’œuvre culte de Sempé et Goscinny — on ne dit pas que les adaptations en live action ne sont pas à la hauteur des bouquins, mais bon, vous avez l’idée. L’animation sublime du duo de cinéastes cherche à retrouver la véritable patte de Sempé et le récit mêle l’histoire de la création du célèbre personnage et histoire du Petit Nicolas. On y voit deux génies en action, leur amitié, on en apprend plus sur la vie du discret Sempé, et bien plus.
Un petit chef-d’œuvre, qui a marqué la dernière édition du Festival d’Annecy, pour tous âges.
Bros de Nicholas Stoller (sortie en salle le 19 octobre)
C’est à un trio de choc que l’on doit Bros, vendu comme la première comédie romantique gay destinée à un public adulte et produit par un gros studio hollywoodien : le boss de l’humour américain Judd Apatow à la production, le réalisateur de Forgetting Sarah Marshall à la réalisation et Billy Eichner (American Horror Story) à l’écriture du scénario, qui endosse également le rôle principal. Le fruit de leur collaboration est une réussite.
Billy Eichner est Bobby Leiber, un podcasteur qui se voit proposer l’écriture d’une comédie romantique sur un couple homosexuel. En filigrane, se dessine une autre histoire, celle bien réelle d’un adulte gay et célibataire d’aujourd’hui, qui essaie de composer avec l’amour, le sexe et l’engagement à l’ère de Grindr. En s’éloignant des histoires d’amour LGBTQ+ très souvent tragiques, Bros sait être à la fois drôle et doux, montre du sexe gay explicite mais réaliste et propose un happy ending qui ravira les amoureux de l’amour.
Méduse de Sophie Levy (sortie en salle le 26 octobre)
Il est toujours fascinant de regarder des premiers longs-métrages. Un premier film est rarement parfait, mais s’y dégage toujours une sincérité déconcertante — après tout, quand on fait un film, on ne sait jamais si on en fera un autre et on mise tout dessus. C’est le cas de Méduse, histoire assez simple de deux sœurs dont l’une est hémiplégique et muette suite à un accident de voiture et de son petit ami qui va se rapprocher de la deuxième. Une histoire de jalousie, d’amour, d’envie de sortir de son cocon, qui impressionne à bien des égards.
L’Évadé : l’étrange affaire Carlos Ghosn (sur Netflix le 26 octobre)
L’histoire de l’évasion de l’ancien patron de Renault-Nissan, accusé d’abus de bien sociaux (entre autres) , qui a quitté le Japon pour le Liban en voyageant dans une valise (!), méritait bien un documentaire Netflix. Même si l’on craint que la crapule soit présentée comme un gentilhomme, il reste que ce fait divers qui avait beaucoup fait parler à l’époque — il y a trois ans, pas plus — est assez dingue. Donc on a un peu hâte et vous devriez aussi.
Wendell and Wild de Henry Selick (sur Netflix le 28 octobre)
Le papa de L’Étrange Noël de Mr. Jack, James et la Pêche géante ou encore Caroline, maître de l’animation stop-motion, de retour, chez Netflix, avec un scénario co-signé par Jordan Peele (Get Out, Us, Nope) ? C’est un grand oui.